lundi 8 août 2011

[SW] Noctem - Oblivion


On ne peut pas dire que l'Espagne soit une terre accueillante pour le black metal, question de culture, voir de climat, mais malgré tout, on y trouve quelques pépites, il suffit juste de bien chercher et de bien gratter la couche de paella cramé au fond de la marmite, je vous avais déjà parlé des catalans de Vidres a la Sang cette semaine, cette fois-ci, nous allons un peu plus au sud, à Valence, où une bête venue des enfers terrorise la population locale, Noctem.

Formé en 2001, c'est en 2009, après quelques demo autoproduites, que les valenciens se font remarquer avec leur excellent premier effort, Divinity.
Mélange de black et de death, ultra-brutal et d'une violence insensée, Noctem apparaissait comme le Behemoth espagnol, avec également un certain goût pour la violence graphique, visible sur les 3 (!) vidéos du groupes sorties pour promouvoir Divinity: Under seas of Silence, Across Heracles towards, et surtout Divinity.
Bon, c'est bien joli de se déguiser et de jouer les vampires, encore faut-il assurer musicalement, c'est ce que nous allons voir avec ce deuxième album, sorti cette année, Oblivion.
Comme d'habitude dans ce genre de production, on a droit à Popol Vuh, la traditionnelle intro qui ne sert pas à grand chose, avant que The arrival of the false gods ne viennent vous arracher les tympans.
Putain, ça tabasse sévère, le groupe envoie du gros dans ta gueule, batterie triggé à mort, riffs assassins, soupçon de mélodie, solo, chant de boucher, le titre est très brutal, très Mardukien dans son approche rentre-dedans, une excellente entrée en matière.
Le titre suivant, Universal Disorder, est un poil différent, c'est certes toujours très brutal, mais lorgnant cette fois-ci du côté de Behemoth, surtout dans les rythmes, très mécaniques et martiaux.
Ces 2 titres définissent assez bien le style de Noctem, du Black certes, brutal comme Marduk, la froideur clinique d'un Behemoth, mais aussi une bonne louche de Death Metal à la Kataklysm, pour un résultat qui n'est du tout une copie, car Noctem, en élève doué qui ne tombe pas dans le piège de la brutalité gratuite, arrive malgré tout à imposer son sens mélodique au mileu de ce déluge de haine et de violence.
L'alchimie fonctionne globalement sur tous les morceaux, Invictus propose un petit break bienvenu, on appréciera également les claviers de Unredemption, qui apporte vraiment un plus, et il faut noter le travail énorme des deux guitaristes, qui en dehors de proposer de véritables murs sonores tout en restant mélodique, se font également plaisirs sur les nombreux solos qui émaillent l'album; Egalement remarquable, la basse est parfaitement audible, un exploit dans cet enchevêtrement de riffs et cette batterie dévastatrice.
Ce qui nous amène à parler de la production, claire et précise, tout est parfaitement audible, le chant est bien mixé, aucun élément ne prend le dessus sur un autre, et c'est justement ici que je dois avouer un petit défaut.
En effet, le seul problème de cet album, c'est peut être justement cette production trop propre, surement trop clinique, rendant l'ensemble vraiment très froid et mécanique, sans aspérités, j'aurais préféré quelque chose d'un peu plus organique, de moins lisse, c'est dommage, car le groupe fait beaucoup d'efforts pour varier sa musique mais ce type de son fait parfois l'effet inverse en rendant la violence du propos parfois stérile.

Malgré tout, cet Oblivion est une franche réussite, c'est Brutal, très violent, et en même temps très mélodique et presque accrocheur.
En dehors d'une production un peu stérile, le groupe développe une vraie personnalité et réussit à se démarquer de ses modèles, en proposant un Black/Death varié et intelligemment composé, le résultat et bluffant et dévastateur.

Violent, Malsain, très recommandable.
3.5 / 5


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Bonus Spanish Week

Il faut bien avouer que Noctem est un peu seul dans le créneau du Black en Espagne, ce n'est vraiment pas leur truc, il y avait Vidres a la Sang, il y a aussi The Art of Blasphemy, même si je ne sais pas si ce groupe est encore actif, et il y a avait surtout les Barcelonais de Asgaroth, auteurs de trois albums avant de splitter, Trapped in the Depths of Eve (1997), Absence spells Beyond (1999), et Red Shift en 2002.