dimanche 4 mars 2012

Napalm Death - Utilitarian






Napalm Death jouit d'un statut un peu à part sur la scène Metal, car les anglais sont d'authentiques légendes du Grindcore, que tout le monde respecte, et même si bien sûr il y a eu parfois un peu de moins bien (l'orientation plus Death Metal notamment), ils n'ont jamais véritablement déçu, livrant régulièrement des albums dévastateurs et toujours aussi engagés.
2012 marque donc le retour de Napalm Death avec son quinzième album sous le bras, intitulé Utilitarian, trois ans après un excellent Time waits for no Slave, et autant le dire tout de suite, cette fois encore, la déception n'est pas au rendez-vous...

Napalm Death est un groupe paradoxal, alors que la plupart des groupes ont la fâcheuse tendance à se ramollir avec l'âge, le groupe semble plus en colère que jamais, et Utilitarian en est le parfait exemple, la musique du groupe est toujours aussi intense et violente, voir même légèrement plus qu'auparavant, surement à cause de ce retour au grindcore des débuts.
Donc oui, Utilitarian est brutal, rapide, intense, mais contrairement à d'autres ne sombre jamais dans la stérilité ni même la facilité, le bourrinage n'est ici jamais gratuit, et c'est bien la force du groupe.
Mais bon, faut pas pousser non plus, niveau originalité, on repassera, car après tout, Napalm Death a un Son très spécifique duquel ils ne varient plus beaucoup depuis quelques années, et même si on a droit à quelques petites surprises, Utilitarian reprend globalement les même éléments que Time waits for no slave, dans un format plus raccourci, la durée moyenne des titres ayant un peu fondu, rendant l'ensemble un poil plus intense.
Au menu, donc, le groove dévastateur de la basse de Shane Embury, l'avalanche de blast beats de Danny Herrera, les riffs incendiaires de Mitch Harris, et surtout, les growls monstrueux de ce bon vieux Barney, je ne sais pas si c'est seulement moi qui ait cette impression, mais il me semble que Barney gueule avec de plus en plus d'intensité d'album en album, ce type hurle ici comme si sa vie en dépendait, et c'est vraiment bluffant.
L'album débute par une intro, une sorte de mid-tempo très sombre, ce qui sera le seul moment calme du disque, avant que ne débutent les hostilités avec le brutal Errors in the signals qui va vous défoncer le cul en trois minutes, un premier brûlot avant que ne déboule le très peu orthodoxe Everyday Pox, une véritable charge folle contenant des passages au saxophone de cinglé de John Zorn, autant dans le Metal ce n'est plus une nouveauté avec Shining et Ihsahn, autant dans Napalm Death, j'en reste encore sur le cul.
Utilitarian est donc, comme prévu, une succession de titres courts et dévastateurs, une véritable agression sonore en règle qui vous pulvérise les conduits auditifs, avec une efficacité inégalable.
Bien sûr, l'album n'est pas avare de surprises, notamment le très punk The wolf I feed, qui contient un refrain en chant clair, qui sonne comme Burton C. Bell de Fear Factory! Vraiment surprenant, on retrouve également sur Fall on their Swords et Leper Colony des espèces de choeurs bizarres qui donnent une coloration très sombre et quasi atmosphérique aux titres, passages que l'on trouvait déjà en moins poussés sur l'album précédent.
Malgré cette déferlement de sauvagerie, et c'est bien la grande force d'Utilitarian, on ne se fait absolument pas chier, car chaque titre, aussi bourrin soit-il, est différent et a sa propre identité, on a pas cette impression d'écouter constamment la même chose du début à la fin, même si l'album s'épuise un peu dans le dernier quart, les titres perdant quelque peu de leur impact, le disque est peut être un poil trop long.
Malgré tout, je reste assez perplexe sur la durée de vie de cet album, en effet, on prend beaucoup de plaisir dès la première écoute, c'est ultra brutal, agressif, rentre-dedans, un véritable défouloir qui donne la patate, mais justement, l'album se dévoile vraiment trop vite, et on ne découvre plus grand chose de neuf lors des écoutes suivantes, un peu comme une strip-teaseuse que attaquerait directement à poil sans te chauffer avant, Utilitarian semble être plutôt le genre d'album que tu sors de temps en temps pour te défouler, et dans ce genre-là, c'est vraiment réussi, surtout qu'en dehors de cette musique agressive, les paroles de Barney sont toujours aussi vindicatives et politiquement engagées.

En conclusion, Utilitarian est un bon cru de Napalm Death, il semble que le temps n'ait aucune influence sur la rage et la colère des anglais, et c'est plutôt une bonne nouvelle, ce disque est un bon coup de rangers dans la gueule, une décharge Grind/Punk sans concessions, avec quelques nouveautés intéressantes, qui s'épuise malgré tout un tout petit peu vers la fin.
Le seul problème vient donc de la durée de vie, qui m’apparaît comme assez limitée, et de ce point de vue là, Utilitarian est légèrement inférieur a un Time waits for no Slave ou The code is Red..., je ne me vois pas trop y revenir souvent malgré tout le plaisir que j'ai pris à l'écouter.
Utilitarian reste malgré tout un monstre redoutable d'efficacité qui pulvérise tout sur son passage, mais à l'intérêt sur le long terme plus que discutable...

Brutal, direct, efficace, mais a durée de vie limitée...
3.5 / 5