Decapitated, c'est 4 albums géniaux de Death Metal entre 2000 et 2006, et aussi un groupe brisé en 2007 sur une route russe quand leur tour bus percuta un camion, tuant le batteur Vitek et plongeant le chanteur Covan dans le coma.
Malgré tout, le guitariste Vogg, le frère de Vitek, ne lâche pas l'affaire et nous livre donc en 2011 un nouvel album, Carnival is forever, avec un line-up tout neuf.
Et franchement, il aurait mieux fait de s'abstenir...
Car malgré toute la sympathie que l'on peut éprouver envers les Polonais et ce qui est arrivé à Vogg, il faut bien se rendre à l'évidence, cet album est un ratage complet.
Enfin, c'est plus compliqué que cela, cet album n'est pas un mauvais disque de Death Metal, Carnival is forever n'est globalement pas un disque de Death Metal.
Déjà en 2006, avec Organic Hallucinosis, les polonais avait déjà fait évoluer leur recette, mais tout en restant dans un death metal de haute volée, avec du groove en plus, même Covan s'en sortait bien au niveau du chant, dans un registre moins Death que Sauron (présent sur les 3 premiers disques).
L'album commence par deux titres structurés de la même manière, The Knife, et United, riffs hachés, assez répétitifs, c'est brutal mais de manière assez polie, avec un chant qui lorgne du côté de Jens Kidman, d'ailleurs ces deux morceaux font penser à du Meshuggah, mais attention, du Meshuggah pour fainéant, sans inspiration, c'est direct, mais sans trop d'idées, les riffs sont plats, les solos ne sont pas géniaux, et la production très clean et trop clinique n'aide vraiment pas.
Ça se laisse écouter poliment, et on se demande où est passée la brutalité de la musique de Decapitated, les structures bizarres, les soli de furieux, et la voix gutturale de Sauron me manque, même si la voix du petit nouveau colle bien à cette musique-là.
Et le drame, c'est que tout au long des 8 titres de l'album (7 en fait, le dernier, Silence, n'est qu'une sorte d'outro inutile), Vogg va nous resservir la même soupe tiède avec ses riffs qui tournent en rond jusqu'aux confins de l'ennui, notamment un titre éponyme de près de 9 minutes d'une platitude absolue, avec son long break qui ne sert à rien, ou encore le très poussif A view from a Hole.
Difficile de sortir un titre en particulier, tant l'ensemble est homogène dans sa banalité, peut être United sort-il vaguement du lot, les riffs sont dans l'ensemble très lourds, massifs, mais on s'emmerde.
Ce Carnival is Forever est creux et ne va nulle part, un sentiment renforcé par cette production froide et impersonnelle, l'ensemble manque d'audace et d'idées, même si bien sûr, c'est techniquement bien foutu, Vogg sait jouer, mais n'a pas une seule bonne idée sur cette galette, le nouveau batteur s'en sort avec les honneurs, sans faute de goût mais également sans génie, en blastant comme un furieux, par contre, j'ai vraiment du mal avec le chant, que je trouve pénible et monotone.
En conclusion, ce cinquième album de Decapitated est une déception, une de plus cette année, manque d'ambition, manque d'inspiration, compositions faiblardes, il n'y a pas grand chose à sauver ici.
Les kids pas trop regardant qui adore le death-machin-core et Messhuggah vont surement aimer...
2 / 5