samedi 26 mars 2016

[Chronique] Vredehammer - Violator

Vous vous êtes déjà demandé ce que ça pourrait donner si on mélangeait du Black/Death norvégien avec du Lamb of God? Ouais, je sais, c'est bizarre et très con comme idée, quel couillon pourrait avoir envie de faire ça? Et bien ce couillon, c'est Per Valla, guitariste de Allfader et de Those Left Behind, et jusque récemment membre du backing-band d'Abbath, dont il a quitté le confort, et surement le chèque qui devait tomber à la fin du mois, pour se consacrer au second album de son Vredehammer, son groupe solo où il fait un peu ce qu'il veut, d'abord side-project, qui est en train d'évoluer, peut-être, en un véritable groupe.
Évoluer, c'est surement ce que souhaitait faire Valla avec son Vredehammer, qui nous avait livré un bon petit disque de Black/Death de facture plutôt classique avec Vinteroffer il y a deux ans, et comme vous vous en doutez déjà, Violator sera quelque peu différent de son prédécesseur...

Comme vous l'aurez remarqué puisque vous avez bon goût et que vous connaissez parfaitement Vredehammer, le line-up a radicalement changé, exit les gars d'Allfader, c'est du côté des excellents Canvas Black que Per Valla est allé pioché un batteur et un bassiste, Felix et Stone, pour envoyer du lourd sur un Violator portant admirablement bien son nom avec ses trente-trois minutes au compteur, pas le temps de niaiser chez Vredehammer cuvée 2016.

Le changement, c'est donc maintenant, et ça va chier, Light the Fucking Sky débute l'album tout riff dehors avec une redoutable densité, ça sauce, c'est confortable, on retrouve bien le Black/Death très typé norvégien, mais très vite, le morceau va prendre un tournant assez singulier puisque quand apparaît le chant, c'est troublant, Valla livre ici sa plus belle imitation de Randy Blythe, on dirait même que c'est un Blythe passant par hasard en Norvège qui s'est retrouvé derrière le micro, et ce n'est pas seulement le chant, musicalement, Valla va injecter un groove titanesque en mode brise-nuque et défonçage de cervicales, du Groove Metal avec du tremolo et des mélodies intriqués d'obédience Black, ça fait tout drôle, surtout que le père Valla joue sur une certaine complexité en nous proposant un build-up davantage atmosphérique dans la dernière partie du titre, et le pire là-dedans, c'est que ça marche.
Vredehammer a décidé de se consacrer à sa facette la plus violence, prendre les mélodies et les atmosphères du Black Death, et les mixer avec les force brute du Groove, ça décoiffe, Spawn Tyrant flirte avec le Thrash/Death ultra frontal et dévastateur, la section rythmique n'est pas en reste, et même si on aurait surement aimé une basse plus présente dans le mix, ça fait le boulot avec une précision diabolique, au diapason avec les riffs concis et particulièrement convaincants de Valla, le titre éponyme Violator sonnera même comme un curieux amalgame entre Lamb of God et Slayer, avec un excellent passage atmosphérique qui sera un peu plus imbriqué au reste sur la fin du morceau.

Violator, c'est un peu comme si Per Valla s'était dit, fuck this shit, j'vais mettre tout ce que j'aime bien dans l'album et je vais mélanger tout ça, et ça fonctionne car le gars est particulièrement talentueux, en allant même plus loin, en piochant un peu partout, Valla va nous délivrer un album habilement varié, bon, ça reste dans le bourrin, mais jamais Vredehammer ne sera répétitif ou trop bas-de-plafond, prenez un morceau comme Ursus, c'est bien simple, on dirait une composition échappée d'un album d'Amon Amarth, Valla va même pousser le vice jusqu'à tenter d'imiter Johan Hegg, un titre de Death mélodique plutôt épique par moment, avec une très discrète touche de Black, et que dire d'un titre comme Cyclone, une grosse baffe avec un drumming complètement dantesque et un groove infectieux, il faudra attendre le dernier titre Blodhven pour retrouver le Black rageur et brutalement atmosphérique du premier album, avec son déluge de riffs et de mélodies enchevêtrées, ce dernier morceau rassemble d'ailleurs tout ce qu'à pu faire Vredehammer sur deux albums, du Black, du Death, du Groove, du Melodeath, sans que jamais cela ne sonne comme un simple fourre-tout.

Per Valla s'est fait plaisir avec cet album, et ça s'entend, il n'est absolument pas question ici de réinventer quoi que ce soit, l'album étant davantage un assemblage de références, mais Vredehammer parvient à faire fonctionner tout ça avec un délicieux côté furibard, Violator est un disque fun, très fun même, ça sauce, ça rentre dans le lard, on survole tout un tas de genres avec un excellent sens de la synthèse, et même si ce n'est pas le genre d'album qui changera votre vie, on passe un putain de bon moment pendant une grosse demi-heure de violence et d'intensité, groovy, dynamique, une section rythmique au taquet, des riffs agressifs, des leads inspirées et accrocheuses, c'est du bon boulot, et, sans trop tomber dans le racolage, Violator s'avère immédiatement addictif, en mode décontracté du slip.
Track Listing:
1. Light the Fucking Sky  05:06
2. Spawn Tyrant  03:28
3. Violator  03:55
4. Deadfall  05:19
5. Ursus  04:48
6. Cyclone  05:00
7. Blodhevn  05:50