Curieuse situation que celle de Soilwork, un groupe qui depuis l’avènement de The Night Flight Orchestra semble ne plus trop être la priorité principale de son chanteur, il faut dire que cela fait plus de dix ans que Soilwork galère un peu et qu'il a du mal à trouver sa place et son identité dans un monde où le Death mélodique est complètement passé de mode, le précédent album The Ride Generic Majestic date de 2015 et franchement, personne n'était en manque après un tel disque en tout point moyen et réchauffé, quatre ans où Björn Strid et le guitariste David Anderson ont pu se concentrer sur le développement de leur autre projet vintage que l'on imagine bien plus lucratif, mais comme il y a encore un petit billet à prendre parce que le nom Soilwork vaut encore quelque chose, voilà que débarque un nouvel album qui sera tout aussi enthousiasmant qu'une visite chez le proctologue (enfin ça dépend des gens j'imagine), ouais, si vous pensiez que The Ride Majestic était mauvais, vous n'avez encore rien entendu, Verkligheten, c'est pire.
On saluera le départ judicieux de Dirk Verbeuren qui a quitté un navire en train de couler pour trouver un vrai boulot qui paye bien chez Megadeth, il est remplacé par un nouveau batteur, un certain Bastian Thusgaard, un danois, un type plutôt jeune mais qui est déjà un routier du Death Metal puisqu'il a écumé pas mal de tâcherons du genre dans son pays natal, il est donc tout à fait logique de le retrouver dans un groupe désormais de seconde division comme Soilwork, c'est la triste réalité, Soilwork est juste bon aujourd'hui à jouer les support sur des tournées de plus gros poissons et à se glisser sur des affiches de festivals en utilisant les réseaux du puissant Nuclear Blast.
Bref, passons, et attaquons-nous plutôt à l'autopsie de Verkligheten, et on va aller tout de suite au cœur du problème, vous allez vite comprendre, cet album est irrémédiablement plombé par la crise d'identité que traverse le groupe depuis une dizaine d'années, c'était au départ légèrement visible, ça éclate désormais au grand jour, Soilwork n'a plus aucune idée de ce qu'il est, qu'il tente de se faire passer pour un groupe de prog passe encore, ça nous a donné quelques bons moments malgré de nombreuses maladresses, mais voilà qu'aujourd'hui le groupe est écartelé entre du Death mélodique, du prog, et The Night Flight Orchestra, pour une tambouille complètement déséquilibrée et indigeste élaborée par un groupe schizophrène qui n'a pas aucune idée de ce qu'il est et où il doit aller, ce qui va nous donner de véritables moments de malaise.
Prenez Full Moon Shoals, ce bidule ne ressemble à rien, c'est un mix entre du Soilwork proggy mou de la bite et un refrain directement pompé chez Night Flight Orchestra, c'est comme s'ils avaient pris deux morceaux complètement différents et qu'ils les avaient mélangé à l'arrache sans aucune raison, rien ne marche, et encore moins cette accélération sauvage qui tombe comme un cheveu sur la soupe, plus pernicieux, The Nurturing Glance sera un morceau de Hard rock boosté par un peu de melodeath et du growl, en on touchera vraiment le fond avec Stålfågel, qui est tout simplement un morceau de The NFO, cela n'a RIEN à foutre sur un album de Soilwork, on a même un peu de chant féminin dans le fond avec Alissa White-Gluz qui est venue prendre un billet.
Et le Death mélodique dans tout ça? des trucs qui poutrent quoi! bah y'en a un peu, forcément, on reste chez Soilwork, et le groupe est toujours capable de nous pondre des morceaux tout ce qu'il y a de plus générique comme cet Arrival qui reprend le cahiers des charges du groupe développé depuis The Living infinite, un vague morceau de Death mélodique plus prog et porté sur les atmosphères avec son passages central que tu vois arriver à des kilomètres, on remarquera dès ce premier vrai morceau que c'est brickwallé avec une production parpaing™ impersonnelle au possible où la batterie sonne comme de la merde, tout est poussé à fond sans aucune subtilité, ce qui rendra des morceaux super pénibles, comme le très bourrin When the Universe Spoke et son martèlement de gros demeuré, ça a au moins le mérité d'envoyer la sauce, c'est très limité mais on appréciera le geste, dommage malgré tout qu'à mi-parcours on repartira dans du mollasson prog/atmo à la con.
Il n'y aura pas grand chose à dire du reste, puisque même à son meilleur, Soilwork va se contenter d'appliquer sa vieille formule surannée qui donne des morceaux génériques et fatigués comme Witan ou The Ageless Whisper, mention spéciale à Bleeder Despoiler, au bout de trente secondes tu sais que tu l'as déjà écouté et qu'après une minute tu vas te manger le refrain en chant clair, prévisible à mort et plutôt poussif, sans intérêt, ce qui à une certaine époque lointaine était des fillers de fin d'album se retrouve désormais catapulté en troisième position sur la galette, c'est beau le progrès putain, et il faudra attendre l'avant-dernier titre pour avoir un truc réellement cool, la participation de l'Amorphis Tomi Joutsen sur un Needles and Kin pour le coup plutôt satisfaisant, c'est pas du génie mais il faut avouer que le morceau fonctionne, ça fait au moins un truc qui marche pas trop mal sur les cinquante minutes d'une galette bien morne.
Le problème de Verkligheten, c'est qu'une partie du groupe a oublié que c'était un album de Soilwork et à composé des morceaux de The Night Flight Orchestra, c'est quand même plutôt embarrassant à écouter.
Soilwork avait décidé depuis quelques années de s'aventurer vers des structures un peu moins linéaires, plus sombres et progressives, de toute évidence ils n'ont aucune putain d'idée de comment procéder, Verkligheten est un disque bancal et schizophrène, en plus d'être incroyablement chiant et mou, cet album est un amalgame grotesque de Death mélodique soilworkien fatigué et de Hard Rock progressif directement calqué sur The Night Flight Orchestra, ça n'a aucun sens, c'est souvent gênant, et il n'y a presque rien à sauver de ce naufrage.
Track Listing:
1. Verkligheten 01:44
2. Arrival 03:47
3. Bleeder Despoiler 3:37
4. Full Moon Shoals 04:47
5. The Nurturing Glance 05:25
6. When the Universe Spoke 05:23
7. Stålfågel 04:26
8. The Wolves Are Back in Town 03:24
9. Witan 03:48
10. The Ageless Whisper 05:02
11. Needles and Kin 04:58
12. You Aquiver 04:04