jeudi 21 février 2019

[Chronique] Diabolical - Eclipse

Authentique second couteau de la scène Black/Death suédoise, Diabolical est pourtant un groupe assez différent dans son genre, car plutôt que de nous sortir les mêmes albums tous les deux ans comme tous les gros tâcherons du genre, le groupe a choisi d'espacer les sortis et de prendre son temps pour nous proposer des albums très distincts, d'abord particulièrement ancré dans le Black à ses débuts, Diabolical s'était plutôt orienté vers un Blackened Death très inspiré par Behemoth avant de nous sortir en 2013 un gros pavé de Death symphonique avec un Neogenesis que je considère aujourd'hui encore comme le meilleur album du groupe, en plus d'être le plus ambitieux de leur discographie, de quoi en tout cas avoir des attentes assez élevées alors que déboule six ans plus tard cet Eclipse qui sera une fois de plus assez différent de ce qu'à pu faire le groupe auparavant.

Même si le groupe a tendance à varier les plaisirs au gré des albums, Diabolical reste quand même malgré tout systématiquement en terrain connu, naviguant toujours dans toutes les différentes strates du Death/Black, Eclipse ne fera pas exception, ce nouvel album sera familier et pas vraiment compliqué à appréhender tant le groupe évolu dans une zone de confort à la croisée de tous les différents mouvements du Blackened death, globalement, vous allez vous taper une grosse louche de Behemoth mixé à du Black, du Death mélodique, du Nightfall, du Septic Flesh, et une petite nouveauté, du chant clair qui semble tout droit s'inspirer du Black prog norvégien, Enslaved et Borknagar en tête, le petit problème dans tout ça c'est que malgré toute sa bonne volonté Diabolical n'est pas vraiment un groupe de prog et va montrer assez vite ses limites.
Eclipse est le genre d'album tout aussi satisfaisant qu'il peut être frustrant, il suffit d'écouter le premier morceau, We are Diabolical, qui est une véritable déclaration d'intention de ce que sera l'album, un Black Death Behemotien ultra massif qui intégrera une dimension supplémentaire avec l'ajout de tout l'enrobage Black progressif et le chant clair, le morceau a une structure très directe, montrant un groupe qui revient à une certaine simplicité après Neogenesis, on alterne gentiment entre la violence écrasante et les passages aériens progressifs aux mélodies vicieuses, on ne va pas se mentir, c'est plutôt efficace de prime abord, le problème, et la frustration, viendront plus tard, quand au fur et à mesure des morceaux on réalisera que Diabolical applique toujours la même recette et utilise toujours les mêmes éléments du début à la fin sans réellement de nuances.

C'est là ou le groupe montre ses limites, il a développer une recette et il va tout le temps la suivre sans jamais dévier d'un iota, autant dire qu'après quelques titres vous décrochez et une fois l'album terminé vous aurez bien du mal à vous souvenir de quoi que ce soit, Eclipse est un album qui est un peu entre deux, qui n'est jamais mauvais, mais qui ne parvient jamais à toucher l'excellence, Eclipse est bien trop confortable et sacrifie l'ambition de son album précédent sur l'autel de l'efficacité et de la simplicité, ce qui est assez bizarre pour un album qui intègre autant d'éléments progressifs, il est dommage que le groupe n'utilise ses éléments que comme un gimmick de plus dans sa musique, encore une fois, cela explique surement pourquoi Diabolical est un honnête second couteau et pas un génie du genre.

Eclipse est le genre d'album solide qui passe son temps à tomber à côté quand il s'agit de créer de l'excitation, Betrayal pourrait être un morceau cool, surtout avec ses passages mélodiques en chant clair qui rappelleront Borknagar (Diabolical utilisant désormais pleinement trois chanteurs) mais malheureusement ça tourne vite en rond et c'est répétitif, Inception étant d'ailleurs curieusement similaire au niveau de son harnachement mélodico-progressif, l'album manque également de nuances entre les morceaux, même si bien sûr, pour tenter vainement de donner le change, Diabolical va jouer sur les tempo et quelques effets symphoniques plus ou moins marqués, Black Sun est un renvoi direct à l'album précédent et à Septic Flesh, pour un morceau dont on aurait apprécié une structure moins convenue et moins prévisible, Failure sera envoyé sur un rythme un peu plus endiablé et une fois encore, on aura un plan mélodique et du chant clair que tu vois arriver à des kilomètres, comme je le disais plus haut, c'est une même recette appliquée sur chaque titre qui malheureusement lasse très vite.

Album curieux, où chaque morceau est très bon pris indépendamment, mais dès que tu les mets à la suite dans un album et que tu te cognes la quarantaine de minutes du bouzin ça devient chiant et fatiguant.
Diabolical évolue dans un Blackened Death standardisé et produit à la chaîne, alors ouais, c'est du bel ouvrage, c'est solide, c'est massif, mais tout ça manque de personnalité et de prise de risque, les suédois sont dans une zone de confort aux frontières parfaitement définies et même les nouveautés s'intègrent dans cette zone, c'est un album très référencé qui ne provoque pas d'enthousiasme particulier, il n'y a rien de honteux ou de mauvais là dedans, entendons-nous bien là-dessus, c'est très bien exécuté, c'est super propre, les différentes textures de chant et les orchestrations sont une réelles plus-value, y'a rien qui dépasse, mais putain ce que c'est pas bandant, Diabolical a juste fait le minimum pour être légèrement au dessus de la moyenne sans jamais avoir l'ambition de viser plus haut, et c'est plus frustrant que satisfaisant en fin de compte.
Track Listing:
1. We Are Diabolical  03:54
2. Betrayal  05:07
3. Black Sun  03:55
4. Failure  03:14
5. Inception  04:35
6. Hunter  06:11
7. Tyranni  02:50
8. The Fire Within  05:28
9. Requiem  06:23