In Mourning a surement sorti les meilleurs albums de Death mélodique suédois depuis une dizaine d'années... dans une indifférence quasi-générale, cela fait parti de ces choses incompréhensibles dans la vie, In Mourning, comme d'une certaine manière les australiens de Be'Lakor, semble être bloqué ad vitam aeternam dans cette catégorie des groupes géniaux dont le grand public se fout totalement, surtout que dans le cas d'In Mourning, le combo de Falun doit vivre dans l'ombre de tout ce qu'à pu faire Opeth dans sa carrière, car même s'il s'agit de Death mélodique, c'est également de progressif dont il est question ici, un progressif prenant d'ailleurs de plus en plus de place dans la musique d'In Mourning, de plus en plus raffinée, et Afterglow ne va faire que confirmer cette tendance, sauf que contrairement à ce qu'est devenu Opeth, on a affaire à un très bon disque, un de plus finalement, même si l'on émettra quelques réserves...
Allons droit au but, vous aimiez Opeth avant et vous trouvez que c'est devenu bien de la grosse merde depuis qu'Akerfeldt fricote avec Wilson et qu'il a transformé le groupe en projet rock progressif tout moisi et mou du genou? COOL! Dans ce cas vous aimerez In Mourning et son nouvel album de tout votre cœur car Afterglow renvoie précisément au bon vieux temps où il était encore acceptable d'être fan d'Opeth, mais promis, j'arrête de vous parler d'Opeth, surtout qu'en plus de cette grosse influence, In Mourning à d'autres arguments à faire valoir, notamment une excellente utilisation des atmosphères rappelant souvent le MeloDeath à la finlandaise, voir aussi le post-Rock à la Katatonia, ça tombe bien, c'est justement l'ancien batteur des finlandais Daniel Liljekvist que l'on retrouve sur ce disque.
Bien sûr, il va de soit qu'avec un Afterglow prenant de plus en plus la direction du progressif, c'est bien toute la partie Death mélodique rugueuse et plutôt violente du groupe, qui faisait merveille sur Monolith, qui va se retrouver légèrement en retrait, mais ça, on en avait déjà eu un aperçu il y a quatre ans avec The Weight of the Oceans, Afterglow ne fait que continuer cette tendance, ce qui va provoquer une chose, ce nouvel album sera beaucoup moins immédiat encore que ses prédécesseurs, en même temps, vous êtes prévenus, c'est plus progressif, et c'est aussi un peu plus aventureux, ce qui a au moins le mérite d'ouvrir In Mourning à de nouveaux horizons.
Pourtant, avec le premier titre, on ne va pas trop noter le changement, Fire and Ocean est votre titre d'ouverture typique d'In Mourning dans tout ce qu'il a de plus Melodeath, très typé Dark Tranquillity/Insomnium avec ses riffs massifs et ses divagations atmosphériques, growl et sens du groove, ambiance nostalgique, le seul truc que l'on pourra reprocher se situera au niveau du chant, le growl de Tobias Netzell se faisant un peu moins profond, un peu plus confortable, je n'irai pas jusqu'à dire qu'on est proche du Metalcore, mais un tout petit peu quand même, par ailleurs, ce n'est pas le morceau le plus intéressant du catalogue d'In Mourning, où le groupe utilise les grosses ficelles habituelles de même que certaines facilités de compositions.
Heureusement, le chant sera bien meilleur par la suite avec des morceaux qui seront radicalement différents, en premier lieu desquels The Grinning Mist, et c'est bien simple, ce titre, c'est le meilleur morceau d'Opeth depuis dix ans, je sais bien que j'avais promis d'arrêter les comparaisons entre les deux groupes, mais c'est très compliqué quand on écoute The Grinning Mist de ne pas faire le rapprochement, le fait de proposer un Death mélodique de plus en plus progressif ne fait que renforcer ce sentiment, le morceau sera donc bien plus orienté Prog, plus mid-tempo aussi, même si les passages bien Heavy comme il faut seront de la partie, la structure se fait plus complexe, le growl plus profond, les ambiances plus pesantes, afin de délivrer une puissante charge émotionnelle de part son intensité et ses ambiances finement distillées tout au long du morceau, incluant également un pur passage progressif en chant clair qui rappellera immanquablement qui vous savez.
Ashen Crown utilisera la même procédure, avec cette fois-ci en bonus un dernier tiers post-Rock progressif à la Katatonia, ce n'est pas la dernière fois que l'on aura affaire à du chant clair, il sera également présent sur un The Call to Orion relativement hybride et progressif, et même si justement In Mourning prend son temps pour développer de longues compositions, il faut malgré tout avouer que les morceaux ont tendance à un peu trop traîner en longueur, et c'est parfois un peu excessif, pourtant The Weight of Oceans était plus long et on ne ressentait pas vraiment ces longueurs, In Mourning ne parvient pas tout le temps à relancer la machine au sein d'un morceau, et donc à intéresser l'auditeur jusqu'au bout, Below Rise to the Above commence pourtant très bien avec un bon chant clair et quelques minutes où l'on se croirait chez Katatonia, mais par la suite, la sauce a vraiment du mal à prendre, il faut dire aussi que le morceau est très orienté Prog, mais manque de liant, notamment avec des passages MeloDeath plus Heavy qui se retrouve parfois lancés là-dedans sans vraiment de raison, le build-up de The Lighthouse Keeper sera quant à lui bien mieux maîtrisé, évidemment, c'est plus fluide, et In Mourning parvient avec ce morceau à finement mélanger son Melodeath avec ses velléités progressives, dommage que ce ne soit pas toujours le cas.
Afterglow est surement l'album le moins facile d'accès de la discographie d'In Mourning, malheureusement pas franchement le meilleur, on a même le sentiment d'avoir affaire à ce qui n'est qu'une déclinaison progressive d'un The weight of the Oceans, sans la même fluidité, avec un Melodeath encore plus doux, ce qui n'est pas une bonne chose dans le cas des suédois, la musique d'In Mourning avait toujours fonctionner sur des équilibres, et cette fois-ci, la balance penche surement un peu trop du côté du progressif, on sent bien que le groupe a voulu expérimenter davantage, pour un résultat mi-figue mi-raisin au final.
Pourtant, ça reste fondamentalement du In Mourning, et il y a beaucoup de talent et de classe dans cet album, notamment dans la capacité du groupe à savoir mélanger un mélodeath menaçant et massif avec des moments de pure beauté, mais sans vraiment de panache, Afterglow se perd dans son prog et manque un peu d'impact pour véritablement être satisfaisant.