vendredi 9 septembre 2011

Vader - Welcome to the Morbid Reich

Vader, c'est un peu un Opinel, c'est rustique, solide, efficace, et ça ne sert qu'à trancher, certes, c'est moins classe qu'un Laguiole, ça fait moins de truc qu'un couteau suisse,  mais c'est une valeur sûre, à la qualité constante; Alors quand sort un nouvel album, on sait globalement où l'on met les pieds, ce sera une bonne déferlante de Death survitaminé et rugueux dans ta face...

Piotr Wiwczarek (Peter c'est plus simple) est un polonais du genre persévérant, bientôt 30 ans que le gaillard dirige d'une poigne de fer son Vader, avec toujours la même fougue qu'à ses débuts, et ce malgré des changements de personnel à répétition, à croire que tout ce que la Pologne compte de musiciens est un jour passé dans le groupe.
Cette fois encore, ce bon vieux Peter s'est entouré de nouveaux intérimaires, le guitariste Spider, et le batteur   Paul, qui signe ici son dernier album après 3 ans de présence. (Le groupe à donc désormais un nouveau batteur, James stewart, et même un bassiste, un certain Hal)
Sans jamais avoir sorti l'album parfait, Vader n'a jamais sorti une bouse, une constance dans l'effort, avec toujours la même qualité, et grosso modo la même recette, du Riff, du riff, du riff, et un batteur constamment à fond, une technique d'agression constante, mais beaucoup plus fine qu'il n'y paraît, car Vader a son petit secret pour ne pas se prendre les pieds dans le tapis et tomber dans le linéaire barbant.
Le secret, cette alternance entre véritables brûlots très courts qui vous rentrent dans la chair à toute vitesse, et des pièces un peu plus massives, mais toujours assez speed et souvent un peu folles, avec parfois quelques surprises comme ces petits passages symphoniques.
La recette n'a pas changée, et cette fois encore Vader ne fait pas dans la dentelle, moins de 40 minutes au compteur, pas le temps de s'emmerder, ça va chier.
On passe la courte intro toujours aussi inutile, et l'album débute par un Return to the morbid Reich dévastateur, un pur condensé de ce que sait faire Vader, avec ce petit truc en plus, comme ces orchestrations discrètes donnant un ton assez menaçant au morceau, riff brise-nuque, batterie inhumaine, la voix caractéristique de Peter, et ces soli à qui reviennent la tâche de donner un coup de folie à l'ensemble, du bien bel ouvrage.
The Black Eye déboule ensuite avec son intro très speed, le rythme est effréné, les soli à la vitesse de la lumière, avant un énorme passage mid-tempo, implacable, et une nouvelle réaccélération pour conclure.
Une avalanche de riffs qui se poursuit sur le titre suivant, Come and see my sacrifice, tout en variations de tempo, mais d'une extraordinaire fluidité, chaque élément est à sa place, comme une machine de guerre parfaitement huilée, qui avance, pulvérisant tout sur son passage.
Mais que serait Vader sans ses titres très courts, directs et sauvages, le monumental Only Hell knows et ses soli dantesques, la mandale dans la gueule Lord of Thorns, le martial I had a dream, ou encore la petite surprise, un vieux titre ré-enregistré pour l'occasion, Decapitated Saints (issu de The ultimate Incantation), d'une incroyable vélocité qui voit Peter suivre le rythme avec un impressionnant débit vocal.
I am the feast upon your soul est un morceau assez surprenant, avec son intro à la Behemoth, martiale et symphonique, le titre est massif et imparable, tout le contraire de Don't rip the beast's heart out, que je trouve assez linéaire et parfois poussif.
L'album se conclut par un Black Velvet and Skulls of steel, précédé d'une intro de quasiment 2 minutes vraiment trop longue, un titre énorme, un mid-tempo Vaderien, écrasant de puissance, avec son solo de toute beauté.
(Notons que la version Digipack contient en bonus deux reprises, Troops of Tomorrow d'Exploited qui ne m'a pas vraiment botté, et un Raping the Earth d'Extreme noise terror survitaminé joué à une vitesse insensée)

En conclusion, une fois de plus Vader ne s'est pas foutu de notre gueule avec ce Welcome to the Morbid Reich, qui nous propose une bonne dose de Death brutal à souhait et qui niveau qualité se classe assez haut dans la discographie du groupe, le disque est suffisamment varié pour s'écouter sans ennui., Vader ne réinvente rien, mais délivre un très bon album de death metal aux brûlots ravageurs, et c'est tout ce qu'on lui demande, c'est un peu le plaisir simple et authentique des produits artisanaux.
Presque 30 ans après, Vader est toujours là prêt à en découdre, et peut être plus fort que jamais, avec un nouveau guitariste qui assure, après, n'espérez aucun changement, aucune nouveauté, ça tourne en rond depuis le début de toute façon, mais ça bourre, c'est du bon boulot, et notre Opinel polonais est toujours aussi fiable et tranchant...

Un très bon cru !
3.5 / 5