vendredi 17 novembre 2017

[Chronique] Annihilator - For The Demented

La carrière d'Annihilator sera toujours faite de hauts, de bas, et d'albums bancals et brinquebalants entre deux, enfin bon, quand je vous parle des hauts, ce sera limité au duo originel Alice in Hell et Never Neverland hein, ce qui nous reste donc depuis plus de vingt ans une collection presque grotesque d'albums foireux moyens et de grosses bouses honteuses, c'est ce qui s'était passé il y a deux ans quand Jeff Waters, désormais en solo (tout le monde se contrefout des intérimaires qu'il emploie) et pleinement chanteur (ce qui n'a JAMAIS été une bonne idée) nous avait balancé un Suicide Society foutrement incompréhensible et WTF à la limite du ridicule, après un tel échec cataclysmique, n'importe quelle personne sensée aurait lâché l'affaire pour partir vivre seul dans une grotte, tout le monde, sauf Jeff Waters, grande gueule, dictateur en chef, le mec sait très bien qu'il s'est vautré comme une merde il y a deux ans, mais il sait aussi qu'il a une base de fans qui est habituée aux disques de merde et qui est surtout prête à tout lui pardonner (il sait aussi qu'il est à la tête d'un groupe au nom mythique qui se monnaie très bien sur le circuit des festivals européens, ce serait con d'arrêter...), c'est précisément ce qu'est For the Demented, une lettre d'excuse... écrite par un cinglé, dans le style toujours aussi particulier et erratique de Jeff Waters.

Waters et sa nouvelle bande d'intérimaires qui ne seront probablement plus là dans six mois quand il pétera un câble et virera tout le monde...encore.
Il est pas con le Jeff Waters, il sait quand il a merdé et il sait toujours très bien comment recoller les morceaux et donner le change, quand Jeff est dans la merde, il revient systématiquement aux bonnes vieilles formules qui ont fonctionné dans le passé, surtout, il sait particulièrement bien jouer sur la corde nostalgique de son public et le renvoyer irrémédiablement vers Alice in Hell le temps de quelques titres, c'est toujours comme ça, les disques d'Annihilator sont composés de merdier bancal, de moments WTF, mais y'a toujours deux-trois morceaux bien thrashy à l'ancienne qui sauve le truc de la débandade, bon, ok, peut-être pas avec Suicide Society, mais en gros c'est souvent le cas.
For the Demented est votre disque bordélique d'Annihilator à base de Thrash, de Groove, de Hard Rock, de Van Halen, de vieux Metallica et de mauvaise contrefaçon de Megadeth, ce qui nous place l'album du côté de Feast, bref, ce sera du bordel, comme d'habitude chez Waters, le gars ne peux pas s'en empêcher, c'est plus fort que lui, et putain que c'est toujours aussi frustrant, Waters a de l'or dans les mains, mais il trouvera toujours le moyen de ne pas réaliser son plein potentiel, comme si être médiocre et bancal était une fierté, vouloir être unique et original  à tout prix en faisant systématiquement n'importe quoi.
Franchement, Twisted Lobotomy est quand même un putain de bon morceau de Thrash qui envoie le pâté et qui renvoie directement aux premiers albums, le chant de Waters est toujours aussi limité mais ça passe bien sur ce genre de brûlots Thrashy et syncopés particulièrement techniques, ça sonne old school et les leads sont carrément jouissives, c'est d'ailleurs exactement ce que fait Megadeth quand ils sont au fond du trou, du Thrash bourrin et speedé, malheureusement, si vous connaissez un tant soit peu Annihilator, vous savez déjà ce qu'il va se passer par la suite, car Waters sera incapable de proposer un album entier du même niveau de qualité et ça va irrémédiablement partir en couilles au fur et à mesure que les titres s'enchaînent, One to Kill sera un genre de Thrash/Groove avec quelques gimmicks old school pour faire la blague, le morceau est correct sans être génial, et puis voilà la première authentique bouse du disque, For the Demented est un titre de Megadeth des années 90, du genre Heavy/Rock vaguement thrashy, avec des lyrics crétines mais tellement véridiques: "They say i'm mad, and completely loco, but I wouldn't have it any other way"
Partant de là, le disque sera bien évidemment aussi erratique que ce à quoi vous vous attendez d'un disque d'un Jeff Waters en roue libre, le genre de chaos qui sert de fondation aux albums moyens d'Annihilator, Pieces of You (avec un joli clip) pue la power ballade typique années 80 avec au passage de la grosse pompe de Metallica, alors que The Way est un morceau WTF qui ne ressemble à rien, un mélange de Punk et de vieux Hard rock fun à la Motley Crew, où le chant de Waters est curieusement méconnaissable, plus loin dans le grotesque, Not all There marquera la copulation idiote entre du Megadeth et du bon gros funk piqué à Death Angel et un passage central rappelant Guns 'n' Roses, évidemment que c'est du grand n'importe quoi et que rien ne fonctionne dans ce merdier, tu t'attendais à quoi Jeff?
Bien sûr tout n'est pas pourri hein, Phantom Asylum est un morceau plutôt cool bien que complètement désorganisé où l'on retrouve un Annihilator old school aggloméré à du Iron Maiden, et es arrangements orchestraux ajoutés à Altering the Altar sont plutôt intéressants même s'il semblent jetés là un peu au hasard sur un magma de Thrash Groove période Padden et une bonne louche de leads folles furieuses d'un waters toujours aussi volubile de ce côté-là, ces morceaux, aussi bancals soient-ils, se situent malgré tout dans la fourchette haute des titres de l'album, autant dire que ça ne vole pas bien haut les enfants, mais que voulez-vous, c'est du Annihilator, vous savez pourquoi vous signez.
Vous allez me dire que même si c'est bancal, erratique et bordélique, c'est toujours moins dégueulasse que Suicide Society et que l'écoute de For the Demented est toujours plus agréable que de tomber à poil dans une benne de verre pilé, vu comme ça je ne peux pas vous donner tort, ce qui n'empêche pas qu'une fois encore Annihilator nous offre un album frustrant, qui pourrait être largement meilleur qu'il ne l'est si Waters avait un cap, une ligne directrice, où tout simplement quelqu'un qui lui met une tape derrière la tête quand ses compositions partent en vrille, mais non, une fois encore For the Demented est un bordel qui rappelle Feast ou Schizo Deluxe, des albums fondamentalement bancals et mentalement dérangés,  où les seules constantes sont leur inconstance chronique et désormais le pompage de la discographie de Megadeth, difficile de trouver ça satisfaisant.
Track Listing:
1. Twisted Lobotomy  04:44
2. One to Kill  04:43
3. For the Demented  05:22
4. Pieces of You  06:10
5. The Demon You Know  04:43
6. Phantom Asylum  06:14
7. Altering the Altar  05:05
8. The Way  03:18
9. Dark  02:09
10. Not All There  05:42