dimanche 11 août 2013

[Chronique] Iwrestledabearonce - Late for Nothing

Je sais très bien ce que vous êtes en train de vous dire, une chronique d'Iwrestledabearonce sur ce blog, on commence à le connaitre le gaillard, ça va encore être une chronique troll à la con où il va dire de la merde sur un pauvre groupe de crapcore comme il l'a fait la dernière fois avec le slutcore de Butcher Babies.
Ouais, je vous comprends un peu, mais ne partez pas tout de suite, car je ne vais pas trop descendre ce groupe et ce nouvel album, aussi bizarre que cela puisse paraître, Iwrestledabearonce (que je vais d'ailleurs abréger en Iwabo car ça me gave de taper le nom en entier) est un groupe que j'apprécie, un peu, dans la limite du respect que je peux avoir pour ce genre de musique.
En effet, j'avais bien aimé le premier EP et le premier album It's all happening en 2009, certes, c'était du Deathcore, mais pas votre groupe de Deathcore à breakdowns traditionnel, Iwabo mélangeait plein de genres différents, et proposait une musique chaotique et bordélique qui partait dans tous les sens, avec des structures imprévisibles et un sens de l'humour et de la formule plus qu'appréciable, un Electro/Grind/Metal-Death-Mathcore déglingué porté par le chant de furie de Krysta Cameron.
J'avais un peu zappé le truc par la suite, jetant simplement une oreille distraite sur un second opus, Ruining it for everybody, qui ne m'avait pas particulièrement passionné, la faute surement au manque d'effet de surprise cette fois-ci, mais avec son troisième album Late for Nothing, tout a changé chez les américains, un album que l'on pourrait presque qualifier de... mature, enfin, plutôt qui essaie de l'être.

Le premier changement est de taille, puisque la vocaliste Krysta Cameron s'est faite la malle, la gonzesse s'est faite engrossée et a donc pris la décision de rentrer chez elle mettre bas en paix, loin du tumulte de la vie en tournée, c'est donc une certaine Courtney LaPlante qui la remplace, et bien naturellement, c'est différent, j'ai pas dit moins bien, car de toute façon, comparer les deux chants clairs des demoiselles n'a pas grand intérêt car leur utilisation diffère quelque peu ici, ce qui nous amène au deuxième gros changement par rapport aux deux précédents albums, l'orientation musicale.
Ce que j'aimais bien avant dans le core polymorphe des américains, c'était le chaos et toutes les friandises balancées de manières totalement erratique dans les morceaux, et on aurait pu croire que leur évolution et une certaine maturation allaient les emmener dans des territoires proches de Genghis Tron, mais il n'en est rien, car Iwabo à échangé son Electro/Deathcore épileptique contre... de la pop, en perdant tout son punch, et tombant dans une certaine banalité.
Late for Nothing est un album bizarre à écouter, car il me fait penser à du Lacuna Coil, tout du moins pour les passages en chant clair très poppy et planant, mais un Lacuna Coil qui aurait troqué son Nü Metal pour du Mathcore et des Breakdowns typiquement Deathcore, en remplaçant le chant de Ferro par des grunts porcins, avouez que c'est assez étrange comme tambouille, mais c'est à ça que l'album me fait penser.
Les expérimentations sont donc largement remisés au placard, comme si la folie des débuts était subitement devenue gênante et qu'il fallait à tout prix rentrer dans les codes afin de séduire un public plus mainstream.
Oups, ça y est, le mot est lâché, Iwabo se tourne ici vers une audience plus grand public, mainstream, et propose donc des chansons aux structures simples et directes, loin des titres spasmatiques auxquels nous étions habitués, et même si ce côté bordélique resurgit par-ci par-là de manière sporadique, cette évolution est loin d'être une bonne idée, car les américains tombent immanquablement dans le piège de structures stéréotypées au possible, se contentant de répéter bêtement la plus vielle formule du monde, à savoir l'enchaînement de passages pop planant en chant clair et de gros breakdowns qui tâchent, l'album est tellement prévisible que les 37 petites minutes de la galette paraissent interminables sur la fin, sans que finalement on en ait retenu grand chose., un comble pour un groupe dont le talent principal était de rendre chacun de ses titres immédiatement mémorisables par toutes ses petites trouvailles sonores, mais ça c'était avant...
Il faut dire aussi qu'en dehors de structures banales, l'album est desservi par une production qui manque horriblement de pèche, où la basse est aux abonnés absents, avec un chant clair qui se retrouve noyé dans les riffs alors qu'on aurait apprécié que LaPlante prenne les choses en main et occupe le devant de la scène, à moins bien sûr que la demoiselle ne manque de coffre et n'en soit pas capable, dans tous les cas, c'est une déception de ce côté là, car avec ce genre d'album justement, le groupe trouve un certain équilibre entre le chant clair et les growls, mais les passages mélodiques se faisant plus planant ont du mal à être intéressants, ils auraient pu contrebalancer parfaitement les hurlements, plutôt bons au demeurant, des passages mathcore mais le chant de LaPlante ne dépasse jamais vraiment le niveau d'insignifiant à de rares exceptions près, notamment le single Boat Paddle qui fonctionne globalement pas trop mal, voir même sur Firebees où le passage atmosphérique de The Map, malheureusement, la plupart du temps, c'est le manque de variété qui l'emporte, ce qui donne l'impression d'écouter constamment le même passage en chant clair sur presque tous les titres, à partir de là, difficile de sortir un titre en particulier tant tout semble à ce point uniformisé, vous prenez le titre d'ouverture Thunder Chunky et vous avez un résumé de ce que sera l'album, la formule sera la même sur chacun des titres, c'est pas génial, mais malheureusement c'est l'un des meilleurs titres d'un album contenant bien peu de moments réjouissants.
On sent que le groupe a avant tout cherché à canaliser son énergie, arrêter les gros délires bruitistes et le terrorisme sonore à base d'explosions aussi soudaines qu'erratiques, pourquoi pas, mais était-il nécessaire d'être à ce point ennuyeux? car c'est bien de cela qu'il s'agit, Iwabo est devenu un groupe de Metalcore banal, qui applique une formule toute faite, et plus rien ne le distingue véritablement plus de la masse si ce n'est bien entendu un chant féminin, le groupe est devenu un chaton docile alors qu'il était un chien sauvage complètement taré qui mordait tout ce qui bouge, Iwrestledabearonce ne propose que bien trop peu de variations et de surprises pour susciter l'intérêt sur la durée, et c'est bien dommage d'en être arriver là, surtout que vers la fin de l'album, on commence vraiment à tourner en rond et on en peut plus du schéma stéréotypé vu et revu chez tous les groupes de Metalcore de la création, sans tous les plans délirants qui faisaient tout le sel du groupe, le ton de l'album est même différent, avec beaucoup moins de jeu de mots et d'humour dans les titres des chansons, même eux sont devenus banals et sérieux, et ce n'est pas Steve Vai venu prendre un chèque contre un solo sur Carnage Asada qui va rendre le disque fun, qu'elle est loin l'époque de Tastes like Kevin Bacon...

Où est le fun bordel?
Eh ben nulle part ma bonne dame, pourtant Late for Nothing n'est pas totalement mauvais, il est juste incroyablement banal, sans muscle, sans punch, sans les spasmes frappadingues habituels, et Iwrestledabearonce perd toute son originalité et devient un groupe banal.
L'album fait illusion à la première écoute, mais plus on l'écoute plus on se rend compte qu'il est creux et dépourvu d'intérêt, avec des structures relativement simplistes et répétitives, les titres sont passe-partout, parfois poussifs et forcés, et au bout de trente-sept minutes, on a rien retenu du tout, comme un vulgaire groupe de Metalcore, ou un Lacuna Coil qui baignerait dans le Mathcore et les breakdowns, dommage...

Agoodbandoncenotanymore
Track Listing:
01. Thunder Chunky
02. Letters To Stallone
03. Snake Charmer
04. Boat Paddle
05. Firebees
06. Mind The Gap
07. Carnage Asada
08. The Map
09. That’s A Horse Of A Different Color
10. I’d Buy That For A Dollar
11. Inside Job
12. It Don’t Make Me No Nevermind