Après un très bon et mystérieux premier EP, Desecration, Vallenfyre nous livre enfin son premier album.
Premier album, mais pas vraiment un groupe de débutants, puisque comprenant en son sein Gregor Mackintosh de Paradise Lost (à l'origine du projet), le guitariste de My Dying Bride Hamish Glencross, le batteur Adrian Erlandsson (Paradise Lost, At the gates, Brujeria et surement une bonne vingtaine d'autres groupes), et également un bassiste et un second gratteux, Scoot et Mully (?)
Vallenfyre est donc le projet de Greg Mackintosh, et se veut comme une sorte d'hommage à son père décédé, autrement dit, avec des thèmes comme la mort, la maladie, le cancer, la religion, le deuil, on ne va beaucoup rigoler ici...
Au niveau du style, si vous vous attendiez à du My Dying bride, c'est raté, et bien que certaines sonorités fassent penser aux premiers albums de Paradise Lost (Lost Paradise notamment), on en est également très loin, car ici, c'est de Death Metal dont il est question, avec bien sûr un côté Doom pour l'ambiance.
La recette de Vallenfyre, c'est une grosse base de Death Old School à la suédoise, avec les gros riffs bien gras de Grave ou d'Entombed, une bonne louche de Doom à la Celtic Frost/Triptykon, et une toute petite pincée de Paradise Lost, mélangez bien, laissez macérer le tout, et vous obtenez une tambouille putride à souhait qui tient au corps.
Le son de l'album est donc bien gras, très Heavy, et ce dès le début, avec le premier titre All will suffer, qui vous met dans l'ambiance avec son intro sonnant comme du Celtic Frost, le riff est très lourd, pour un rendant assez proche du Doom, notamment sur la fin, avec un growl ultra caverneux de Greg Mackintosh.
Car, il faut également savoir que c'est Mackintosh qui s'occupe du chant ici, et laisse les guitares à ses deux acolytes, même si c'est lui qui s'est occupé de la plupart des leads sur l'album.
Il faut admettre que le bougre dispose d'un très bon organe, très puissant, et qu'il s'en sort très bien dans ce registre guttural, même si on pourrait reprocher à son chant une certaine linéarité, sa voix colle certes parfaitement au style de musique pratiqué, mais un peu plus de variation aurait peut être été la bienvenue.
Dans l'ensemble, l'album est un gros bloc de Doom Death, une sorte de voyage de 41 minutes, duquel il est bien difficile de sortir un titre en particulier.
Desecration (déjà présent sur l'Ep) est l'un des moments forts du disque, très Doom, avec son lead entêtant et ses accélérations Death, avant une fin qui transpire la tristesse, Cathedrals of Dread navigue lui merveilleusement entre Death et Doom.
L'album contient également deux perles noires de Doom Triptykonien, le génial Seeds à la noirceur absolue, et l'oppressant The grim irony, qui conclut l'album, et dont je je résiste pas à vous livrer le commentaire de Mackintosh: "It's saying that we are born to a fate we can't escape, that basically life is shit and we just have to dead with it, The joke is on us"
A Fragile King comporte aussi son lot de titre plus rentre-dedans, le très Heavy Ravenous Whore, qui évoluera plus vers le Doom dans sa seconde moitié, un Humanity Wept aux relents presque punk dans l'esprit, débordant de rage et de noirceur, ou encore le véloce The divine have fled qui vous offrira deux petits breaks juste pour le plaisir de vous rebalancer une accélération dans la gueule.
Malgré tout, l'album n'est pas parfait et souffre malgré tout de quelques défauts, surtout au niveau des titres plus Death, l'ensemble manquant parfois de groove en comparaison des maîtres suédois, ce qui rend certains titres un poil trop linéaires, comme le moyen As the world collapses.
(De plus, avec un tel organe, je me demande bien pourquoi il ne donne pas un petit coup de main à Nick Holmes lors des concerts de Paradise Lost, surtout sur les vieux titres où Nick galère vraiment...)
En conclusion, Vallenfyre nous livre ici avec A fragile King, un véritable petit bijou de noirceur, à la fois sombre, rageur et mélancolique, mélange de Death old School musculeux et de passages Doom fascinants, par contre, si vous cherchez de l'originalité, ce n'est pas ici que vous allez la trouver, on est dans le old school, et tout ce que fait Vallenfyre a déjà été fait avant, mais l'ensemble est envoyé avec une réelle conviction, de manière viscérale, et même si l'originalité n'est pas au rendez-vous, on y passe un très bon moment.
Greg Mackintosh a réussi son pari haut la main et nous emmène dans un voyage sans espoir dans les ténèbres, une oeuvre cathartique et profondément sincère, dont on pardonnera volontiers les quelques défauts...
De la rage, de la tristesse, une réussite...
4 / 5