Finalement c'est devenu pas si mal le mois de janvier, de plus en plus de groupes sortent des disques, et pas n'importe lesquels puisqu'il y a de gros poissons dans le lot, et c'est donc tout naturellement qu'aujourd'hui nous allons parler d'un groupe complètement inconnu qui sort son premier album, ouais, c'est comme ça, vous attendiez peut-être que je vous parle d'Abbath ou de Rhapsody, ce sera chronique découverte, on verra plus tard pour le reste.
Bref, Construct of Lethe donc, groupe américain existant depuis quelques années sous ce nom-là où au travers de ses différentes incarnations Bethledeign ou Xaoc, des projets qui n'ont jamais dépassé le cadre de la démo ou de l'EP, mais cette fois-ci, c'est la bonne, enfin, à moins d'un nouveau split ou d'un changement de nom, le guitariste Tony Petrocelly a assemblé un vrai groupe pour enfin sortir un album, en indépendant, rassemblant pas mal d'idées qu'il avait eu pour un autre de ses projets défunts, Dead syndicate, ouais, c'est le bordel habituel de l'underground, passons à autre chose...
Bon, vu le nom du groupe et la pochette, il n'y a aucun doute, Construct of Lethe, c'est du Death, pas du Tech-Death prog jazzy ou je ne sais quoi, ici, c'est du frontal, du gros méchant Death qui tâche, mais pas du Old-School, juste du Death légèrement blackisé qui serait plus à rapprocher d'un Behemoth fin des années 90, on ne sera pas non plus surpris que les gars aiment également Morbid Angel, Angelcorpse ou Nile, d'ailleurs ça ressemble un peu à ce que fait (faisait?) Ikkadian, il faut dire aussi qu'on retrouve derrière le micro Donny Doss, qui n'est autre que le hurleur d'Ikkadian, ceci explique surement cela, d'un autre côté, la Virginie c'est pas bien grand et la consanguinité doit surement être de mise dans le scène Death underground locale.
Partant de là, avec toutes ces références, il va s'en dire qu'avec Corpsegod, Construct of Lethe va envoyer le pâté en mode annihilation totale de vos cages à miel, un Death Metal intense, rugueux, violent, jouant sur le mid-tempo écrasant, s'aventurant souvent sur le territoire de la haute vélocité, avec également un chant plutôt incantatoire assez typique de Donny Doss, ce qui confère à Construct of Lethe un petit côté Behemoth pas désagréable du tout, mais à petite dose, car c'est bel et bien de Death Metal redoutable et méchant dont il sera principalement question, avec ses qualités, mais aussi quelques limites inhérentes au genre.
L'une des forces, c'est bien évidemment le côté rouleau compresseur du truc, Construct of Lethe ne va presque jamais laisser à l'auditeur le temps de souffler, enchaînant inlassablement les plans intriqués tous plus brutaux que les autres, aucune pitié, aucun temps mort, Corpsegod est un véritable mur du son ultra violent, le titre d'ouverture Lamashtu sera d'ailleurs assez révélateur du contenu de l'album, c'est lourd, très lourd, avec une batterie marteau-piqueur et des riffs bulldozer, l'attaque est frontale, ravageuse, mais pas tellement bas-de-plafond et idiote, Construct of Lethe s'avère assez vicieux dans son enchevêtrement de riff et de lead, avec même une relative dimension technique, le groupe va même parvenir à développer des atmosphères pas vilaines du tout sur la plupart des titres, en grande partie grâce au chant de Doss, Abandoned to Conflagration se montrera d'ailleurs bien plus véloce et destructeur en augmentant encore le niveau d'intensité d'un cran pour un résultat plutôt décoiffant.
Construct of Lethe n'a de leçon à recevoir de personne quand il s'agit d'envoyer la sauce à haute vitesse, mais le groupe va également parvenir à se montrer plutôt à l'aise quand il s'agit de ralentir le tempo, l'introduction d'Ilu Pagru marchera carrément sur les plates-bandes de Nile avant de s'engouffrer dans un Death ultra speedé où le growl bien profond fera des merveilles, de mêmes que les petites leads vicieuses qui ne font que renforcer l'atmosphère poisseuse et ritualiste de la chose, The Incapacitants montrera un groupe capable de calmer le jeu quand le besoin s'en fait sentir.
Construct of Lethe tente d'apporter de la variété, mais pas suffisamment, c'est bien la limite principale de ce genre de Death, c'est que passée la demi-heure, les morceaux ont cette fâcheuse tendance à un peu tous se ressembler, et même si on peut tenter de se raccrocher aus variations de tempo, Corpsegod devient assez vite épuisant, ce n'est pas la faute à la production soignée et plutôt organique, d'ailleurs pas trop compressée, avec un DR6 vraiment pas mal pour ce genre en particulier, mais c'est davantage un problème de structures, Construct of Lethe peut parfois vite tourner en rond, et un peu à vide aussi, avec des titres qui en font parfois un peu trop dans l'ultra-violence et le côté défouraillage total, le groupe est capable de développer des ambiances diablement malsaines, mais ne semble pas trop intéresser ici à les fouiller davantage.
Malgré tout, on a affaire à un bon petit disque de Death Metal qui saura satisfaire les plus fins gourmets d'entre-vous, même si son intensité et son caractère étouffant peuvent le rendre quelque peu épuisant, Corpsegod est un très bon point de départ, et surtout une bonne carte de visite présentant toutes les compétences de Construct of Lethe.
Si vous aimez votre Death ultra brutal et légèrement ambiancé qui rentre dans le lard sans aucune forme de pitié, vous trouverez surement votre bonheur avec Corpsegod, en plus c'est en Name your price sur Bandcamp, aucune raison de passer à côté...