lundi 4 mars 2013

[Chronique] Darkthrone - The Underground Resistance


Groupe culte de la scène Black norvégienne, Darkthrone a toujours divisé (je parle musique hein, je ne dirai rien sur l'idéologie nauséabonde qui leur a longtemps collé aux basques..) , même si on peut presque affirmer que trois albums mettent à peu près tout le monde d'accord, avec le trio A Blaze in the Northern Sky, Under a Funeral Moon, et Transilvanian Hunger, notons l'emploi du "presque", car je suis persuadé qu'on trouve encore des gens traitant les norvégiens de vendus pour avoir abandonner le Death originel pour se lancer dans le Black, le genre à la mode de l'époque.
Je suis un bon client de ces trois albums, que je considère moi-même comme culte et assez représentatif du Black norvégien du début des années 90, malheureusement, le reste de la discographie de Darkthrone n'a franchement jamais été à la hauteur par la suite, Panzerfaust peut-être, ou Hate Them? Bof, une discographie alternant albums moyens et grosses bouses, qui voyaient surtout un Darkthrone en pleine mutation, abandonnant progressivement le Black Metal pour un mélange Black/Punk crasseux, pas vraiment ma tasse de thé.
Bref, je n'ai pas aimé les derniers albums du duo, Dark Thrones and Black Flags et Circle the Wagons, pourtant, il y a bien une chose que j'aime avec le Darkthrone récent, c'est cette capacité à se foutre ouvertement de la gueule de leurs fans, glaviot en pleine face et majeur fièrement dressé, Fenriz et Nocturno culto n'en ont clairement plus rien à foutre de ce que pensent les gens, une attitude nihiliste tout à fait respectable.
Mais c'est bien joli de nous faire l'historique du groupe, mais ce nouvel album alors? me direz-vous... et bien il est plus que moyen, comme prévu, mais pas dans le sens où je m'y attendais...

The Underground Resistance, c'est un peu l'album sur lequel Darkthrone ne va rien changer et en même temps modifier sa formule, paradoxal? pas tant que ça en fait.
On reste donc dans la continuité des deux albums précédents, sauf que cette fois-ci, la facette Heavy Metal du combo se retrouve accentuée, et surtout, surtout, la production du bouzin est plus que correcte, ce qui est quand même assez bizarre pour un groupe comme Darkthrone, dont l'une des particularité a toujours été d'avoir eu des prod de merde, ce qui était finalement assez logique et collait bien avec l'esprit Punk garage des des albums précédents, ici, tout est clean, presque trop, un peu raw bien sûr, mais du coup, cette production met en avant les structures faméliques et le manque d'idée du groupe tout au long de l'album.
En bons trolls qui n'en a plus rien à foutre, Darkthrone reste dans sa zone de confort, juste pour faire chier les vieux fans souhaitant un retour au Black Metal, et l'on se retrouve avec une bien maigre pitance Heavy/Thrash/Punk n' Roll qui va se révéler bien pénible à avaler, même si la musique se fait ici plus catchy (sic).
Fenriz et Nocturno culto sont donc toujours dans leur trip régressif minimaliste, sauf que cette fois-ci, après avoir usé toutes les grosses ficelles du Punk, les gaillards poussent encore plus loin dans le Heavy Metal à l'ancienne, et on tombe immanquablement dans le mélange entre Motorhead et Mercyful Fate, avec peut-être une touche de Bathory, comme sur Valkyrie, le deuxième titre, avec cette tentative de chant clair/viking à la Quorthon, qui donne une petite touche médiévale pas dégueulasse du tout, même si le chant est foiré, après tout, si il y avait un bon chanteur chez Darkthrone, ça se serait...
En fait, avec cette orientation plus Heavy Metal, Darkthrone signe surement son album le plus "dans l'air du temps", en plein dans cette mouvance neo-vintage de groupes revisitant le passé, de là à dire que ce soit une démarche volontaire du groupe de coller à la mode actuelle, il y a un pas que je ne franchirai pas, après tout, j'en sais rien, mais il faut bien avouer que cet album, et cette production plus accessible, tombe pile-poil au bon moment, surfant sur la vague old school, déjà que Darkthrone joui d'une certaine impunité suspecte de la part des chroniqueurs et des médias, et d'une hype démesurée à chaque sortie, The Underground Resistance n'a franchement pas grand chose d'Underground, justement, mais après tout, comme le disque est bricolé pour faire plaisir à des hipsters à barbes, je ne dois pas faire parti du public visé.
Alors que les quatre premiers titres sont assez courts, avec cinq minutes de moyenne, oeuvrant dans un Heavy Thrash cradingue, simpliste, même si bizarrement catchy, les deux derniers sont bien plus longs, Come Warfare, The entire Doom tape ses huit minutes, et surtout Leave No Cross Unturned dépasse allègrement les treize minutes, avec de très très nombreuses références à Mercyful Fate, que les gars semblent ici adorer.

The Underground Resistance, bien que très moyen et pas bandant du tout, est surement le meilleur album de Darkthrone depuis dix ans, le groupe nous proposant, sans génie, il faut bien l'avouer, une sorte de patchwork mêlant Thrash, Heavy, Punk, et une touche de Black dans les riffs (pour le coup, on ne peut pas enlever à Nocturno Culto cette capacité à pondre de bons riffs), mais à la limite, je préfère encore le dernier Aura Noir dans ce genre là.
Ce qui est dommage, c'est que justement, le meilleur disque de Darkthrone depuis un bout de temps ne soit que ça, une ressucée du passé, un album à la mode vintage sans grand intérêt mais collant à la trend actuelle consistant à revisiter les glorieux aînés, et à leur piquer deux-trois trucs au passage, ce à quoi semble en être réduit Darkthrone, et même si l'album s'avère en fin de compte assez audible (merci la production bien clean) et ma foi plutôt catchy dans l'ensemble (heureusement, ça ne dépasse pas les quarante minutes), on est toujours dans un trip régressif assez banal auquel le groupe nous a habitué, pas vraiment passionnant tout ça...

Trolls Norvégiens à la mode...
2.5 / 5