Le Metal actuellement n'en fini plus de revisiter son glorieux passé (et accessoirement de le piller), le Old school est à la mode, on a eu la vague ReThrash, qui heureusement se termine dans l'indifférence quasi-générale, le retour en force du Death old school, le Glam, et bien sûr, dans la lignée de Ghost, toute une série de groupes ayant décidé de piller encore au-delà des années 80 en tapant directement dans les 70's, ce n'est donc pas étonnant si depuis quelques années des petits malins tentent d'exploiter le filon de la nostalgie en reprenant à leur compte le Heavy Metal classique des eighties (Battle Beast par exemple), on sait jamais, sur un malentendu, ça peu marcher.
Les groupes sont de plus en plus obsédés par le passé, les labels aussi, vu qu'ils les signent, comme si personne ne voulait vraiment regarder droit devant et embrasser l'avenir (Le Djent aurait pu mais se retrouve désormais sclérosé et incapable d'aller plus loin), la peur de l'inconnu? ou peut-être est-ce tout simplement beaucoup plus simple de recycler que d'inventer.
White Wizzard, c'est le représentant type de ce Metal Instagram, un recyclage total des années 80, sans idées nouvelles, joués par des p'tits jeunes nostalgiques d'une époque qu'il n'ont en fin de compte pas connu, un retour en arrière vers un pseudo âge d'or idéalisé comme un refuge confortable où tout semblait plus facile, avec comme credo c'était mieux avant.
Le Metal neo-vintage de White wizzard ne va évidemment pas bien loin, composé à 60% d'Iron Maiden, 30% de Judas Priest, et 10% de Manowar pour les paroles débiles (pourcentages à la louche sans aucune méthodologie précise), pour un groupe sans aucune personnalité se contentant d'appliquer de très vieilles recettes sans jamais véritablement s'approprier les codes pour en faire quelque chose de nouveau.
Le principal problème du combo américain, c'est que The Devil's Cut est déjà leur troisième album, un jeune groupe débarquerait avec ce disque, on serait enclin à trouver ça mignon, en imaginant que ce n'est qu'un début et que le groupe trouvera sa voie et sa propre personnalité (c'est d'ailleurs ce que je pensais de leur premier album, Over the Top), le problème ici, ce qui est réellement impardonnable, c'est que cela fait donc la troisième fois que White Wizzard nous fait le coup de la resucée passéiste, ce qui veut dire que les gars n'ont absolument pas l'intention d'aller plus loin que ça, une non-évolution palpable depuis le premier album que je trouve gênante et rédhibitoire, déjà que leur musique est loin d'être fraîche, alors imaginez un groupe de recycleurs étant déjà à court d'idées, un peu comme si ce groupe avait déjà dépassé la date limite de consommation.
Ne vous méprenez pas, The Devil's Cut n'est pas mauvais, il est même plutôt bon, assez fun, et fonctionne comme une madeleine de Proust, un peu de la même manière qu'un album de ReThrash, aucune idée nouvelle, que du recyclage, mais une qualité technique chez les musiciens largement supérieure aux standards des eighties, ce qui fait de ce genre d'album un disque bien au-dessus de ce qui sortait à l'époque, en dehors de ça, circulez, y'a rien à voir, c'est du Vintage sans intérêt qui s'écoute facilement et qu'on oublie assez vite, qui donne surtout envie de ressortir les vieux classiques du placard.
White wizzard propose du vieux avec toute une technicité moderne, une batterie de dingue, de la basse qui galope et qui joue en harmonie avec un fantastique duo de guitaristes, je n'ose même pas imaginer ce que cela aurait pu donner si les gars s'était donner la peine de composer des titres de Heavy Metal moderne, mais non, on joue la carte vintage à outrance et on tombe dans le piège de la simple copie, seul le chant est peut-être un peu en dessous, je le trouve un poil banal, même si les refrains sont vachement accrocheurs la plupart du temps, dommage cependant que l'on doive se taper des paroles dignes du pire du pire de chez Manowar (Forging the Steel, Strike the Iron, Kings of the Highway...).
Le groupe propose donc un peu de tout ce qui faisait de mieux à l'époque, en bouffant naturellement à tous les râteliers, où Iron Maiden se fait souvent violer et où les références sont très très nombreuses, comme des easter eggs disséminés sur tout l'album, l'intro balade glam de Steal your mind ou encore les chœurs à la Blind Guardian qui reviennent de temps à autre, malheureusement, aucun titre de l'album n'est inoubliable, on est au mieux dans le banal, Torpedo of Truth, au pire dans la médiocrité absolue, Storm Chaser et ses paroles pourries à la Poison, un album duquel on ne retient pas grand chose, à part un sentiment de gâchis quand on voit de quoi ils étaient capables sur le premier album, ici le groupe plafonne et tourne en rond, trop à l'aise dans un Heavy Metal classique qu'il maîtrise surement trop bien, avec un groupe qui ne prend aucun risque avec sa musique, pire, j'ai presque le sentiment qu'ils ont régressé par rapport au premier album, qui avait au moins le mérite d'être accrocheur...
Malgré un niveau technique ébouriffant, The Devil's Cut ne risque pas de marquer les esprits cette année, tant la musique pratiquée ici est effroyablement banale et un peu molle, une technique impeccable mise au service de compositions de feignasses et passéistes, White wizzard manque de folie et d'ambition, se contentant d'appliquer les vieilles recettes, de dérouler tous les poncif du genre, pour une tambouille qui pue le réchauffé à des kilomètres.
Un groupe de Neo-vintage de plus, nostalgique d'une époque révolue, White Wizzard arrive surement trop tard, et comme le disait Bernie, le temps perdu, on ne le rattrape plus, un troisième album qui réussi le tour de force d'être encore moins bon et moins inspiré que le premier, alors on recycle, on tourne en rond, et au final, on ne va nulle part...
Plat, banal, sans personnalité...
Track Listing:
1. Forging the Steel
2. Strike the Iron
3. Kings of the Highway
4. Lightning in My Hands
5. Steal Your Mind
6. The Devil's Cut
7. Torpedo of Truth
8. Storm Chaser
9. The Sun Also Rises