J'étais un peu perplexe lors d'une soirée pluvieuse en Novembre 2009 avant d'écouter l'album d'un groupe de Thrash de l'Arizona que l'on m'avait pourtant chaudement recommandé.
Encore un groupe de re-thrash sans intérêt, me disais-je, mais la pochette donnait assez envie.
Bref, j'ai écouté Black Future, et c'était une tuerie de chez tuerie qui défonce ta mère, pas le groupe de Thrash lambda, mais une voix black, des structures complexes, des titres épiques de 10 minutes, Vektor venait de frapper un grand coup dans mon petit coeur de métalleux, un opus en tout point remarquable, et autant dire que leur nouvel album, Outer Isolation, qui sort cette semaine chez Heavy Artillery Records, était plus qu'attendu, mais avec un peu d'appréhension quand même, quand on part de si haut si tôt, il est plus facile de se vautrer que de rééditer l'exploit...
Première constatation, Outer Limit est plus court que son prédécesseur, un quart d'heure de moins au compteur, et seulement un seul titre dépassant les 10 minutes, mais bon, même en 50 minutes, ne vous inquiétez pas, Vektor à largement le temps de vous mettre à l'amende.
Et ça commence fort, avec un titre d'ouverture absolument énorme, un pavé de 10 minutes très Vektorien, Cosmic Cortex, qui commence doucement en montant en puissance, avant l'explosion vers 3'30, cela faisait bien longtemps que je n'avait pas pris une telle baffe dès le premier titre d'un album.
On retrouve bien sûr la patte Vektor, riffs incisifs, rapides, accélérations, variations, chant quasi black, et soli à la vitesse de la lumière, une mécanique de précision qui avance implacablement, malgré ses 10 minutes, absolument impossible de s'ennuyer, les gars ne tournent pas en rond et ça, c'est fort, un titre d'ouverture vicieux, constamment surprenant, diablement efficace.
Globalement, Vektor n'a pas vraiment modifié sa recette, juste quelques ajustements mineurs par-ci par-là, la production notamment, plus clean, plus incisive, moins abrasive que sur Black future, et je trouve ça un petit peu dommage, même si d'un autre côté, elle nous fait apprécier chaque instrument, surtout la basse, pas là pour faire de la figuration, toute en virtuosité, occupant beaucoup d'espace pendant les nombreux soli émaillant la galette.
Vektor propose ici une musique un peu plus condensé, même si toujours aussi riche, avec ses morceaux plus courts, dont un Dark Creations, Dead creators tout en progression vers un final explosif et jouissif.
Comme à son habitude, Vektor aime varier les plaisir, pas un morceau ne se ressemble, on navigue selon les variations de tempo, les breaks, les soli, d'un Dying World assez Heavy et opressant vers des titres plus speed comme un Tetrastuctural Minds furieux, mention spéciale au batteur, un monstre de précision, sans oublier des passages presque planant, à la limite du prog', habillement distillés tout au long de l'album, parfaitement intégrés aux morceaux, tout s'emboîte bien, sans jamais avoir l'impression qu'un truc bizarre tombe comme un cheveu sur la soupe, écoutez donc l'excellentissime Venus Project, qui voit le groupe s'enfoncer très loin dans un délire prog/planant, sans pour autant oublier sa sauvagerie en route, ou encore Fast paced society, ultra complexe, et un poil malsain avec son chant clair bizarre du plus bel effet.
Les morceaux sont certes plus courts mais demeurent toujours aussi complexes, ce qui provoque parfois un sentiment bizarre, j'ai parfois l'impression qu'ils en font un peu trop, avec un nombre incroyable d'informations à traiter en même temps, ce qui peut s'avérer un peu pénible à la longue, Black Future évitait quelque peu cet écueil, en diluant cette complexité dans des titres plus longs, et c'est bien ça qui rend Outer Isolation un poil en dessous de son prédécesseur.
Juste un poil hein, Vektor reste avec ce disque largement au dessus de la mêlée, et demeure l'un des groupes de Thrash le plus intéressant de ces dernières années, avec un mélange assez unique, vous prenez du Voivod, du Destruction, une touche de Black metal, vous laissez mijoter en ajoutant de temps en temps une grosse poignée de Prog", et vous obtenez une délicieuse mixture qui fera plaisir à tout Thrasher qui se respecte.
En conclusion, oui, ce Outer Isolation est un digne successeur à Black Future, certainement un peu plus mature, mais qui en fait parfois un peu trop, l'ensemble peu parfois se révéler difficile à digérer.
D'un autre côté, si vous aimez les plans furieux et complexes, les ambiances Science-Fiction et la virtuosité technique (parce ouais, les types sont des brutes) alors vous serez à la fête avec cette nouvelle livraison des p'tits gars de l'Arizona, ça envoie le pâté du début à la fin et c'est la foire au solo et au riff, pas le temps de s'ennuyer, avec toujours le petit break au bon moment pour souffler.
Même si Vektor n'apporte pas grand chose de neuf cette fois-ci, Outer Isolation est surement le meilleur album de Thrash de l'année, là ou un Revocation s'est perdu dans des plans proggy/Jazz poussifs jusqu'à l'indigestion, Vektor maintient le cap avec talent et classe, et évite le trou noir avec brio.
Plus concentré et encore plus complexe, une bonne décharge de Thrash/Black Progressif...
4.5 / 5