vendredi 23 novembre 2012

[Chronique] Zarpa - Las Puertas Del Tiempo


Il semble que ce blog baigne quelque peu dans le old school depuis quelques temps, alors j'assume, jusqu'au bout, car aujourd'hui on file en Espagne, une fois de plus, à la découverte d'un groupe qui m'était jusqu'ici totalement inconnu, malgré son âge canonique, c'est d'ailleurs un pote espagnol (Marc, qui par ailleurs m'a fait découvrir une tripotée de groupes ibériques ces dernières années) qui m'a envoyé ce truc, car vous devez bien vous en douter, avec le chant espagnol de rigueur, c'est pas demain la veille que le groupe sera distribué correctement ici.
Bref, voici donc Zarpa, groupe formé en 1977 du côté de Valencia, qui déboule avec son neuvième album sous le bras (seulement neuf? ben ouais, le groupe a splitté pendant plus de dix ans vers la fin des années 80 avant de se reformer en 2000), Las Puertas del Tiempo, afin de donner une bonne petite leçon de Heavy Metal traditionnel à l'ancienne, un album que bien évidemment je ne jugerai pas par rapport aux albums précédents car c'est pour moi une découverte, et qui donne malgré tout l'envie de se plonger davantage dans la discographie du groupe...

C'est marrant quand même, ça m'a toujours étonné cette manie qu'ont les groupes espagnols à chanter dans leur langue natale, surtout chez les dinosaures ou plus généralement chez les groupes de heavy traditionnels, comme Mago de Oz, Tierra Santa, Saratoga, Obus ou Bajon Rojo, un attachement à la langue surement dû à la culture, mais peut-être aussi un peu mercantile, car le fait de s'exprimer en espagnol doit surement ouvrir aux groupes les portes du marché sud-américain, de plus, ça évite aussi le chant en anglais avec accent ridicule, plutôt rédhibitoire.
Bon, fin de l’aparté, Zarpa donc, toujours emmené par son géniteur, le seul qui est là depuis le début, le chanteur-guitariste Vicente Feijoo, qui apporte son timbre de voix très particulier au Heavy du groupe, une voix puissante, qui ne fonce pas trop dans les aiguës, la voix d'un type qui a de la bouteille et du coffre.
Zarpa, c'est donc du Heavy old school, qui sent bon les années 80 et les vestes à patchs, fait avec amour et savoir-faire par des artisans qui connaissent la procédure sur le bout des doigts, c'est pas ici qu'il faudra attendre une révolution musicale, Zarpa n'invente absolument rien, et après tout, c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleurs soupes... enfin, pas tout le temps, parfois ça sent le vieux grenier humide et la naphtaline, mais heureusement, ce n'est pas du tout le cas ici, surtout que ces espagnols assument totalement les clichés inhérents au genre, et semblent s'amuser avec.
Dès le début de l'album, il n'y a pas tromperie sur la marchandise, car Zarpa attaque pied au plancher, c'est pas compliqué, le groupe balance ses trois plus grosses bombes histoire de mettre les pendules à l'heure, avec un Rescatame direct sans fioritures (d'ailleurs, dans la situation actuelle du pays, ça me fait plutôt marrer un groupe espagnol qui chante "sauve-moi" sur un disque qui sort sur un label allemand...), suivi par un Karthago plutôt speed avec de très bon soli, avant le tube au titre cliché à souhait Manowaresque, Esto es Heavy Metal, à l'efficacité redoutable avec sa rythmique plombée et son refrain que tu chanteras quand même même si tu parles pas la langue, un titre qui fait d'ailleurs pas mal penser à du Judas Priest dans l'esprit, surtout le chant sur la fin.
Les deux titres suivant voient le tempo se ralentir un peu, et l'ambiance s'assombrir, pour un résultat plutôt mitigé, car alors que Las puertas del tiempo est un titre globalement mid-tempo assez mélodique vraiment réussi avec quelques accélérations judicieuses, je n'en dirais pas autant de Demonios en tu cabeza, l'ambiance est pour le coup très sombre, et sonne une nouvelle fois un peu comme du Judas Priest, mais le chant à tendance à m'énerver avec un Feijoo qui semble trop pousser dans les aiguës pour un résultat vraiment pas concluant.
Question de goût sans doute, mais heureusement, Trovador / Trovador Electrico va mettre tout le monde d'accord avec sa longue chevauchée épique de sept minutes, qui nous conte l'histoire d'un troubadour, devenant donc un troubadour électrique (ok, ça ne veut rien dire), une jolie intro folk à base de luth rappelant un peu Mago de Oz, suivie d'une jolie cavalcade metallico-folk admirablement maîtrisée et riche d'arrangements.
Par la suite, un autre trio de très bons titres de Heavy Metal classique dans la plus grande tradition du groupe, Prisioneros de un mundo letal, Vuela libre el dragon, et El duende se fue (un hommage à Dio), sur ces titres, grosse rythmique, refrain Power Metal entêtant, bons soli, rien à jeter, c'est par la suite que ça se gâte un peu...
C'est pas la grosse chute, mais quand même, l'album connait un petit coup de moins bien, après tout, ils sont plus tout jeunes, ils ont surement eu besoin de souffler un peu, avec une balade bien mielleuse, En soledad, qui dure bien trop longtemps, je n'ai rien contre le principe de la balade, surtout que c'est pas vraiment raté, le chant est très bon, et le passage acoustique tombe au bon moment avant un petit solo, mais plus de cinq minutes pour ça, en bon bourrin, ça m'ennui un peu.
Courant alternatif donc, car après la ballade, une cavalcade à la Maiden, No hagas la guerra, qui tabasse plutôt correctement, avant un Mensajeros del sol très moyen qui ne va nulle part, rien à retenir, même pas un refrain correct, bref, pas génial du tout, et vous l'avez deviné, derrière, ça reprend les hostilités pour mon plus grand plaisir, avec un très bon Chicas del Metal, encore un titre cliché, mais le genre de titre direct et très fun où le groupe excelle, l'album se concluant sur un très lourd Yo soy el poder y la ley, un bon petit titre pour dire au revoir...

En fait, le seul léger problème de Las puertas del tiempo, c'est évidemment sa longueur excessive, le disque fait une grosse heure, surement une quinzaine de minutes de trop, un format plus resserré aurait surement évité une fin d'album en forme de montagnes russes.
Malgré tout, on ne va pas cracher dans la soupe, Zarpa nous délivre un disque très réussi dans son genre, c'est old school, à l'ancienne, une musique de vieux briscards, sincère, très solide, bien composée, diversifiée, les espagnols n'inventent rien, c'est sûr, mais délivrent une belle collection de pépites, sans se prendre au sérieux, avec une bonne dose de fun (matez-donc le clip!)  et d'amour pour le travail bien fait, ce qui est le cas ici...
(Facebook: Zarpa)

Esto es Heavy Metaaaaaaaaal!
3.5 / 5