jeudi 23 octobre 2014

[Chronique] Obituary - Inked In Blood

Résumer la carrière d'Obituary est chose assez aisée, Slowly we Rot, et point barre, c'est tout, rien d'autre à signaler, vous allez me dire que Cause of Death c'était pas mal non plus, mais cet album étant principalement un clone du premier disque avant tout révélateur du fait qu'Obituary était incapable de changer et d'évoluer.
Le reste de la discographie? des albums médiocres, au mieux passables si on est vraiment conciliant, dont il n'y a rien à retenir, Obituary est la preuve que l'on peut bâtir une carrière sur la base d'un seul bon disque, suffisant pour rendre le groupe culte, et c'est ainsi qu'Obituary appartient à cette caste de groupes de légende dont le seul fait de gloire est d'avoir sorti le bon disque au bon moment, et dont la discographie n'est pas à la hauteur de la-dite légende.
25 ans tout juste après son unique fait de gloire, Obituary est de retour après une période de silence où, soyons réalistes, il ne manquait à personne, et malgré sa discographie foireuse, il conserve son statut culte et une aura suffisante pour que ses fans lui filent du blé par une campagne de crowdfunding servant à financer un nouveau méfait (ce qui n'empêchera pas le groupe de signer chez Relapse une fois l'enregistrement terminé hein...), comme quoi le fait de ne sortir que des purges quelconques ne semblent pas refroidir le fan de base.
Bref, 25 ans après son seul bon disque, Obituary est-il capable de nous ressortir un chef d'oeuvre? non. Inked in Blood est-il un bon disque? non, même pas...

Heureusement que ce disque est l'oeuvre d'un "gros" groupe au statut "culte", car venant d'un obscur groupe de l'underground on en parlerait même pas, où si c'était le cas on se montrerait bien moins conciliant qu'on ne l'est avec Obituary, car je suis persuadé d'une chose, une certaine presse va vous survendre le bouzin sans vergogne en vous disant que c'est le grand retour en forme d'un géant, ce qui n'est bien sûr pas le cas.
Obituary fera toujours du Obituary, c'est ainsi, on y peut rien, la carrière d'Obituary ayant plafonné dès le second disque avant de partir en vrille, cela prouve bien l'incapacité du groupe à faire autre chose, à évoluer, et pire encore, à progresser.
La seule chose que l'on remarquera avec Inked in Blood, c'est qu'il a une grosse prod bien puissante, ce qui change un peu de leurs derniers albums, le genre de production moderne et actuelle bien plus en adéquation avec les attentes d'un nouveau public, plus jeune, plus facilement influençable par du clinquant, car voilà le soucis, malgré la production plus moderne, Obituary fait toujours la même chose, un Death groovy qui aime parfois se baigner dans un marécage Sludge, un Death donc partagé entre les titres bourrins qui envoient la sauce et les titres lourds et cradingues, un Death implacable... mais terriblement peu inspiré.
Le groupe à quand même compris une chose, une seule chose, c'est que les jeunes aimaient le bourrin, donc pas con, Obituary va faire dans le bourrin, avec un disque au tempo un peu plus enlevé, plus direct aussi, ce qui n'empêche pas Obituary d'être une gigantesque machine à recycler qui s'enferme toujours davantage dans ses stéréotypes, avec un Death toujours aussi linéaire et quelconque, tristement prévisible, mais y'a une bonne production, ce qui servira de poudre aux yeux et de cache-misère.
Inked in Blood est le genre d'album prévisible et tellement ancré dans la tradition du groupe que l'on va plutôt passer son temps à essayer de se souvenir où on a déjà entendu tel ou tel passage, avec ses riffs recyclés depuis 25 ans, et les lignes de chant banales d'un John Tardy qui ne fait absolument aucun effort pour proposer quelque chose d'un peu différent, Obituary, la machine qui carbure à l'ordinaire.
Je vous disais en préambule que ce nouvel album n'était pas bon, ce qui ne veut pas dire qu'il est irrémédiablement mauvais, après tout, le Death d'Obituary a beau être incroyablement banal et auto-pompé, il n'en demeure pas moins qu'il est l'oeuvre de types qui connaissent leur affaire, on peut même dire que c'est le moins mauvais album du groupe depuis la purge Back from the Dead, malheureusement, cela demeure largement insuffisant pour faire d'Inked in Blood une redoutable baffe dans la gueule dont on se souviendra longtemps, l'album se place dans la lignée du déjà moyen Darkest Day, sans que cela soit meilleur, bref, vous l'aurez compris, ce nouvel album est moyen, juste ça, moyen.
On pourrait croire que les américains soient à l'aise dans le registre Death bourrin avec des titres efficaces et rentre-dedans, ce n'est même pas le cas, il à pourtant l'air sympa le titre d'ouverture Centuries of Lies, c'est court, ça fonce dans le tas, mais Obituary n'est pas ultra brutal, n'a aucune intensité, et l'on se retrouve avec un morceau incroyablement linéaire où il ne se passe rien, comme sur un Violence encore une fois très court et d'une banalité affligeante, où l'on aura même du mal à se sentir concerné par le solo, l'espèce de Death Thrashy direct de Minds of the World ne fait que démontrer la manque d'intensité et de nerf d'un groupe à la musique rudimentaire et surtout simpliste, heureusement que le passage plus Heavy sur le Solo est suffisamment efficace pour sortir l'auditeur de sa torpeur.
Reste les espèces de mid-tempo ultra Heavy que le groupe pratique depuis ses débuts, et il n'y aura pas de miracle à attendre de pièces comme Violent by Nature, Within a Dying Breed, ou encore l'éponyme Inked in Blood, on est ici dans le lieu commun d'un groupe qui se répète constamment, au point que le plupart des morceaux finissent par un peu tous se ressembler, l'album est parfois tellement con et peu inspiré que l'on se croit parfois sur un album de Six Feet Under, cet album a le Groove mou du genou, crapoteux, et Obituary apparaît plutôt ici comme un vieux sénile qui radote son Death minimaliste, faut dire aussi qu'on est pas aidé par un John Tardy égal à lui-même, incapable d'une quelconque variation, vomissant ses lyrics crétines avec son phrasé habituel, qui ne fait que renforcé le côté linéaire du truc, Inked in Blood est également très répétitif, et l'on va se demander pendant les cinq minutes de Deny You où le groupe veut en venir, il y a bien une légère variation sur le solo, mais le groupe reprend aussitôt le chemin de l'ennui, et putain, je me demande combien de fois dans la discographie d'Obituary j'ai déjà entendu le riff d'ouverture de Within a Dying Breed, à la limite ou pourra éventuellement sauver Visions in my Head, où le sens de la répétition d'Obituary fonctionne plutôt bien, avec un passage atmosphérique bien foutu dans la seconde partie, malheureusement, il s'avère bien difficile de sortir un titre en particulier tant le groupe ne fait que la redite au sein d'un album trop linéaire qui n'apporte absolument rien de neuf sur la table pour justifier son achat...
25 ans après Slowly We Rot, pas de miracle du côté d'Obituary qui nous balance un autre monument quelconque à la gloire du Death Metal rudimentaire et linéaire, mouais, c'est pas brillant tout ça.
Inked in Blood est le genre d'album qui n'apporte rien et qui ne sert à pas grand chose, bien sûr, à l'échelle de la discographie d'Obituary, c'est le moins mauvais depuis bien longtemps, ce qui n'en fait pas forcément un très bon disque, j'imagine que le fait de sortir exactement le genre d'album que les fans attendent permettra de justifier une tournée et de renouveler le merchandising du groupe, après tout, même en sortant des albums médiocres, Obituary a pour lui d'être un "gros" nom connu et un groupe "culte", ce qui permettra d'attirer le chaland et le fan de Death mainstream pas trop regardant sur la qualité qui veut se la jouer Br00tal.
Inked in Blood est quelconque, moyen, simpliste, aucune intensité, aucune rage salvatrice, juste le recyclage habituel, bref, tout à fait un album typique d'Obituary, malheureusement...

Inked in Boredom
Track Listing:
1. Centuries of Lies
2. Violent by Nature
3. Pain Inside
4. Visions in My Head
5. Back on Top
6. Violence 
7. Inked in Blood
8. Deny You
9. Within a Dying Breed
10. Minds of the World
11. Out of Blood
12. Paralyzed with Fear