lundi 25 mars 2013

[Chronique] Hypocrisy - End of Disclosure


Hypocrisy est le genre de groupe qui ne nécessite pas une longue introduction, en plus de 20 de carrière, Peter Tägtgren et ses potes ont accouché d'une redoutable série d'albums avec une certaine constance dans la qualité, une série malheureusement entachée par une grosse sortie de route en 2002 quand le groupe a largué tout le monde avec le très Nü Metal Catch 22, un échec tel que Tägtgren décida de le retravailler pour le ressortir en version plus conforme aux attentes des fans.
Heureusement, le groupe s'est bien rattrapé depuis et a repris sa marche en avant, enchaînant des albums de Melodeath bien gouleyants, sauf que voilà, même si ça déchire, il faut quand même avouer que le groupe n'évolue plus vraiment depuis une dizaine d'année.
En fait, j'ai le sentiment que Peter Tägtgren ne se fait plus trop chier avec sa musique, que ce soit avec Pain, son projet Electro-Pop-Indus dont tous les albums se ressemblent, ou avec Hypocrisy, le Peter fait ce qu'on attend de lui, sans réelle volonté d'aller plus loin (après tout, quand il a tenté d'expérimenter, tout le monde a vomi en écoutant Catch 22...), et donc, sans surprise, End of Disclosure est dans la lignée de Virus ou de A Taste of Extreme divinity, et ne proposera pas grand chose de plus qu'un album de Melodeath bourrin, catchy, extrêmement bien produit, largement supérieur à la moyenne, un disque qui contentera tout le monde, même les plus vieux fans regrettant le Death pur et dur des débuts, c'est déjà pas mal, mais on était surement en droit d'attendre un peu plus après quatre ans d'attente...

Malin quand même le Peter Tägtgren, qui espace les sorties du groupe afin de se faire oublier et de ne pas trop lasser les fans, surement conscient que chaque album commence à se ressembler un peu trop, terminées les sorties d'album tous les deux ans, maintenant, c'est tout les quatre ans, afin de créer l'attente et l'envie chez le fan avide, par contre, quand le gaillard nous dit que End of Disclosure est l'album du retour aux sources, c'est de la connerie, comme tous les groupes qui nous font le coup en fait.
Ce qu'est en réalité End of Disclosure? un album en forme de Best of survolant plus ou moins l'intégralité de la discographie du groupe, avec bien entendu une propension plus prononcée à farfouiller dans les albums de la dernière décennie, un album donc très confortable, mais qui heureusement ne donne pas tant que ça l'impression d'une redite pure et simple, même si les emprunts sont assez nombreux, et que certains passages sonnent très familiers à l'oreille, bref, End of Disclosure, c'est comme retrouver un vieux pote que t'as pas vu depuis longtemps, il a pas trop changé, il a toujours les mêmes blagues, vous vous racontez toujours un peu les mêmes histoires, mais il est cool quand même et passer la soirée avec lui est toujours un bon moment.
Un album composé et exécuté par une bande de vieux briscards du Death qui connaissent leur affaire sur le bout des doigts, en plus de Tägtgren, le fidèle Mikael Hedlund est toujours là (la basse bien mise en avant sur The eye est d'ailleurs excellente), et bien sûr, il y a Horgh à la batterie, dont le style de jeu s'est toujours très bien intégré au son Hypocrisy, ce type n'en fait pas des tonnes, comme on l'entend souvent dans le Death moderne, mais putain c'est dingue comment ça tabasse, du groove et de une efficacité hors du commun.
L'efficacité est de mise avec End of Disclosure, neuf titres pour un peu plus de quarante minutes, pas de temps morts me direz-vous? faux, il y en a, quelques uns, et ça fait un peu chier, même si vous vous doutez bien qu'on va quand même se manger un paquet de brûlots Melodeath à la Hypocrisy.
Et dans le genre agressif, y'a de quoi faire, avec Tales of thy Spineless qui envoie le pâté et qui semble sorti de Virus, United we Fall qui tabasse, ou encore When Death Calls, comme quoi, même avec les années, les gars ne se sont pas calmés, du bien bel ouvrage qui devrait ravir les fans les plus bourrin du groupe.
En dehors de ça, les mid-tempo mélodiques vicieux et écrasant sont de rigueur, mais avec des résultats plus ou moins bons, le titre d'ouverture est notamment excellent, avec des sonorités assez proches d'un Fractured Millenium, un titre assez emphatique, efficace, avec de judicieux arrangements symphoniques, de même que ce The Return qui cloture l'album, long titre de Death écrasant voir même parfois atmosphérique par le biais d'orchestrations emphatiques.
The Eye et 44 double Zero sont de facture assez classique pour le groupe, un Melodeath sinueux, mélodique, le premier est d'ailleurs ultra catchy, et l'on notera un chant un peu plus thrashy de Tägtgren sur certains passages, dans des sonorités âpres qui se rapprochent parfois d'un Udo, en plus bourrin malgré tout, 44 double zero fait ici figure de bon vieux filler pas super intéressant et bien trop convenu.
Par contre, l'album à un gros coup de mou avec le duo Hell is Where I Stay - Soldier of Fortune en plein milieu de l'album, et tout d'un coup, Hypocrisy devient pénible et relou pendant une dizaine de minutes, au cours desquelles le groupe ralenti le tempo pour nous balancer du Death ultra écrasant qui a tendance à n'aller nulle part, pas du tout accrocheur et plutôt ennuyeux, c'est un peu dommage, et même si certains apprécieront ces titres, car après tout, ils sont plutôt bien charpentés et Heavy, je trouve qu'ils cassent quelque peu la bonne dynamique du disque, et nuisent à l'homogénéité de la galette...

Le Melodeath d'Hypocrisy est donc un long fleuve tranquille, et End of Disclosure est un petit disque sympathique de la part de la bande à Tägtgren qui n'apporte au final pas grand chose, c'est bien composé, super bien produit, en dehors du coup de moins bien vers la moitié du disque, on passe un très bon moment, seulement voilà, tout ça est plutôt convenu et classique, le trademark Hypocrisy est là, de même que le savoir-faire, mais jamais on est bluffé ou surpris pendant la quarantaine de minutes que dure la galette.
Du Hypocrisy en roue libre qui recycle un peu, qui donne à ses fans ce qu'ils veulent entendre, avec cette volonté de ne froisser personne, ni plus, ni moins, pas vraiment le meilleur album du groupe, on en est même plutôt loin, mais un album agréable qui ravira tout le monde et saura contenter les fans, malgré une certaine stagnation depuis quelques temps...

Du Hypocrisy efficace mais trop convenu...
3.5 / 5

Tracklist:
1. End of Disclosure
2. Tales of Thy Spineless
3. The Eye
4. United We Fall
5. 44 Double Zero
6. Hell Is Where I Stay
7. Soldier of Fortune
8. When Death Calls
9. The Return