En 2009, Megadeth faisait un retour en grâce remarquable avec Endgame, non pas que l'on touchait au génie, mais cet album revenait quelque peu aux sources du Speed Thrash originel, et même si l'ensemble se révélait parfois un peu stérile, il démontrait que le rouquin en avait encore sous la semelle.
Certes, on était loin de l'excellence d'un Rust in Peace, mais Mustaine avait encore une tonne de riffs et de soli en stock (Bien aidé en cela par l'excellent Chris Broderick), à défaut d'avoir encore des idées...
Bref, Endgame ça envoyait grave du Speed Thrash dans ta face, et globalement, c'était largement suffisant et dans un sens rassurant, surtout après des années d'errance à faire un peu n'importe quoi...
2011, voici donc que déboule ce Thirteen (alias Th1rt3en parce que ça fait plus cool et djeun), soit le... 13ème album du groupe (Malin...), qui marque également le retour au bercail du bassiste originel Dave Ellefson, 10 ans après The world needs a Hero, et malheureusement, à l'image de sa pochette, pas une grande réussite...
La grande force d'Endgame résidait dans cette cavalcade quasi incessante, cette avalanche de soli envoyés à la vitesse du son, mais constituait également son principal défaut, car tournant parfois à la démonstration technique stérile, mais on s'en foutait, Megadeth retrouvait ses couilles et envoyait la sauce, c'était agressif et speed, comme au bon vieux temps.
Th1rt3en est très différent, et voit Mustaine de nouveau faire marche arrière et d'une certaine manière retomber dans ses travers, non pas que cet album soit mauvais, ne vous méprenez pas, il est juste beaucoup plus mou, et représente donc une déception après les espoirs suscités par son prédécesseur tout en muscle.
A titre de comparaison, Thirteen est à Endgame ce que Countdown to Extinction est à Rust in Peace, une volonté de calmer le jeu, avec des titres plus mid-tempo et une orientation plus heavy, et si au début des années 90 la démarche était logique dans l'optique de toucher un public plus large (syndrome Metallica), j'avoue avoir du mal à comprendre l'intérêt en 2011.
Bon, j'admets, tout n'est pas si noir que ça, car même en fonctionnant au ralenti, Megadeth est toujours capable de proposer de putains de bon titres, mais ces pépites côtoient malgré tout des titres à l'intérêt plus que discutables, parce que bon, c'est le treizième album, ça s'appelle 13, il fallait bien faire un peu de remplissage pour atteindre les treize chansons...
Pourtant l'album débute assez bien, avec la première minute de Sudden Death, qui donne de l'espoir, mais pas de bol, la suite sera moins engageante, avec un gros mid-tempo mélodique assez pantouflard, le titre est très linéaire, les soli peu inspirés, le riff pauvre, on y croit un peu vers la moitié du morceau, mais ce ne sera qu'un pétard mouillé, heureusement, le titre suivant, le single Public enemy No.1 remonte la barre avec un refrain beaucoup plus accrocheur et d'excellents soli, le titre fonctionne vraiment bien, de même que le plus véloce Whose life (is it anyways?) qui voit Megadeth accélérer enfin le tempo, enfin de la rage dans ce disque.
A partir de là, on se dit que Th1rt3en a enfin démarré et va trouver son rythme de croisière, mais malheureusement, derrière, c'est la douche froide, avec les médiocres We the People et Guns, drugs & money, 2 chansons plus orientées Hard rock, c'est plat et poussif, il ne se passe pas grand chose, contrairement à Never dead et son rythme plus enlevé, c'est pas du grand Megadeth, mais après les deux daubes, on ne fait pas la fine bouche, le refrain est très bon, dans le pur style Megadethien, il se passe enfin des trucs, des changements de rythmes, les soli sont nombreux est assez bons, mais malheureusement, le soufflet retombe avec New world order, qui n'est autre qu'une vieille démo de 91 ré-enregistrée pour l'occasion.
La première partie du titre est mauvaise, chiante, et miraculeusement, le rythme s'accélère soudain vers 2'30 et on retrouve le Megadeth qui fait plaisir, celui qui envoie le pâté dans ta face.
A partir de là, l'album va enchaîner 3 bons titres, un miracle que l'on attendait plus, avec Fast lane, Black swan, et Wrecker, bien sûr, on reste dans une optique plus Heavy que Thrash, avec ces gros riffs et quelques accélérations et changements de rythmes bien sentis, l'ensemble est très dynamique et très rentre-dedans, surtout Wrecker.
L'album ce serait arrêté là que je serais resté sur une impression assez positive, pas de chance, il reste 3 titres, et franchement, c'est de la merde. (ouais, j'ai pas d'autre mots, et pourtant, ça me fait mal d'écrire ça car j'adore Megadeth)
Entre Millenium of the Blind, l'espèce de balade foireuse qui n'en est pas une avec un Mustaine vocalement pénible, un Deadly Nightshade qui ne va absolument nulle part, et le totalement inutile 13, il n'y a pas grand chose à sauver ici, à la limite du foutage de gueule.
En conclusion, Megadeth nous propose ici un album plus que moyen, avec quelques hauts, et beaucoup de bas, Th1rt3en est constamment branché sur courant alternatif et alterne entre le bon et le mauvais, sans jamais trouver son rythme de croisière, et se termine en eau de boudin, surtout que l'album est vraiment trop long, quasiment 1 heure, et ne met rien de pertinent sur la table.
Pas vraiment de brûlots Thrash à se mettre sous la dent ici, quelques titres très solides, quelques passages qui arrachent les poils, mais aussi beaucoup de remplissage, dont des titres profondément médiocres dignes des heures les plus sombres du groupe.
Thirteen manque cruellement de folie, de muscles et de cohérence, c'est dommage car quand le groupe se bouge le cul, il est encore capable d'envoyer des baffes dans la gueule, mais une fois de plus, Megadave s'est pris les pieds dans le tapis en proposant une soupe tiédasse assez peu inspirée.
Trop long, trop de remplissage, des vieilleries réactualisées, parfois excellent, trop souvent médiocre...
2 / 5