lundi 25 février 2019

[Chronique] Vanum - Ageless Fire

Vanum est un peu la nouvelle sensation du Black américain depuis son premier album Realm of Sacrifice sorti en 2015, sauf que voilà, cet album, je me souviens surtout qu'il était chiant à crever et qu'on était assez loin de la bonne presse que le groupe avait eu à l'époque, mais il faut dire aussi que certains avis étaient probablement biaisés par le fait que le groupe était signé par le label à la mode Profound Lore et qu'il est composé de membres dont les plus importants sont Kyle Morgan d'Ash Borer et et Mark Rekevics de Yellow Eyes, ça doit surement aider à générer de la presse positive.
Quatre ans plus tard c'est reparti et voilà que refleurissent les articles dithyrambiques au sujet de leur second album, encore un soufflet qui va vite retomber, me disais-je, sauf que... non, Ageless Fire est cool, pas brillant, pas phénoménal, juste cool, ce qui est un sacré pas en avant pour ce groupe.

Et en dehors du premier album de Vanum vous savez ce qui était chiant aussi? ouais, le dernier Ash Borer qui était foutrement décevant, il était temps que Mr Morgan se sorte un peu les doigts du cul pour nous ressortir un disque correct et c'est sur Ageless Fire que ça tombe, même s'il faut bien être clair sur un point, c'est pas du génie hein, ce que fait Vanum est en tout point conforme à ce que vous pourriez attendre d'une rencontre entre le côté guerrier de Bathory et la beauté naturaliste d'un Agalloch, on sent bien que le but ici n'était pas de faire un album révolutionnaire, car accrochez-vous bien, il y a zéro expérimentation sur la galette, mais juste un bon disque de Black qui propose juste ce qu'il faut de variations pour éviter qu'on s'emmerde.

Et il fallait bien ça, puisque fidèle à son habitude, Vanum va nous balancer des gros pavés de sept-dix minutes à une intro et une outro près, la différence avec le premier album c'est que ce sera largement plus engageant et enthousiasmant, Ageless Fire étant bien chargé en mélodies enchevêtrées au sein d'un songwritting tout ce qu'il y a de plus solide, le longue titre introductif instrumental mettra d'ailleurs dans l'ambiance, le groupe y développant déjà de riches atmosphères et ce caractère guerrier subtilement grandiloquent, avant que Jaws of Rapture ne débute véritablement les hostilités en proposant une définition de ce que sera l'album, un barrage de trémolo et une attaque souvent frontale qui pourtant laisse toute la place aux mélodies et aux discrètes orchestrations, Vanum va privilégier des compositions très directes malgré leur longueur, et na va pas louvoyer non plus dans le Doom comme Ash Borer, ici Vanum porte ses couilles et semble bien décider à rendre un hommage viril à Bathory, la référence est plutôt flagrante de part la manière dont est traitée la batterie, à la fois simple et massive, contrebalançant les tornades de mélodies et les riffs ciselés.

Là où le premier album lorgnait sur une espèce d'atmosphérique hypnotique plombée par des riffs répétitifs et un certain manque de dynamisme, Ageless Fire corrige tous les défauts avec des compositions musclées et furieuses qui mêlent habilement mélodie et brutalité, avec un certain caractère viscéral et urgent qui habite les morceaux, Vanum va bien mieux doser sa tambouille, proposant souvent de larges plans atmosphériques qui amènent beaucoup d'émotion et s'intègrent particulièrement bien dans ces titres fleuves au tempérament guerrier, les ravages de la guerre et ses conséquences en quelques sorte, et les première minutes d'Under the Banner of Death seront d'ailleurs tout simplement majestueuses sur ce point-là, avec juste ce qu'il faut de claviers pour rendre tout ça épique et assez fascinant.

Bien sûr, cette progression de Vanum s'inscrit malgré tout dans toutes les limitations du genre dans lequel il évolue, et il manque aussi ce petit truc en plus qui en ferait un très grand disque, ce supplément de magie ou cette idée lumineuse qui propulserait le black de Vanum dans une autre dimension, il n'empêche que Ageless Fire est un effort tout à fait honnête dans son genre, exactement à mi-chemin entre Bathory et Agalloch, et on pourra certainement regretter que ce ne soit que ça et rien de plus, un disque cool donc, ce qui est déjà pas mal, à la fois guerrier et naturaliste, viscéral et contemplatif, entre spiritualité et mythologie guerrière.