Après un début de carrière tonitruant, Nattestid Ser Porten Vid en 1999, et Over Bjoergvin Graater Himmerik en 2002, ayant pour point culminant le gigantesque Hordalands Doedskvad en 2005, il faut bien avouer que Taake s'était ensuite pris quelque peu les pieds dans le tapis avec un album éponyme un peu moins glorieux, pas mauvais, loin de là, juste moins inspiré et différent.
Différent, mais pas tant que ça non plus, Taake évolue toujours dans son Black n Roll mélodique, se contentant juste de quelques variations de temps en temps, ce qui est bien là où réside le génie de Hoest, proposer un black typiquement scandinave tout en imposant une vision personnelle de son art.
Dans ce sens, on peut dire que ce Noregs Vaapen est une réussite, et cerise sur le gâteau, non dénuée de surprises.
L'album débute par Fra Vadested til Vaandesmed qui vous prend aux tripes avec son riffing glacial typique du genre, froid, envoûtant, et qui nous conduit vers le break central, sur lequel Nocturno culto de darkthrone vient poser quelques lignes de chant, le titre est long, comme d'habitude, et se termine par une nappe de clavier menaçante appuyant le riff principal, pour un résultat très convaincant.
Taake met tout le monde d'accord dès le premier titre, le riff est très simple, mais très mélodique et catchy, on rentre dedans et on n'en sort plus.
Les sept titres de ce Noregs Vaapen ont chacun leur propre personnalité, Hoest réussissant à éviter toute forme de répétition, prenant le temps de développer à chaque fois des ambiances différentes.
Orkan est très classique dans la première moitié, avant de connaitre de nombreuses variations dans la seconde, Nordbundet se voit gratifier d'une intervention de Attila Csihar de Mayhem, un titre classique mais un final vraiment bien foutu (comme toutes les chansons de Taake finalement, il se passe toujours des choses vers la seconde moitié), Du Ville Ville Vestland (avec Demonaz en guest) est un titre de Black n' roll glacial qui atteindra son paroxysme vers 4 minutes, moment ou le titre partira dans un trip beaucoup plus atmosphérique, de toute beauté, et qui concourt sans problème pour le titre de meilleure chanson de l'album.
Enfin voici le titre WTF de l'album qui fera beaucoup parler, car avec Myr, Taake invente tout simplement un nouveau genre, le Banjo Black Metal !
La chanson et très sombre, assez brutale, l'ambiance est glauque à souhait, et tout à coup, sortant de nulle part, déboule un Banjo, l'ambiance change du tout au tout, et on se croirait dans une version déglinguée de Deliverance, où l'on imagine bien Hoest armé de sa guitare électrique au coin du feu jouant à côté d'un jeune redneck norvégien édenté.
Choquant, mais j'ai adoré.
Pour se remettre de nos émotions, Taake nous propose ensuite le brillant Helvetesmakt, un titre très atmosphérique, tirant parfois sur le doom, possédé et hanté par... une mandoline.
Dei vil alltid klaga og kyta et ses 10 minutes clôture cet album de manière plutôt correcte, le titre souffrant de quelques longueurs malgré un final du plus bel effet.
Taake signe ici l'une de ses oeuvres la plus aboutie, les riffs, les atmosphères, les ambiances, et les nombreuses surprises, tout s'emboîte à la perfection sans fausse notes, le groupe (seulement Hoest en fait) n'hésitant pas à ajouter quelques nouveaux ingrédients à sa recette (au risque de choquer les orthodoxes) permettant de rafraîchir sa tambouille.
Surement le meilleur album de black norvégien que vous écouterez cette année.
Trve Kvlt Banjo Black Metal
4.5 / 5