mardi 26 septembre 2017

[Chronique] Belphegor - Totenritual

Cela fait déjà vingt-cinq ans que Belphegor, enfin, plutôt Helmuth et sa joyeuse bande d'intérimaires, terrorisent les foules avec son Blackened Death outrancier et grand-guignolesque, les autrichiens, cultivant avec succès une imagerie de mauvais goût et un concept blasphématoire grotesque, au point d'être devenu avec les années le truc autrichien le plus cool avec Josef Fritzl et Wolfgang Přiklopil, Belphegor, c'est du Red Bull au foutre de chèvre satanique en latex, du Death de gros bourrin teinté de Black Metal putride avec une production parpaing, et ce n'est surement pas après vingt-cinq ans d'activisme dans le Death/Black que Belphegor va changer quoi que ce soit à la formule, il n'y aura aucune surprise avec Totenritual, qui reprend assez fidèlement les motifs utilisés depuis globalement Blood Magick Necromance en 2011, on sera juste rassuré de voir que Belphegor ne semble pas marquer de signes de ralentissement notables, pour le reste, c'est business as usual.

Au menu de ce déjà onzième opus, du cochon, du Satan, de la divinité égyptienne, de la sorcellerie, du Baphomet, de la magie noire et autres joyeusetés où ça doit sacrifier de la vierge à la gloire du grand cornu dans des caves autrichiennes lugubres, ouais, c'est exactement la routine d'un album de Belphegor, on ne vient pas pour de la grande poésie et de la métaphysique hein, et quand je vous disais que rien n'avait véritablement changé chez les autrichiens, Totenritual aurait très bien pu s'appeler Conjuring the Dead part II qu'on aurait rien trouver à redire, l'album a d'ailleurs le même défaut, c'est à dire qu'il aurait dû être un EP de cinq titres, ça nous aurait évité une fin d'album plutôt médiocre comme c'est souvent le cas avec Belphegor.

Belphegor est assez coutumier du fait, les mecs tirent leurs meilleures cartouches sur les premiers titres et arrivé au traditionnel titre instrumental tout ce qu'il y a de plus inutile et quelconque, ici Totenbeschwörer, la qualité va plonger jusqu'à la fin, il n'y aura pas grand chose à tirer des trois derniers titres de la galette, Spell of Reflection étant un morceau de Black/Death parfaitement basique du début à la fin, chargé de Groove, redondant et linéaire au possible, et Embracing the Star sera un morceau décousu, curieusement binaire, partagé entre les accélérations sauvages très fortement blackisées et les tentatives d'expansion atmosphérique lugubre, le morceau de clôture Totenritual n'étant qu'une vague extension du morceau précédent, lui aussi coupé entre du bourrin, très court, et une longue plage atmosphérique qui sert d'outro, il n'y a vraiment pas de quoi être fier de ce trio final en forme de tiercé de la lose, c'est même un quarté si on rajoute l'instrumental foireux.

Bref, heureusement qu'il y a cinq bons morceaux sur le disque et qu'ils sont placés sur les cinq premières pistes, vous saurez qu'il faut s'arrêter à l'instrumental et ça vous donnera l'impression d'avoir écouté un super cool EP de Belphegor, qui s'ouvre par un Baphomet foutrement massif et vicelard qui tire franchement sur le Death et le mid-tempo où l'on ne sera pas forcément très éloigné de quelques influences de Nile ou de Morbid Angel, The Devil's Son prendra le chemin inverse avec une introduction à base de trémolo Black Metal et un déluge de Blast Beats du nouveau venu, un certain Bloodhammer, qui a l'air d'être un sacré sauvage vue sa prestation sur le disque, The Devil's son s'avère être un morceau direct, qui trouve un point d'équilibre entre le Black et le Death, introduisant quelques éléments acoustique en conclusion, ce n'est pas particulièrement bluffant ou révolutionnaire, loin de là, mais on a affaire à une bonne entré en matière, rassurante, qui fait monter la pression pour les grosses baffes suivantes.
Parce que ouais, avant le tiercé de la lose, Baphomet va balancer une sacré trinité de grosses mandales dans la gueule et ça va faire mal, le délicieux Swinefever - Regent of Pigs ne va pas faire dans la demi-mesure et ne sera pas avare de riffs punitifs délicatement harnachés à une rythmique destructrice et infernale, ultra brutal, presque entièrement Death, la force de frappe est terrible du début à la fin, et les leads développeront une petite atmosphère moyen-orientale qui sera davantage poussée sur un Apophis - Black Dragon très fortement inspiré par Nile, ce qui est assez habituel sur les derniers albums de Belphegor, il faut dire que ce bon vieil Helmuth n'est pas là pour plaisanter avec ce morceau, particulièrement incantatoire et qui mêle habilement le brutalité outrageante et les expansions sonores atmosphériques enfin maîtrisées par le groupe, ce qui n'avait pas toujours était le cas jusqu'à présent, Totenkult - Exegesis of Deterioration reprendra globalement la même recette de mid-tempo monumental et emphatique, pas le morceau le plus intéressant cependant, car il s'avère justement trop lourd et massif et reprendra de manière un peu trop facile les incantations et l'ambiance égyptienne du titre précédent, il n'en reste pas moins que l'on assiste à une excellente entreprise de démolition mid-tempo qui ne rate pas sa cible.

Bien sûr comme à chaque fois avec Belphegor, dont le Death est toujours aussi surchargé et dense, la production ne fera pas de miracles et on est à la limite du brickwall avec une production parpaing™ qui met en valeur le déluge incessant des autrichiens, c'est bien entendu épuisant à la longue mais fort heureusement, le mix de Jason Suecof parvient à trouver un équilibre entre le Death en mode tractopelle de Belphegor et toutes ses ramifications Black, en refusant de mixer la batterie trop en avant comme sur globalement tous les albums précédents du groupe, cela rend l'album beaucoup plus audible et permet de mixer un peu plus haut les différents types de chants utilisés pas Helmuth, le son est très clean mais conserve suffisamment d'aspérités pour conserver son étiquette Trve™.

Ce n'est pas aujourd'hui que Belphegor va réinventer quoi que ce soit, ce n'est pas le but de la manœuvre, avec vingt-cinq années de carrière au compteur personne n'espère que les autrichiens sortent des sentiers battus, on a un Belphegor sûr de son fait et de son Death Metal qui fait désormais dans le sérieux, Helmuth ayant globalement abandonné ses délires sexuels à base de chèvres et de latex, ce petit changement s'accompagne également d'un recentrage sur le Death, continuant sur la même tendance des deux albums précédents, pas de surprise de ce côté là, on regrettera par contre l'incapacité chronique du groupe à tenir la distance sur un album entier, franchement, à ce point-là de leur carrière autant sortir des EP, personne ne leur en voudra et ça épargnerait à tout le monde les secondes parties d'album médiocres.
Totenritual est une addition correcte à la discographie du groupe, Belphegor est toujours en forme et Helmuth ne montre aucun signe d'épuisement, ce n'est pas fondamentalement brillant, mais on peut toujours compter sur Belphegor pour nous balancer du bon gros Blackened Death dans la face, vous ne méritez pas plus.
Track Listing:
1. Baphomet  04:47
2. The Devil's Son  04:20
3. Swinefever - Regent of Pigs  04:50
4. Apophis - Black Dragon  06:12
5. Totenkult - Exegesis of Deterioration  05:43
6. Totenbeschwörer  02:15
7. Spell of Reflection  05:21
8. Embracing a Star  05:34
9. Totenritual  02:46