Ce second album des américains de Howls of Ebb fait partie des albums que j'attendais avec impatience cette année, par forcément car j'espérais une suite logique à leur premier album Vigils of the 3rd Eye, mais plutôt parce que leur EP The Marrow Veil paru l'année dernière laissait apparaître une orientation tout ce qu'il y avait de plus intrigante, il n'en reste pas moins que le premier album est encore aujourd'hui un putain de bon disque de Death/Black flirtant avec une certaine forme d'Avant-garde bizarre, mais à partir de l'EP, il y avait de quoi s'attendre à quelque chose d'un peu plus étrange encore, et... c'est le cas, ouais, le trio devenu depuis peu duo est encore allé plus loin.
Malgré son caractère aventureux, Vigils of the 3rd Eye demeurait un véritable album de Blackened Death que l'on pouvait presque qualifier de frontal, ok, ça partait parfois dans des délires abscons et ésotérique, mais dans l'ensemble, Howls of Ebb envoyait souvent le pâté dans ta gueule, The Marrow Veil a changé la donne, et Cursus Impasse: The Pendlomic Vows sera davantage la continuation de The Marrow Veil en s'affranchissant encore davantage de toutes les structures conventionnelles inhérentes au Death/Black.
Après tout, les membres s'appellent RoTn'kbLisK et zELeVthaND, ce qui sonnent comme des noms de personnages tiré d'un album de Voivod, et bien partant de là, vous prenez ces deux personnages et vous les glissez dans un porno lovecraftien Blackened Death nimbé de volutes Sludge prog psychédéliques et dissonantes, ouais, exactement, le chaos, c'est ici, et il faut presque abandonner toute velléité de compréhension de l'oeuvre dans sa globalité pour s'y abandonner totalement corps et âme, porté par le flot sauvage et malfaisant d'Howls of Ebb, qui va se faire plus déroutant que jamais.
Howls of Ebb ne ressemble ici à rien de véritablement connu, bon, ok, peut-être Gorguts, mais plus comme référence en terme de constructions non-linéaires que comme véritable affiliation, le duo américain s'est affranchi de tous les codes pour nous livrer Sa propre vision du Death Metal, tout simplement, en mode rien à branler on fait ce qu'on veut, et comme ils ont les moyens de le faire, ils auraient eu tort de se priver, Cursus Impasse: The Pendlomic Vows va bien évidemment partir dans tous les sens et semer l'auditeur dans une brume d'incertitude, vous perdre dans les abîmes sans fond aux confins de la folie, mais c'est voulu, ne cherchez même pas à comprendre, c'est peine perdue.
Pourtant, au début de l'album, on va rester quelque peu en territoire connu, The 6th Octopul'th Grin sera malgré tout ancré d'une certaine manière dans un Death certes peu conventionnelle mais relativement lisible, enfin bon, lisible dans le sens où les riffs constituent une charpente Death bien sauvage que l'on peu suivre plus ou moins, de même que cette rythmique d'obédience Voïvodienne et un son de batterie presque Punk, mais très vite ça va partir dans une autre direction, nous faisant pénétrer dans un cauchemar auditif brumeux et sludgy qui conservera malgré tout un caractère punitif, où errent des leads démentes et surtout une basse complètement folle, addictive et omniprésente, Howls of Ebb va parvenir à conjuguer son Death avec des atmosphères vicieuses et viscéralement maladives, le second morceau Cabals of Molder (on dirait le nom d'un épisode d'X-files...) sera encore lisible, très dissonant bien entendu, où l'on ne sera même plus choqué des divagations sludge/atmosphérique progressives ni même de ce passage central et répétitif où Howls of Ebb singera avec un plaisir non dissimulé le Morbid Angel de la grande époque.
Partant de là... et bien rien ne vous aura préparé à ce qui fera suite à ses deux premières pièces, tout ce qui était encore plus ou moins solide sur ces deux titres va se retrouver complètement liquéfié, il n'y aura plus aucune barrière, plus aucun point de repère, à partir de Maat Mons' Fume, Howls of Ebb plongera l'auditeur dans un cauchemar Death Noise atmosphérique infernal et sulfureux, fait de soubresaut brutaux, labyrinthique à l'extrême, où le Growl déjà peu lisible se fera encore plus putride en imprégnant de chaos des structures non-linéaires au tempo majoritairement ralenti à l'excès (à un Subliminal Lock près), d'une effroyable lourdeur où la section rythmique presque aléatoire fera merveille, traversées de spasmes dissonant provoquant un délicieux sentiment de malaise jusqu'à la fin du disque, un album où Howls of Ebb passera son temps à construire des édifices en totale déliquescence...
Ah ouais, j'ai une dernière chose à dire, vous allez détester cet album.
Notez que je n'essaie même pas de vous convaincre de l'écouter, mais vous devriez quand même, car Cursus Impasse: The Pendlomic Vows est une bête curieuse qui ne peut pas laisser indifférent, Howls of Ebb n'a jamais sonné aussi expérimental qu'ici, et curieusement, ce second album est un véritable album de progressif dans la mesure où il détruit un à un tous les codes du Blackened Death, on pourra bien sûr leur reprocher une certaine confusion, surtout dans la large seconde partie du disque, mais Howls of Ebb à une vision de son art tout particulière et s'y tient, ce qui est toujours appréciable.
Pas votre album de Death traditionnel et conventionnel donc, mais surement ce que vous écouterez de plus intéressant dans le genre cette année, et de loin, Howls of Ebb met ses couilles sur la table, avec un album dissonant, sauvage, aventureux, atmosphérique, brutal, et ultime bon point, une production dantesque, très organique et naturelle, pas trop compressée (DR9), qui met en valeur une basse omniprésente servant d'une certaine manière à faire tenir tout l'édifice debout, vous n'allez pas aimer, mais écoutez ce disque.