dimanche 17 février 2013

[Chronique] Stratovarius - Nemesis


Il était une fois, à une période pas si lointaine que ça, vers la fin des années 90 voir même au début du millénaire, Stratovarius était grand, un des fers de lance du Metal à l'européenne, et puis d'un seul coup, à partir de 2004, tout est parti en couilles chez les finlandais.
Vrai-faux split, fausse agression/coup de pub pathétique de Timo Tolkki, règlements de compte alcoolisés en interne, un album éponyme en forme de véritable suicide, une période chaotique qui verra Tolkki mettre fin à l'aventure Stratovarius en 2008, la fin un peu ridicule d'un grand d'Europe...
Sauf que voilà, après diverses tractations et échanges de politesse par presse interposée (des histoires de pognons et de droits...), Stratovarius était de nouveau sur les rails avec un nouveau guitariste, et franchement, personne ne donnait cher de la peau des finlandais sans leur maître à penser dictateur bipolaire.
Et pourtant, alors que la carrière de Timo Tolkki s'enlisait dans des projets médiocres à durée de vie limitée, Stratovarius réussissait à sortir deux albums plutôt corrects et réjouissants, Polaris et Elysium, et même si l'âge d'or du groupe est clairement derrière lui, de quoi donner de grandes espérances concernant ce nouvel album... sauf que... non, car Nemesis est profondément décevant...

Ça partait pourtant bien cette affaire au début (même malgré le départ du batteur Jörg Michael), entre la pochette flamboyante où ça pète dans tous les sens et le premier single Unbreakable, ultra efficace, j'y croyais à ce Nemesis, sauf que voilà, Stratovarius a succombé au mal qui semble toucher toute la scène finlandaise, l'overdose symphonique, avec comme symptôme principal une surcharge d'orchestrations et de guimauve à deux balles rose bonbon, un mal ayant déjà touché Nightwish, Ensiferum, Wintersun, ou encore Sonata Arctica...
Oubliez donc les années 90 et le Speed Metal mélodique puissant et racé, le groupe n'y reviendra jamais, puisque le genre est mort depuis un bout de temps déjà, Stratovarius a dû évolué pour survivre, optant donc pour un Power Metal symphonique afin d'entrer dans le nouveau millénaire, avec des hauts pas trop hauts et surtout beaucoup de bas, et avec les deux albums précédents, j'en étais presque arrivé à croire que le groupe avait réussi sa mutation et allait enfin nous balancer LE gros disque post-Tolkki, mais non, ils ont préféré noyé leur Power Metal dans un océan d'orchestrations pénibles, sans pour autant atteindre le niveau de médiocrité du dernier Sonata Arctica.
En effet, contrairement à leurs collègues, Stratovarius n'a pas totalement oublié d'où il venait, et malgré les grosses orchestrations over the top qui bouffent toute la place, le groupe n'a pas trop oublié son Metal en route, on se retrouve donc dans une situation bizarre, où le groupe fait au choix, du mauvais Helloween en version symphonique, ou du Sonata Arctica en plus couillu, dans les deux cas, ce n'est pas du tout réjouissant.
J'y avais pourtant cru en écoutant le disque pour la première fois, et si Nemesis n'avait été qu'un EP constitué des quatre premiers titres de l'album, j'aurais applaudi des deux mains, sauf que voilà, à partir du mal nommé Fantasy, on entre dans le Power Symphonique moisi plein de guimauve et de choeurs, et on ne sortira plus de ce marasme niais.
Quatre premiers titres qui ont de la gueule donc, car après le titre d'ouverture Abandon, classique pour le groupe, mélodique et efficace, voilà que débarque le single Unbreakable, qui est le titre le plus catchy de l'année, malgré le fait que tous les clichés y passent, du piano, des orchestrations, et ce refrain ultra catchy que tu vois arriver à des kilomètres, pourtant, ça fonctionne, tu sais que ça colle un peu dents et que c'est sirupeux, mais l'ensemble est tellement efficace que ça passe.
Après un Stand my Ground correct avec ses choeurs à la Helloween typique du genre, on se tape la première bizarrerie de l'album, avec le très controversé Halcyon Days, et son break electro-technoïde qui a fait coulé beaucoup d'encre sur le net ces dernières semaines, pourtant, aussi étrange que cela puisse paraître, je dois bien avouer que ça fonctionne pas mal, avec un refrain une nouvelle fois efficace, même si le break justement aurait mérité d'être un peu raccourci.
Voilà, sachez qu'à partir de maintenant, je n'aurais plus rien de positif à dire sur cet album, et il y a encore sept titres à se taper, qui vont voir le groupe plonger dans une certaine médiocrité surchargée d'orchestrations et d'effets spéciaux tape-à-l'oeil, les guitares vont passer un peu en retrait, et le taux de guimauve va exploser!
Pendant que j'y suis, au niveau des paroles, même si Stratovarius n'a jamais fait dans la grande poésie, on touche ici le fond de la niaiserie la plus totale, à croire que Timo Kotipelto a fait un stage à l'école Tony Kakko des lyrics de merde, option contes de fée et histoires d'amour adolescentes, il a dû au moins décroché une mention...
Ok, j'admets, je suis à peu dur avec Timo, surtout qu'il n'est pas le seul à écrire les paroles, en plus le chanteur n'est pas en faute sur ce disque, sa performance est même très bonne, dans le style traditionnel du groupe, avec des refrains plutôt bons, j'irai même jusqu'à dire que je suis un peu dur avec ces sept derniers titres, car en fin de compte, il ne sont pas complètement mauvais, c'est juste que chaque tentative de rendre la musique plus bandante ou plus agressive va immanquablement être contrebalancé par une sur-utilisation de claviers et d'effets spéciaux sonores à la con, transformant des titres qui pourraient être pas trop mal en grosse daubasse indigeste.
Niveau claviers pourris, c'est la fête, donc, comme ce bien trop long Out of the fog avec des orchestrations foireuses qui donneront à certains l'envie de danser la gigue, et bien sûr les traditionnelles Power balades sirupeuses, avec l'odieux If the story is over et un Castles in the Air qui ne va absolument nulle part pendant six longues minutes, tout ça est entrecoupé de titres plus que moyens, voir désagréables, à la One must Fall, on pourra éventuellement sauver du naufrage Dragons, si on est pas trop regardant, et je ne peux m'empêcher de penser que si les finlandais n'avait pas plaqué leurs riffs sur des nappes de claviers qui flirtent souvent avec le non-sens absolu, on aurait eu un album qui aurait pu tenir la route, ce qui est loin d'être le cas ici...

Bref, j'attendais beaucoup de ce nouveau Stratovarius, surement trop, car au final, je n'ai pas eu grand chose à me mettre sous la dent, et Nemesis laisse un goût de travail bâclé, car malgré le fait que les finlandais soient encore globalement un groupe de Metal, n'ayant pas franchi le pas du pop/rock pour gamine comme un vulgaire Sonata Arctica, les guitares se retrouvent quelque peu noyées dans un océan d’orchestrations pompeuses mises bien trop en avant, ainsi qu'une utilisation malheureuse d'effets sonores bizarres qui sont majoritairement complètement hors de propos ici, et l'on se demande souvent où le groupe veut en venir.
On est dans une sorte de Power symphonique commercial bancal, et même si certaines chansons sont très catchy, l'ensemble se révèle souvent incroyablement mou du genou, Stratovarius avait l'opportunité de sortir un putain de disque de Metal catchy et efficace, comme le laissait présager les deux albums précédents, mais ils ont préféré emprunter une autre voie, pour mon plus grand malheur...

Foirage Symphonique...
2 / 5