Il y a quelques jours je vous parlais de Blackened Death fort peu conventionnel, aujourd'hui, nous allons encore parler de Death/Black, mais dans une optique un poil plus traditionnelle que la vision d'Howls of Ebb du genre, plus respectueuse des normes, certes, mais ce n'est pas pour autant que c'est moins bien, surtout qu'on en parle d'un bestiau comme Withered.
Formé en 2003 par Mike Thompson, Withered a connu une évolution au gré des albums qui l'a amené en 2010 à son chef-d'oeuvre Dualitas, le genre d'album qui aurait dû permettre au combo d'Atlanta de passer un niveau supplémentaire en terme de notoriété, sauf que... non, le line-up du groupe s'est désagrégé peu de temps après et ce sont six années de silence qui ont suivi Dualitas avant le retour du géant américain, que l'on retrouve ici avec un line-up plutôt excitant, puisqu'en dehors de Thompson et du fidèle batteur Beau Brandon, complètent le line-up le Primitive Man Ethan McCarthy et l'homme le plus occupé du monde Colin Marston, qui en plus de jouer dans une bonne dizaine de groupes (Gorguts, Krallice, Dysrhythmia, Encenathrakh, Behold the Arctopus...) est également occupé à produire un peu tous les groupes de Metal extrême abstrait d’Amérique du nord, partant de là, et après donc un Dualitas qui avait botté le cul d'à peu près tout le monde, on attendait beaucoup de Grief Relic, bonne nouvelle, personne ne sera déçu.
Formé en 2003 par Mike Thompson, Withered a connu une évolution au gré des albums qui l'a amené en 2010 à son chef-d'oeuvre Dualitas, le genre d'album qui aurait dû permettre au combo d'Atlanta de passer un niveau supplémentaire en terme de notoriété, sauf que... non, le line-up du groupe s'est désagrégé peu de temps après et ce sont six années de silence qui ont suivi Dualitas avant le retour du géant américain, que l'on retrouve ici avec un line-up plutôt excitant, puisqu'en dehors de Thompson et du fidèle batteur Beau Brandon, complètent le line-up le Primitive Man Ethan McCarthy et l'homme le plus occupé du monde Colin Marston, qui en plus de jouer dans une bonne dizaine de groupes (Gorguts, Krallice, Dysrhythmia, Encenathrakh, Behold the Arctopus...) est également occupé à produire un peu tous les groupes de Metal extrême abstrait d’Amérique du nord, partant de là, et après donc un Dualitas qui avait botté le cul d'à peu près tout le monde, on attendait beaucoup de Grief Relic, bonne nouvelle, personne ne sera déçu.
Pourtant, Grief Relic va s'avérer être une bestiole plutôt différente, car bien plus que le Black, c'est bel et bien du côté du Death que Withered est allé cherché l'inspiration, c'est un petit changement de paradigme chez les américains, qui passent globalement du Black/Death au Death/Black, ouais, il suffit de changer l'ordre des mots pour radicalement modifier le genre de musique que proposera Withered ici, mais rassurez-vous, il y aura toujours une bonne grosse louche de Black dedans, de même que les traditionnelles bifurcations Doom, d'un autre côté, cette orientation Death prend tout son sens avec le recrutement de Colin Marston dans le groupe.
Mais tout ça n'est finalement qu'un problème de sémantique, Withered a toujours plus ou moins mélanger les genres, le Death et le Black se sont toujours retrouvés à un moment donné mêlés à du Doom ou du Sludge, je vous parlais plus haut d'un Black/Death plus traditionnel, ce n'est pas pour autant qu'il est traditionaliste, le Black/Death de Withered s'inscrit bien dans certaines limites normatives, et plus que de repousser les frontières du genre, il est davantage question ici de jouer avec les codes, les influences, et bien entendu de brouiller les pistes, car Withered va une nouvelle fois parvenir à imposer sa propre vision du genre avec un Grief Relic en forme de figure de style particulièrement efficace dans ce qu'il essaie d'accomplir.
Je dois bien vous avouer avoir été quelque peu perplexe par cette orientation à la première écoute, notamment un Leathery Rind qui sonne comme une déclaration d'intention de la part des américains, le Black est présent, évidemment, mais c'est bien le Death qui se taille la part du lion, et pas n'importe lequel, car entre les fulgurances brutales pleine de sauvagerie, Withered flirte avec Ulcerate et même Gorguts pour des passages Death abstrait dissonants, si vous attendiez Dualitas part II, ce n'est pas ici que ça se passe, Grief Relic en est une évolution finalement logique, et dès le titre suivant A Realm of Suffering, ce sont bien de fortes traces de Doom et de Sludge que l'on retrouvera dans la tambouille pour un résultat plus que convaincant, avec un morceau particulièrement furieux, brutal, très rapide, au Groove putride désespéré qui parvient a crée de succulentes atmosphères malfaisantes, par le biais de leads plutôt malsaines, ce caractère Doom/Sludge sera encore plus présent dès le titre suivant, car avec Withdraw, Withered nous balance un pur morceau de Doom/Death hanté et apocalyptique, finement ambiancé avec des chœurs possédés, à la tension constante, et au growl uber-caverneux.
Il ne faudra pas trop de fier à l'introduction plutôt Sludge de Feeble Gasp, car rien ne vous prépare à la suite, où le morceau sera une espèce de pot-pourri de tout ce dont est capable de faire Withered, Black, Death, Doom, Groove, violence, atmosphères sulfureuses, et des passages Black qui ressemblent d'ailleurs à du bon vieux Akercocke, ce qui fait toujours plaisir; un morceau comme Husk sera étrangement catchy, et également diablement varié, Withered déployant un groove complètement furieux où l'on ressortira volontiers le son de basse gargantuesque de Marston, malgré son orientation Death, Husk ne sera pas avare de charges Black tout ce qu'il y a de plus véloce, et encore une fois, quand le morceau ralentit par moment, on ressent bien l'influence d'un Gorguts sur ce disque, comme sur ce Distort, Engulf cauchemardesque et doté d'une forte charge émotionnelle, qui sera sans doute davantage accentuée sur l'ultime morceau To Glimpse Godliness, où Withered va déployer un Black/Death teinté de Doom non dénué de nuances offrant au morceau une réelle profondeur.
En terme de production, il faut noter le travail remarquable effectué sur ce disque, atteindre un DR8 pour un album aussi violent et richement texturé est un véritable exploit, une production à l'ancienne, organique, pas trop compressée, qui met en valeur chaque instrument, notamment la basse de Marston, avec une batterie qui sonne de manière très naturelle, et en évitant le brickwall habituel, Withered parvient à nous livrer un album très fluide et surpuissant malgré des compositions complexes et torturées.
C'est donc différent, Grief Relic est surement le disque le plus orienté Death Metal de la part de Withered, le moins "norvégien" de la discographie, où le Black, bien que toujours partie prenante dans le son du groupe, semble se mettre au service d'un Death dissonant et davantage abstrait.
Pour son grand retour, Withered a décidé de continuer son évolution, et c'est tout à leur honneur, mélangeant habilement le Black, le Death, une certaine forme d'Avant-garde, le Sludge, le Doom, Grief Relic est une sacré baffe dans la gueule de Metal extrême, tout simplement, et surement bien plus nuancé qu'auparavant quand il s'agit de mélanger les styles, Withered impose sa vision d'un Death/Black torturé et sulfureux, violent et maladif.
Track Listing:
1. Leathery Rind 04:35
2. A Realm of Suffering 06:20
3. Withdraw 03:54
4. Feeble Gasp 05:49
5. Husk 04:42
6. Downward 03:53
7. Distort, Engulf 03:45
8. To Glimpse Godliness 05:35