vendredi 8 mars 2013

[Chronique] Soilwork - The Living Infinite


J'aime Soilwork, voilà, c'est dit, depuis le début, vous pouvez même me traiter de fanboy si ça vous amuse, j'assume totalement, même s'il faut bien avouer que parfois, ce n'est pas évident, et que certains albums ont mis ma foi envers le groupe à rude épreuve, Stabbing the drama, un peu, mais c'est surtout Sworn to a great Divide, premier disque sans Peter Wichers, qui m'avait mis un sérieux coup au moral, heureusement, The Panic Broadcast avait bien redressé la barre en 2010, avec un Wichers de retour au bercail.
Que les choses soient claires, je ne fais pas parti de ceux qui ont chié sur le groupe quand celui-ci a pris un virage beaucoup plus mélodique (certains diront commercial) avec le génial (c'est mon avis) Natural Born Chaos, et le un poil moins bon Figure Nunber five, ce dernier entérinant la nouvelle orientation des suédois,et  à partir de là, c'était clair, Soilwork n'allait jamais revenir au son de ses trois premiers albums, par ailleurs très largement influencés par At the Gates, ce qui n'est pas un défaut en soi.
Malgré tout, il faut bien se rendre à l'évidence, Soilwork est devenu un groupe qui applique sa formule, ni plus, ni moins, Riffs Thrashy/Melodeath directs et efficaces, orchestrations pour relever la sauce, et bien sûr, la formule classique au niveau du chant avec les gros refrains pop en chant clair.
Partant de constat, les attentes concernant The Living Infinite n'étaient pas très élevées, Soilwork allait faire du Soilwork... et rien de plus? oui et non, et à défaut de grandeur et d'un album qui mette tout le monde d'accord, celui-ci a au moins le mérite d'être encore meilleur que son déjà très bon prédécesseur, The Panic Broadcast, ce qui est déjà pas mal...

Il y avait pourtant de quoi être un peu inquiet avec ce nouvel album, car pour la seconde fois, Peter Wichers s'est fait la malle, d'ailleurs, je n'ai jamais compris pourquoi il était revenu, dans la mesure où la cause de son premier départ était un manque d'enthousiasme pour les tournées et la vie sur la route, il était évident que le problème allait de nouveau se poser.
Bref, c'est donc David Andersson, qui jouait sur l'album de Night Flight Orchestra (Side-project de Björn Strid), à qui revient la tâche d'épauler le français Sylvain Coudret à la six cordes, et autant vous le dire tout de suite, c'est une bonne pioche, car le duo s'entend à merveille et l'on reconnait sans peine le trademark Soilwork dans les riffs.
Pour son neuvième album, Soilwork a vu les choses en grand, puisque c'est d'un double album dont il s'agit, un choix plutôt couillu au vu du marché de la musique actuellement, qui est tout à leur honneur (même si le bestiau vous coûtera environ 15-16€, soit le prix normal d'une nouveauté Nuclear Blast en édition limitée avec un CD ou DVD bonus), pas de concept en particulier, même si l'océan semble être à l'honneur quand on s'attarde un peu sur les paroles.
Evidemment, un double album proposant vingt titres pour une durée totale de 84 minutes, ça fait un peu peur quand on connait la propension de Soilwork à proposer sur ses derniers albums de nombreux fillers et/où titres foireux entre deux brûlots Melodeath, et on ne va pas se mentir, c'est le cas ici, surtout sur le second disque, en parlant de ça, on note une réelle différence entre les deux galettes, la première est plus classique, bien plus agressive (pour ne pas dire bandante) que la seconde, qui voit le groupe se perdre un peu dans des titres un peu mou du genou, même si certaines accélérations salutaires viendront sauver tout ça du naufrage.
Une facette agressive qui rentre souvent dans le tas, et une autre plus atmosphérique, presque progressive par certains aspects, voilà ce qu'est The Living Infinite, mais une dichotomie somme toute assez relative car Soilwork demeure malgré tout plutôt cohérent dans sa démarche et son propos, en proposant pas mal de diversité entre les titres.

Le premier disque démarre donc très fort et va se charger de nous rassurer sur la capacité de Soilwork à survivre sans son guitariste fondateur, car Spectrum of Eternity est une grosse bombe Melodeath typique du Soilwork moderne, le son est monstrueux (un peu surproduit, comme d'habitude...), la batterie claque bien, avec un Dirk Verbeuren qui se lâche toujours autant en en faisant surement un peu trop, les riffs sont acérés, le solo est classe à souhait, et bien évidemment, on retrouve cette alternance entre chant crié et les fameux refrain pop ultra catchy de Speed, le genre de titre bourrin, accrocheur, que j'aime chez Soilwork, et il y en a d'autres sur cette première partie, comme This momentary Bliss, Realm of the Wasted, ou encore le hargneux Let the first wave rise expédié en moins de trois minutes.
Diversité oblige, Soilwork alterne entre titres bourrins et les titres plus heavy, plus mélodiques aussi, avec des fortunes diverses, car la faute de goût intervient bizarrement dès le second titre, et un Memories Confined qui représente tout ce que je n'aime pas, le genre de titre heavy lourdingue qui ne va nulle part, absolument pas fun à écouter, que je zappe systématiquement, de la même manière, The Living Infinite I à tendance a errer quelque peu, pas mauvais malgré tout, car certains passages sont assez bluffant. (Ce qui sera récurrent avec les titres que l'on qualifiera de moyens tout au long de l'album, il y a toujours un passage qui rehausse d'un coup le niveau, empêchant les titres d'êtres des daubes)
Heureusement, le reste est bien plus sympa, Tongue est bien fun, diversifié, avec un passage atmosphérique pas dégueulasse précédant une bonne accélération finale, Vesta bénéficie de délicieux arrangements acoustiques, et The Windswept Mercy, bien que commençant par un refrain radio friendly à mort va évoluer progressivement vers un passage ultra heavy redoutable d'efficacité.
Même si cette première partie s'achève sur un Whispers and Lights bizarre et un peu décousu, on arrive à mi-parcours plutôt rassuré, avec un Soilwork qui fait ce qu'on attend de lui, pas de révolution, mais l'application de sa formule classique, certains diront un peu clichée, avec des titres fun et divertissants, catchy, parfois bourrins, mais avec toujours des arrangements classieux et ce sens du tube efficace.

C'est en fait sur le deuxième disque que la tension va retomber, avec un nombre effroyable de fillers et/ou de titres mélodiques pas toujours réussis, Soilwork perd un peu de son efficacité et nous sert un paquet de titres moyens, même si quelques uns valent vraiment le détour, car le groupe attaque fort avec, après un Entering Aeons en guise d'intro un poil longuette, un Long live the Misanthrope au refrain imparable et au solo génial, ça bourre, c'est catchy, mélodique, un peu à l'image de ce Leech plutôt jouissif qui défonce, et en ce qui concerne les titres mélodiques qui fonctionnent, le single Rise Above the Sentiment est plutôt réussi, pas spectaculaire mais solide dans son genre.
Par contre, le reste n'est franchement pas aussi réussi, des titres comme Drowning with silence, Antidotes in passing, ou Parasite Blues n'ont pas grand chose de mémorables et sont juste passables, alors que The Linving Infinite II et Loyal Shadow montrent la face la plus atmosphérique/Progressive de Soilwork, et ce n'est pas vraiment ce qu'ils font de mieux, on s'y ennuie presque à leur écoute, un peu comme sur ce dernier titre, Owls Predict, Oracles stand Guard, assez long et un poil chiant, 

Il est donc là le problème, The Living Infinite est un disque bien trop long, et inutilement surchargé en titres moyens, ce qui est bien dommage, car si Soilwork s'était limité à une grosse douzaine de titres parmi les plus forts, l'album aurait été une vraie tuerie.
Seulement voilà, des titres, il y en a vingt, sans vraiment de daubes à proprement parler, mais avec de nombreuses longueurs qui font que le groupe perd progressivement de son efficacité, principalement sur le deuxième disque, même si malgré tout, on remarquera une certaine consistance tout au long de ses 84 minutes de musique, l'ensemble se révèle à la longue tout à fait cohérent, mais avec des hauts et des bas.
Soilwork propose quand même une flopée de bons titres, pas de titres géniaux, non, mais de bonnes chansons, fun, divertissantes, et assez intéressantes malgré des structures classiques, car après tout, Soilwork applique une formule connue, sans surprises donc, qu'il maîtrise totalement, l'ensemble est catchy, souvent direct, et la production est excellente, rendant audible tous les instruments et les arrangements de Sven Karlsson.
The Living Infinite est surement ce que Soilwork a fait de mieux depuis une petite dizaine d'années, une sorte de progression naturelle en forme de synthèse des trois derniers albums, pour un groupe qui prouve encore qu'il a envie d'en découdre et n'a pas dit son dernier mot, dommage qu'il soit trop long et que certains titres font figure de remplissage, je me répète, mais avec six-sept titres en moins, dans un format plus resserré, on aurait eu droit à une tuerie, ce qui n'est pas le cas ici, on a juste un très bon disque de Soilwork, ce qui est déjà pas mal...

Très bon cru, mais trop long...
3.5 / 5