jeudi 14 février 2019

[Chronique] Carnal Forge - Gun to Mouth Salvation

Carnal Forge putain! Voilà un nom qu'on avait pas entendu depuis bien longtemps, on savait le groupe plus ou moins actif puisqu'il avait sorti la bagatelle de... deux singles en 2010 et 2014 (des stakhanovistes quoi...), mais avec un dernier album studio datant de 2007, cela fait douze longues années sans que le groupe suédois fasse vraiment parler de lui, mais vous savez quoi? bah faut bien payer les factures et Carnal Forge est un nom qui pèse dans le milieu du Death/Thrash suédois au rayon gros tâcherons de seconde division et y'a bien moyen de monétiser ce qui leur reste de notoriété, en plus y'a pas trop de risque, Carnal Forge est bien le genre de groupe à être capable de torcher un album correct vite-fait sans trop se fouler tout en maintenant certains standards de qualité, et c'est ça qui est cool, car vous savez ce qu'il y aura à retenir de ce nouvel album? ouais... Rien. wait... what?

Même s'il est vrai que le dernier album de Carnal Forge date de 2007, le dernier bon disque du groupe date d'un peu plus loin, globalement Please... Die!, troisième album des suédois sorti en 2001 est le dernier truc correct d'une discographie qu'on pourrait résumer à ses trois premiers disques, et encore, quand je vous parle de de "dernier bon disque", il faut réaliser que dans le cas de Carnal Forge, on raisonnerait plutôt en terme de leur dernier moins mauvais quoi, j'entends bien que le groupe jouit d'une sorte de statut de groupe culte pour une toute petite frange des amateurs de Death/Thrash suédois, Carnal Forge étant une fois encore la preuve que t'as pas besoin d'être bon pour être culte.

Jonas Kjellgren ayant probablement, et heureusement pour lui, autre chose à foutre, Carnal forge, toujours articulé autour des guitaristes Jari et Petri Kuusisto et du bassiste Lars Linden, a recruté un tout nouveau chanteur, c'est l'inconnu au bataillon Tommie Wahlberg qui prend la suite de Kjellgren après le petit intermède Mortensen, l'ancien Nightrage Lawrence Dinamarca étant confirmé à son poste de batteur pour cette nouvelle aventure jusqu'aux confins de l'ennui en pilotage automatique, et ça les enfants, c'était un spoiler de ce que sera l'album.

Partant de ce que je vous ai déjà dit jusqu'ici, vous imaginez bien qu'il n'y aura absolument aucune putain de surprise sur cet album, et que Gun to Mouth Salvation proposera une énième resucée de Death/Thrash à la suédoise surchargé de groove, dans un ensemble effroyablement safe et prévisible, pour simplifier, ça bourre gentiment sans jamais avoir la volonté, ou les capacités, d'aller plus loin que ça, Carnal Forge nous propose une tambouille surannée de Melodeath mixé avec du Kreator, difficile de faire plus simple comme recette, Gun to Mouth Salvation c'est du riff, du riff, encore du riff, de la tartine de riffs dans la gueule, mais malheureusement aucun bon morceau, ce qui est, vous l'avouerez,  plutôt con.

Pourtant dès le titre d'ouverture Parasites ce sera le choc, car jamais Carnal Forge n'avait sonné autant comme... Lamb of God, et c'est pas vraiment ce que j'attendais, il faut dire que le chant de Wahlberg tend à ressembler à celui de Randy Blythe, mais il n'y a pas que ça non plus, Carnal Forge cuvée 2019 est fortement charpenté avec du groove de bourrin, Parasites déroulera la formule qui sera utilisée sur globalement tous les morceaux de la galette, Reforged sera du même tonneau et emploiera les même éléments, de l'agression Death mélodique qui reprend le caractère des hymnes Thrash teuton et du Groove moderne pas si éloigné que ça du Metalcore, et putain que c'est chiant, Carnal forge est devenu aussi inintéressant que n'importe quel Hatesphere, alors ouais, ça poutre bien, mais fichtre que tout cela est vain, Aftermath débute de façon classique avant de s'engager sur un prévisible Groove/Thrash ambiancé et une fin de morceau foutrement répétitive qui lorgne sans vergogne chez At the Gates.

Dans ce marasme et perdu dans cet océan de banalités, un morceau sort du lot puisqu'il n'entre pas dans le moule qu'utilise le groupe sur les dix autres titres, Bound in Flames est enfin un titre cool où Carnal Forge parvient enfin à conjuguer son Groove qui poutre avec ses aspirations mélodiques, ça passe bien sûr pas un chant clair classique dans le genre (et un peu suspect dans sa justesse hein) mais il faut avouer que même si c'est un peu cliché ça passe bien, dommage que dès le titre suivant Gun to Mouth Salvation va recommencer à ronronner et enfiler tout les poncifs habituels et les structures qui alternent inlassablement entre le Thrash/Death mélodique et le Groove, où absolument rien ne va retenir l'attention.

Gun to Mouth Salvation est un album bien trop conventionnel, et également bien trop passéiste dans son approche, pour mériter autre chose qu'une seule écoute pour être sûr avant de passer à autre chose, Carnal Forge applique sa formule basique sans volonté de faire autre chose, mais il ne fallait pas s'attendre à autre chose de la part d'un authentique second couteau de la scène suédoise dont la carrière se résume à quelques étincelles à défaut d'avoir réussi à allumer le feu sacré.
C'est une tambouille de Thrash/Death mélodique chargé de groove, basique, simpliste, à ranger à côtés d'autres groupes de tâcherons du genre comme Dew-Scented ou Hatesphere, c'est pas honteux, entendons-nous bien là-dessus, car y'a quand même du riff qui poutre et de l'énergie à revendre, mais putain ce que ça peut être prévisible et irrémédiablement passable, y'a rien de décevant là-dedans, c'est juste le résumé de ce qu'est Carnal Forge.