mardi 10 avril 2018

[Chronique] Kalmah - Palo

Que reste-t-il du Death mélodique en 2018? plus grand chose malheureusement, on est loin de l'époque bénie de la première moitié des années 2000 quand le genre était en pleine bourre et que les labels signaient absolument tout et n'importe quoi estampillé Melodeath de Scandinavie, le Death mélodique n'est plus à la mode et ne restent que quelques gros noms qui survivent sur leur gloire passée, quand ils n'ont pas totalement délaissé le genre pour faire autre chose, le Death mélodique est un genre périmé d'une époque révolue, car sérieusement, qui est excité aujourd'hui par la sortie d'un nouvel album de Kalmah si ce n'est le vieux fan un peu nostalgique? pas grand monde, car dans le genre, tout a déjà été fait, déjà été dit, le Metalcore a ringardisé le genre chez la jeune génération, et tout n'est finalement que redite et recyclage, ce n'est pas dans le Melodeath qu'il faut chercher l'originalité, et ce n'est pas de chez Kalmah que viendra la renaissance du genre, loin de là, mais on peu toujours compter sur les finlandais pour envoyer du bon gros Melodeath fun et efficace, c'est bien tout ce qui importe, non?

Après tout, il suffit d'écouter le titre d'ouverture Blood Ran Cold pour réaliser ce que sera Palo, un condensé de toutes les époques de Kalmah, à l'aise dans des codes qu'ils ne chamboulera jamais, impeccable dans toutes les limites du genre dans lequel il évolue, jamais passéiste au point de vouloir revenir à ses débuts pour faire fibrer la fibre nostalgique, Blood Ran Cold reprend en quelque sorte là où Seventh Swamphony s'était arrêté il y a déjà cinq ans, chasse, pêche, nature, et grosse mandale de Melodeath dans ta gueule avec un poil de Thrash et de Black, morceau à la structure très simple et recette toujours aussi efficace, avec juste ce qu'il faut de claviers pour rendre tout ça emphatique et épique sans impacter l'agressivité de la musique, c'est la formule Kalmah qui est désormais appliqué à la lettre avec un certain sens de l'équilibre entre l'agression sonore, les mélodies, et une certaine orientation Folk.
Sans surprise évidemment, mais les années qui passent n'ont pas impacté la capacité de deux frangins Kokko, Antti et Pekka, à pondre de putains de bons riffs et une jolie collection de leads, Waiting in the Wings sera en quelque sorte un festival de ce côté-là, en incorporant des inspirations Heavy ainsi que certains passages rappelant volontiers le Black symphonique, ces relents de Black Metal renvoyant bien évidemment aux débuts du groupe comme avec un Into the Black Marsh qu'on aurait facilement pu retrouver sur un vieil album comme They Will Return, dommage cependant que l'usage des gang shouts à la Children of Bodom soit une facilité et un cliché dont le groupe aurait pu faire l'économie, d'ailleurs, en parlant de ce léger retour dans le passé, certains riffs et des leads de Palo ont été directement puisés dans les premières démo du groupe lorsque celui-ci se nommait Ancestor dans les années 90, Kalmah a donc repris de vieilles idées qu'il passe sous le spectre de ce qu'il est devenu plus de vingt ans après, ce qui contribue surement à cette petite vibe old school qui imprègne ce nouvel album.

Kalmah a désormais cette capacité à mélanger les genre et jouer avec les codes pour des résultats parfois aussi réussis qu'incongrus, c'est le cas par exemple d'un Take me Away qui mélange un death mélodique rustique avec une Power ballade qui sent bon le Heavy et les claviers gothiques où l'on est pas loin d'un mélange entre du Amon Amarth et du Amorphis, le groupe retentera ce mélange des genres relativement expérimental sur la dernière piste The Stalker pour un résultat plutôt désastreux où Kalmah s'embourbe dans un mix d'euro-Power et de mauvais Sentenced, fort heureusement, ce sera vraiment la seule vraie fausse note du disque, car Palo comprend quelques brûlots absolument inattaquable comme Through the Shallow Waters ou The World of Rage, et même quand il s'agit de faire du remplissage pas trop compliqué, difficile de faire la fine bouche devant des titres efficaces comme Erase and Diverge ou Paystreak, seul Evil Kin sera quelque peu en dessous du lot avec un influence d'Amon Amarth un peu trop marquée où le Death mélodique massif et martial qui ne colle pas vraiment avec l'utilisation des orchestrations et le déluge de leads et de mélodies qui font tout le sel de Kalmah.

Palo n'est pas le meilleur album de Kalmah, ce n'est pas le plus mauvais non plus, Palo est dans la lignée de Seventh Swamphony avec un certain retour aux racines du groupe sans pour autant être passéiste ou jouer sur la fibre nostalgique.
Il n'y a bien sûr pas beaucoup de surprise dans ce que fait Kalmah aujourd'hui, les finlandais évoluent dans les codes et les limites du genre sans révolutionner quoi que ce soit, ils ont juste élargit le spectre pour couvrir toute leur histoire afin de proposer un album plutôt varié dont on imagine bien que le but soit de plaire au plus grand monde, et malgré ses défauts, quelques morceaux un peu moyens et une production parfois un peu trop surchargée quand tous les instruments sont présents en même temps, Palo est un bon cru, mais pas inoubliable pour autant, après tout, tout le monde sait que les meilleurs disques de Kalmah sont les quatre premiers et qu'ils ne feront jamais mieux, Palo n'est qu'une addition correcte à une discographie particulièrement consistante.

Track Listing:
1. Blood Ran Cold  05:05
2. The Evil Kin  04:15
3. The World of Rage  04:30
4. Into the Black Marsh  04:19
5. Take Me Away  04:48
6. Paystreak  04:55
7. Waiting in the Wings  04:20
8. Through the Shallow Waters  04:24
9. Erase and Diverge  04:12
10. The Stalker  05:17