mardi 15 juillet 2014

[Chronique] Wrought Iron - Rejoice and Transcend

Il y a bien longtemps que la Norvège n'est plus le centre du monde dans le Black Metal, la Scandinavie non plus, voir même la vieille Europe, le berceau originel du genre ne semble désormais plus capable de produire du Black de qualité, à part quelques exceptions de temps en temps dans l'Underground, comme le norvégien Blodsgard, et le talentueux groupe français Strynn dont on attend que le prochain album vienne révolutionner le genre, en attendant le messie, le Black Metal en Europe, c'est de la merde. (Lol, Mayhem).
Le centre de gravité s'est déplacé, et je me rends compte que cette année, les meilleurs groupes de Black que j'ai écouté viennent des Etats-Unis, je ne parle pas du Black pour Hipsters de Brooklyn avec leurs barbes et leurs chemises de bûcheron, je parle du Black pur et dur, comme Tombs... bon, ok, mauvais exemple, mais Tombs est un hybride entre le Black à l'ancienne et le Hispter Black, donc ça s'écoute sans honte, on connaissait déjà Torrid Husk (si ce n'est pas le cas, foncez écouter, c'est cool), et cette année, Rituals of a Blasphemer nous a balancé un Mors Inumbratus Supra Spiritus qui se place pour le moment comme le meilleur album de Black de l'année, dans le genre bien dégueulasse comme on l'aime.
Comme vous l'aurez compris, Wrought Iron fait du Black et vient d’Amérique du nord, de Pittsburgh plus précisément, et ce jeune groupe est bien décidé à vous prouver que Pennsylvania is the new Scandinavia...

Rejoice and Transcend est donc le premier album des américains de Fer Forgé, et ce n'est pas seulement du Black, un peu comme certaines brésiliennes tarifées qui ont un petit, ou gros, truc en plus, le Black Metal Trve et ultra Br00tal du quatuor a également un petit truc en plus, et c'est très subtil, car bien que leur Black Metal comporte tout un tas d'éléments Death voir même Grindcore, à aucun moment on ne peu considérer ça comme du Black/Death, Wrought Iron reste fidèle à la recette traditionaliste du Black à l'ancienne, qui rappellera bien entendu le Darkthrone des premiers albums, un Black un peu crade, malsain, joué à une vitesse supersonique, sans aucune concession, peu original? bien sûr, c'est du Black (duh!), mais les américains sont des malins, et les petits emprunts à d'autres genres brutaux vont donner à l'album une identité assez singulière, une sorte d'hybride entre le Trve Black à la norvégienne et le Death à la suédoise.
Ce petit mélange de genre va considérablement renforcer le côté brutal de Wrought Iron, et cela va nous donner un Black absolument pas linéaire, mais surtout très dynamique, avec une remarquable fluidité dans les transitions, car le groupe va passer son temps à faire naviguer son Black entre le Death et le Grindcore, auquel on pourrait presque ajouter quelques inclinaisons Thrash, autant le dire tout de suite, on est pas là pour plaisanter et ça va envoyer du très très lourd dans la gueule.
Le Black de Fer forgé est viscéral, très instinctif, et le groupe va constamment se montrer versatile et étrangement accrocheur, principalement par des passages Death/Grind très judicieux, de la même manière, le chant est principalement Black, mais évolue parfois vers du Growl de troll des cavernes voir même du Pig Squeal (Danse Macabre).
Dawn of the Swamp va se charger de nous mettre dans l'ambiance, putain que ça tabasse, c'est ultra rapide, avec des trémolos supersoniques, le morceau est direct, rageur, avant une courte incursion dans le Grindcore dans la seconde partie, où le Growl remplace le chant Black, White Death reprend la même formule ultra violente, avec des incartades Death/Grind ultra Heavy, et l'album va être gavé de ces assauts Black, comme ce König von Scheisse en forme de torgnole in your face qui comprend une légère touche de Thrash histoire de rendre ça encore plus violent.
Ce n'est pas seulement que du bourrin, car parfois le groupe ralenti un peu le tempo et prend le temps nécessaire au développement de certaines atmosphères, comme l'intro de Brine, très heavy, funèbre, avec un chant dégueulasse par dessus, et pour le début des hostilités, on sera presque dans un rythme Hardcore avec une vibe Grindcore sur le chant, un titre partagé entre des accélérations Black tempétueuses et de gros ralentissements Heavy, Revelation and Awakening est construit différemment, avec un long passage central très atmosphérique et malsain, ce qui rend les soubresauts et accélérations Black encore plus impactant.
Malgré son classicisme, Wrought Iron n'est pas du tout banal, et son léger aspect hybride lui permet d'être meilleur que les autres et de laisser loin derrière la horde de copistes du Black norvégien.
Le chant est terrifiant, joyeusement dégueulasse, versatile surtout, avec une judicieuse alternance entre le chant criard et le Growl, et d'un point de vue sonore, la production est excellente pour le genre, avec un son de guitare très naturel, comme si rien n'avait été trafiqué en studio, un son crade mais audible malgré tout, avec un mix très équilibré qui rend justice à chaque élément, Wrought Iron jouit d'un son très clair, puissant, mais suffisamment Lo-Fi  pour conserver toute la méchanceté de son Black Metal.
Rejoice and Transcend fonctionne sur un dynamisme qui lui est propre, avec énormément de variations de tempo, une intensité diabolique, un groupe qui n'hésite pas à ralentir le rythme pour développer quelques atmosphères, ou à intégrer la férocité du Death à son Black.

Vous l'aurez compris, Wrought Iron a presque tout bon pour son premier album, et Rejoice and Transcend est une grosse baffe Black Metal br00tal à la fois classique et rafraîchissante, pour un groupe qui parvient à rester percutant et violent sans lasser pendant les 35 minutes de l'assaut, en faisant preuve de versatilité, vocalement et musicalement.
Malgré le fait que Wrought Iron intègre des éléments Death et Grind, Rejoice and Transcend demeure fondamentalement un album de Black Metal, intense, très violent, qui s'avère addictif dès la première écoute, sauvage et instinctif, Wrought Iron est une baffe dans la face plutôt réjouissante, et il n'est pas donné à tout le monde de jouer une musique si codifiée tout en parvenant à y imprimer une réelle identité, Fer Forgé y parvient et délivre un premier album vraiment bandant, nerveux, avec une très grosse forte de frappe...
(Et c'est sur Bandcamp, 5$ c'est pas cher)