mercredi 16 septembre 2015

[Chronique] Slayer - Repentless

Quand je vous disais récemment que certains gros groupes n'avaient pas sorti un bon disque depuis 25 ans, j'aurais pu rajouter Slayer à la liste, et non, divine Intervention n'était pas un très bon disque.
Bref, ça fait 25 ans que Slayer capitalise sur ses classiques allant de Show no Mercy à Seasons in the Abyss, cinq albums pour l'histoire, plus ou moins intouchables, et l'on sait pertinemment qu'on aura plus jamais un Slayer de ce niveau, ce qui n'empêche pas les fans de continuer à acheter leurs disques foireux, du Merch, et à se rendre en concert, même si sur ce point-là, les dernières tournées américaines du groupe étaient loin d'afficher complet et on était plus proche de la débandade que du triomphe, Slayer vieillit, sort des disques médiocres comme les fonctionnaires du Thrash qu'ils sont devenus, continuant juste parce que financièrement ils s'y retrouvent encore et que ce sera quand même bien con de fermer une entreprise qui fait encore des bénéfices.

Des bénéfices dont n'a pas dû voir la couleur ce bon vieux Dave Lombardo puisque ce sont les problèmes financiers qui l'ont pousser à partir, ajoutons à ce départ que l'alcoolisme a eu la peau de Jeff Hanneman, et on se retrouve avec un Slayer réduit à King et Araya, dans cette situation, après la perte de deux membres fondateurs, n'importe quel groupe aurait contempler l'idée de mettre la clé sous la porte, mais pas Slayer, faut pas déconner quand même, y'a une entreprise à faire tourner et l’attrait d'ultimes cash-grabs avant la quille était surement trop fort, business is business.

C'est donc sans surprise Paul Bostaph qui a repris la place de Lombardo, comme il l'avait déjà fait en 92 et en 97, on imagine bien que le type est ici considéré comme un employé probablement beaucoup moins gourmand financièrement que Lombardo, et on retrouve l'Exodus Gary Holt en lieu et place d'Hanneman... pour la scène tout du moins, puisque la participation de Holt sur ce nouvel album sera particulièrement maigre et se résumera à jouer quelques solos, ouais, Repentless, c'est l'album de King et d'Araya, point barre, et King (qui a tout composé en fait) n'allait surement pas laisser Holt apporter de bonnes idées dans la composition de l'album, c'est ainsi, les bonnes idées chez Slayer, c'est pas vraiment le genre de la maison, et ce n'est pas après plus de vingt ans d'albums indignes que ça va commencer.

Privé de ce qui était globalement son seul membre un tant soit peu créatif, Jeff Hanneman, King ne s'est pas trop fait chier avec la composition de Repentless, et on sent très vite que ce qu'il reste du groupe n'a qu'un seul but, faire l'album le moins mauvais possible, tenter par tous les moyens de s'accrocher à la formule classique du groupe, et quand on veut faire l'album le moins mauvais possible, ça nous donne une espèce de South of Heaven au rabais, ce n'est pas très engageant, mais c'est en fait pire que ça, Repentless, c'est God Hates Us All sans le sentiment d'urgence qui accompagnait ce dernier, ouais, c'est mou à ce point-là.

Repentless, c'est en quelque sorte l'histoire de quinquagénaires tentant par tous les moyens de sonner dur et violent alors qu'il n'y a plus rien dans le réservoir, partant de là, on ne va pas aller loin et on va se retrouver en panne sèche dans le désert artistique que constitue cet album, recyclage et auto-parodie, pour un ensemble forcé à l'extrême jusqu'au ridicule, la vieillesse est un naufrage et Slayer ressemble de plus en plus à un Titanic du Thrash, Repentless étant un canot de sauvetage avec deux petits vieux qui vont ramer pour essayer de sauver ce qui peu encore l'être.

Vu que Slayer veut à tout prix en faire des caisses pour démontrer qu'il est toujours dangereux et br00tal, ça va commencer, suivant une introduction pas trop vilaine, par un éponyme en mode classique et frontal qui contient globalement ce que le fan de base attend du groupe, plus speedé, Slayer applique sa recette, les soli sont Slayeriens, Araya gueule comme un con des lyrics bien cons sans parvenir à retrouver sa verve d'antan, mais au moins il essaie, ce genre de morceau, c'est la base du bon gros filler à la Slayer, enfin, ce qui aurait été un titre de remplissage il y a trente ans est désormais un titre d'ouverture, difficile de faire plus banal et quelconque pour débuter un album, le pire, c'est que ça restera surement comme le meilleur titre de la galette

Slayer ne sera en 2015 capable que d'une chose, vainement tenter de refaire en moins bien ce qu'ils faisaient il y a plus de vingt-cinq ans, et on va atteindre un niveau de médiocrité assez insensé pendant la quarantaine de minutes que va durer cette purge, Vices et Take Control son assez révélateurs de la nullité ambiante et du manque flagrant d'envie qui se dégagent de l'album, Slayer en mode Power Thrash groovy donnant l'impression que King a directement piqué des riffs à Machine Head, et que dire d'un Implode qui est une sorte de morceau de Punk joué par des vieillards séniles, avec des lyrics à la maturité digne d'un gamin de quinze ans, d'ailleurs en parlant de Punk, Atrocity Vendor aura au moins pour lui de certaines velléités d'agression sonore, de même que You against You malgré un départ ultra poussif.

Il faut également souligner une chose, Paul Bostaph est un bon batteur, mais on a quand même largement perdu au change suite au départ de Lombardo, qui lui aussi était une des forces créatives du groupe, Bostaph est plus linéaire, plus basique, c'est peut-être pour ça que pas mal de morceaux sonnent comme des titres de Groove Thrash bas-de-gamme, suivant souvent passivement les riffs de King, rien n'est franchement mémorable dans sa prestation, rarement entendu une batterie aussi peu imaginative que sur Pride in Prejudice, surement le morceau le plus médiocre de tout l'album, et dans le genre poussif à la limite du foutage de gueule, on a également Piano Wire, à la base un truc d'Hanneman qui a été retravaillé par King, et c'est le bordel, on dirait que Slayer a pris plein de trucs disparates pour les rassembler en un patchwork de moins de trois minutes qui ne ressemblent à rien.

Vous allez me dire que même si Slayer n'est plus capable de composer de gros brûlots Thrash qui déménagent, ils sont peut-être encore capable de balancer des pièces plus lourdes et sombres comme avant, car après tout, c'est un peu une tradition pour le groupe... hahaha naïfs que vous êtes, même ça ils le ratent, et dans les grandes largeurs en plus, jamais entendu un Araya autant à la ramasse sur Cast the Fire Stone, linéaire, lent, mou, et sans aucune atmosphère, et ce sera encore pire sur When the Stillness Comes, quelle purge, Slayer n'est même plus capable de composer une pièce lourde et malsaine, et c'est d'ailleurs assez flagrant sur l'album, il n'y a aucune atmosphère particulière, aucune ambiance glauque, Slayer fait dans le recyclage basique sans âme, comme si se contenter de piquer des plans entiers dans ses vieux albums allait suffir à en faire un bon disque, alors ouais, ça sonne comme du Slayer, personne d'autre ne sonne comme eux, mais du mauvais Slayer, du slayer en bout de course qui se galère comme jamais du début à la fin.

Des clichés, une avalanche de clichés, d'un Slayer arrogant qui croit que leurs seules présences suffira à en faire un bon disque, rien à branler de composer de bons titres, rien à foutre des atmosphères, et pour l'inspiration, va te faire enculer, tu voulais un nouveau Slayer, tu l'as, maintenant achète-le, en édition limitée super chère, pense à te prendre du Merch et vient au concert où t'auras tout le loisir de te faire chier devant une prestation statique où en mode fonctionnaire on expédiera les classiques mécaniquement, consomme et ferme ta gueule, on est une légende.
Slayer est un business, et ce nouvel album est une excuse pour te vendre du nouveau merch et pour repartir en tournée, cash-grab éhonté basé sur un album une fois de plus indigne, il serait temps de plier boutique et d'arrêter cette mascarade, mais que voulez-vous, y'a un commerce à faire tourner, et pour l'instant, le groupe est économiquement encore trop profitable pour arrêter, en espérant que ce disque soit le dernier, oublions cette daube (ainsi que les autres), et souvenons-nous plutôt du grand groupe que Slayer a été, la vieillesse est un naufrage...

Track Listing:
1. Delusions of Saviour  01:55
2. Repentless  03:20
3. Take Control  03:14
4. Vices  03:32
5. Cast the First Stone  03:43
6. When the Stillness Comes  04:21
7. Chasing Death  03:45
8. Implode  03:49
9. Piano Wire  02:49
10. Atrocity Vendor  02:55
11. You Against You  04:21
12. Pride in Prejudice  04:14