mercredi 25 septembre 2013

[Chronique] Orbweaver – Strange Transmissions from the Neuralnomicon [EP]

Je l'admets, ça ne parle pas beaucoup de l'Underground sur ce blog, par manque de temps surement, rappelez-vous que je suis tout seul, et que la charge de travail est déjà conséquente, mais franchement, l'underground est souvent loin d'être aussi passionnant qu'il n'y parait, surtout dans le Metal extrême, qui pullule de groupes tout à fait respectables, certes, mais dont l'intérêt est plus que limité, après tout, si ces groupes de Death ou de Black sont indépendants et sortent des albums de manière confidentielle, c'est qu'il y a une raison, fort heureusement, entre des groupes obscurs de Brutal Death italiens ou polonais et de Black allemand, il arrive que l'on tombe par hasard dans l'Underground sur une pépite, un trésor qui rayonne dans l'obscurité et qui ne demande qu'à ce qu'on s'intéresse à son cas, c'est le cas des floridiens d'Orbweaver, qui font dans le Tech-Death, mais qui n'est pas vraiment votre groupe de Tech-Death traditionnel, Orbweaver est... différent, et son premier EP s'inscrit dans une veine plutôt expérimentale, qui démontre d'emblée une personnalité plutôt affirmé...

Au premier abord, il serait facile de comparer Orbweaver à Gigan, après tout, les deux groupes viennent de Floride et Orbweaver est composé de deux anciens Gigan, le chanteur guitariste Randy Piro (un temps bassiste chez Hate Eternal) et la guitariste Sally Gates, et même si les deux groupes ont ceci en commun de proposer un Tech-Death plutôt expérimental, la comparaison s'arrête là, car Orbweaver est différent, et va beaucoup plus loin dans l'expérimentation et les délires abscons, la différence est également sonore, Orbweaver est bien plus orienté Sludge que Gigan, le son est plus crade, plus granuleux, et plutôt que de comparer Orbweaver à Gigan, il serait surement plus judicieux de considérer le groupe comme un Ulcerate qui aurait pris du LSD et du crack.
Bref, avec Strange Transmissions from the Neuralnomicon, on est dans un Tech-Death progressif expérimental psychédélique usant d'effets spatiaux d'une autre galaxie, un sacré voyage dans l'espace, menaçant et vraiment malsain, avec des structures chaotiques et pas du tout linéaires, avec une pochette qui pour le coup décrit vraiment bien ce qui vous attend, un premier EP que l'on qualifiera aussi de consistant, car même s'il n'y que cinq titres, on atteint la trentaine minutes au compteur, ce qui suffira largement au groupe pour vous montrer de quoi il est capable, et poser de solides bases pour un éventuel album.
Xoxtic, qui ouvre cet EP est surement le titre le plus direct des cinq, aussi celui qui se rapprochera le plus de Gigan, sorte d'entrée en matière un peu safe en forme de charge Tech-Death plutôt brutale au début, avec 25 secondes tech-bruitiste qui servent de porte d’entrée aux montagnes russes Death prog que le groupe va proposer par la suite, avec de longues plages instrumentales complètement barrées, à la limite du Sludge d'ailleurs, avec un chant plus hurlé que guttural qui renforce encore un peu plus ce sentiment de malaise, et ce n'est que le premier titre, le plus "classique" je dirais, car à partir de là, ça va devenir encore plus bizarre et Orbweaver va totalement se lâcher et emmener son Tech-Death loin, très loin dans l'immensité de l'espace.
Tout va devenir encore plus déstructuré, presque avant-gardiste, avec une utilisation prononcée de samples souvent très kitschs semblant provenir de vieux films de SF des années 50/60, comme les bidouillages electro de Crystal Prisms, qui, accompagnés par un riffing de furieux et des soli un peu dingo, confèrent au titre un aspect psychédélique plus que maîtrise, et c'est de maîtrise dont il est question avec Orbweaver, car le groupe bâtit un édifice qui pourrait s'écrouler à tout moment, tomber le bordel noise dégueulasse et incompréhensible, mais bizarrement, jamais ça ne part complètement en vrille, Orbweaver conserve constamment son équilibre malgré ses entorses répétées aux règles basique de composition, car ils s'offrent constamment des passages atmosphériques afin d'aérer leur tambouille, Those of Non-Being est assez révélateur de ça, le titre est violent, malsain, mais utilise ses riffs comme fil conducteur, le groupe s'en éloigne, part des délires instrumentaux et les bidouillages electro mais finit toujours par revenir à son riff principal, qui apparaît comme étant l'élément le plus safe de la chanson alors que ce sont paradoxalement les passages les plus dangereux, mais c'est surtout avec l'instrumental Tragic Orbit: A Doomed Cosmic Starship que le groupe va atteindre le sommet de sa créativité, avec un long voyage dans l'espace-temps divisé en trois actes, pour une espèce de Stoner atmosphérique psychédélique flippant, où le groupe prend tout son temps pour développer ses atmosphères étranges, énigmatiques, sans jamais pour autant oublier la violence inhérente au tech-Death, une violence que l'on retrouve un peu plus diluée pour le final The Church Warden Procedure et sa conclusion Stoner Doom que n'aurait pas renié un Electric Wizard...

Progressif, psychédélique, hypnotisant, fascinant, chaotique, ce premier EP est un peu tout ça à la fois, les atmosphères sont géniales, et ce qui est le plus impressionnant, c'est qu'Orbweaver maîtrise son sujet du début à la fin, sans jamais en faire trop, son Tech-Death est déstructuré, malsain, sinueux, atmosphérique sur bien des plans, mais les gars savent précieusement où il vont et ne perdent jamais l'auditeur en route, ce qui nous donne un sacré trip sous acide qui vaut vraiment qu'on y jette une oreille, cet ovni s'écoute sur Bandcamp, et si vous aimez, ça ne coûte que la modique somme de 5$, à ce prix là, c'est cadeau, j'ai même acheté le truc en physique pour le fun...

Ulcerate contre Les Zinzins de l'Espace