2149, la Terre va mal, surpeuplée, polluée, l'humanité menacée d'extinction, mais heureusement, les gars ont une idée, ramener tout ce beau monde dans le passé, un petit saut de 85 millions d'années, afin de recommencer sans reproduire les même erreurs.
85 millions d'années ? mais y'a des dinosaures !! du coup, cette série sera produite par un amoureux de ces bestioles, Steven Spielberg, qui, même après la catastrophe Falling skies, s'est dit que foirer une deuxième série en un an était tout à fait dans ses cordes.
Parce que non, Terra Nova n'est pas une franche réussite...
On peut dire que ce Terra Nova était plus qu'attendu, du gros buzz ma bonne dame, pour se qui s'annonçait comme le gros Blockbuster de la rentrée série, mais le résultat est très loin des attentes, scénario convenu, personnages stéréotypés, et une fois de plus une orientation grand public à base de bons sentiments et de valeurs familiales...
Ne surtout pas se fier au trailer et son son montage nerveux, Terra nova est beaucoup plus lent et moins riche en action.
Pourtant, placer des humains dans un environnement hostile où il ne sont pas au sommet de la chaîne alimentaire paraissait une bonne idée, avec en plus quelques mystères et une théorie du complot pour pimenter le tout, tout était réuni pour faire de Terra nova une réussite.
Malheureusement, malgré de gros moyens, Spielberg transforme une fois de plus l'or en plomb...
Le double épisode initial nous présente donc la famille Shannon, avec Jim le policier, sa femme médecin Elisabeth, le fils ainé rebel, sa soeur futée, et la petite dernière qui ne sert à rien.
Enfin si, elle sert à envoyer son père en taule, car alors que la loi interdit d'avoir plus de deux enfants, Jim et sa femme ont eu la brillante idée d'en faire un troisième, pour quelles raisons ? aucune idée.
Jim en taule, Elisabeth et ses gosses sont quand même sélectionnés pour faire partie du dixième envoi de colons vers Terra nova, bien évidemment Jim se sauve de taule au dernier moment et arrive à passer le portail avec sa famille.
85 millions d'années, certes, mais par contre sur une ligne de temps parallèle, petite astuce scénaristique afin d'éviter tout problème de paradoxe temporel.
Ce petit problème évacué, la série débute enfin, les Shannon s'installe dans la colonie, et Spielberg nous fait le coup des dinosaures géants herbivores et sympa, les même que dans Jurassic Park, séquence émerveillement pénible...
Le déjà-vusaurus
C'est à peu près à ce moment là que la série se dégonfle et prend clairement son virage vers le divertissement familiale pépère, où l'on sait d'avance qu'on va bien se faire chier.
Au niveau des personnages, difficile de faire plus caricaturaux, la famille, d'abord, avec Jim le flic courageux, sa femme en docteur au grand coeur, le fils aîné rebelle, qui évidemment est une tête à claque qui va faire une connerie dès le premier épisode, la fille qui sait tout sur tout et passe son temps à ramener sa science, et la gamine qui cette fois-ci ne sert absolument plus à rien.
"Papa, j'ai peur, on est où là ?
- Putain, une production Spielberg"
Il y a aussi toute une série de militaires, menés par le big boss du camp, le commandant Taylor, qui en fait des tonnes dans son rôle de patriarche dur à cuir mais au coeur tendre tout en étant intérieurement torturé (ça fait beaucoup pour un seul homme).
Bien sûr, une grande partie de la série s'articulera autour de la vie dans le camp, ce qui promet un paquet de scènes pénibles et inutiles, sans oublier les amourettes entre les ado et leurs histoires médiocres.
Pourtant, la série introduit plusieurs idées intéressantes, qui seront bien sûr sous-exploitées.
D'abord les Sixers, un groupe de colons ayant fait sécession afin de fonder leur colonie parallèle, dont les motivations sont pour l'instant assez floues, ensuite une sorte de complot plus global, mettant en cause la vraie raison du projet Terra Nova, on peut aussi rajouter les mystérieuses équations gravées dans la cascade, mais il semble qu'elles soient l'oeuvre du fils de Taylor qui s'est lui aussi barrée de la colonie.
Bref, il va donc falloir tenir une saison entière (voir plus) avec ça, c'est franchement pas gagné, tant ces enjeux semblent assez faiblards et surtout l'histoire va mettre une éternité à avancer vu le rythme du truc.
Car oui, Terra Nova est lent, même si entre les histoires inintéressantes avec les ados, on trouve un peu d'action, qui ne servent que de prétexte à montrer des dinosaures et à justifier le budget.
Seule scène intéressante du pilote, l'attaque des gamins la nuit, on sent un peu de tension, on ne voit pas trop les bestioles, c'est plutôt réussie, je l'admets.
Mais malheureusement, après ce double épisode inaugural chargé de nous présenter les personnages, les enjeux, et ce nouveau monde, l'épisode suivant n'est qu'un énorme filler absolument sans intérêt, au cours duquel on suivra un ado voulant acheter une guitare avec en fil rouge l'attaque du camps par une nuée de bestioles volantes, mais heureusement, tout ce termine bien à la fin, et toute la famille se retrouve.
La théorie du complot, les sixers, que dalle cette fois-ci.
"Ce soir, élection de miss camping"
Terra Nova est donc une série profondément grand public, un peu comme Falling skies, ou comme No Ordinary Family la saison dernière, on sombre dans un océan de bons sentiments, alors que tous les éléments étaient là pour faire une putain de bonne série.
Cette série me rappelle beaucoup la britannique Outcasts, qui proposait également une colonie d'humains en territoire hostile, avec également son groupe de dissidents, son petit complot, et ses mystères, les dinosaures en moins.
C'est la deuxième fois que Spielberg nous fait le coup cette année, prendre des éléments avec beaucoup de potentiel afin d'en faire une grosse soupe indigeste, en véritable tâcheron du spectacle de masse.
Avec ses personnages caricaturaux, sa psychologie de bazar et sa narration simpliste, ne reste finalement qu'un joli livre d'images, car il faut bien avouer que c'est visuellement bien foutu, les décors, la photographie, le design des véhicules et les bestioles, on sent le gros budget, mais tout ça ne parvient pas à sauver l'ensemble.
Terra nova est lisse, assez paresseux, mou du genou, et ne propose pas grand chose de neuf, en demeurant très superficiel.
A éviter...