La première saison de Spartacus, Blood and Sand, avait fait son petit effet l'année dernière, adorée par les uns, détestée par les autres, la série de la petite chaîne Starz ne laissait pas indifférent, et avait connu un succès assez inespéré.
Fort de ce succès, Starz nous propose cette année, non pas une saison 2 (Andy Whitfield, alias Spartacus, souffrant d'un cancer, ayant dû déclarer forfait, entraînant son remplacement et un retard dans la production), mais une préquelle, afin de nous faire patienter.
L'histoire de ce Spartacus: Gods of the Arena se situe donc quelques années avant l'arrivée de Spartacus, et nous propose de suivre un autre Gladiateur, Gannicus, et de nous éclairer sur le passé des personnages.
Nous allons donc apprendre comment Quintus prend le contrôle du ludus, l'origine de sa rivalité avec Solonius, l'arrivée de Crixus (alors jeune et chevelu) et pourquoi il se tape Lucretia, comment Oenomaus devient Doctore, on encore pourquoi Ashur à une jambe en vrac.
Ce prequel reprend donc tous les ingrédients de la première saison, du sexe, du sang, de la bidoche, de la vulgarité, de la violence, et des gros fights entre gladiateurs.
Il serait idiot de comparer cette série à Rome, Starz n'est pas HBO, et Spartacus reste une série Low-cost, et d'ailleurs les 2 séries ont des objectifs diamétralement opposés.
Là ou Rome proposait une reconstitution ultra pointue, et tentait de coller au plus près de l'Histoire, Spartacus est juste un divertissement 100% fun, et n'a pas d'autre prétention.
Bien sûr, on peut toujours critiquer la série de Starz sur plusieurs points, son côté voyeur, gratuitement provocateur, les scènes de sexe très explicites (ben ouais, on voit des zizis), ses combats ultra-brutaux à la Mortal Kombat, le côté cheap de la mise en scène et des décors (c'est parfois encore plus moche que 300), et certains acteurs assez mauvais, sans oublier le côté gay du truc, avec tous ces gladiateurs bodybuildés et huilés qui passent leur temps en slip...
Mais franchement, je m'en fous, ça ne vole pas bien haut, mais le côté fun de l'ensemble m'éclate, et satisfait mes besoins primaires, un divertissement sans prise de tête, à prendre au dixième degré.
Ah, j'oubliai, Lucretia est jouée par Lucy Lawless, on voit dont Xena la guerrière à poil, et ça, c'est bien...
Seulement 6 épisodes, contre 13 pour la première saison, ça fait court, me suis-je dit en piratant me procurant (aucune idée si ça passe sur une chaîne française) ce Gods of the Arena.
Va-t-il tenir ses promesses, et me fournir ma dose de gore/sexe/violence?
Dans l'ensemble, oui, et même plus encore, car ces 6 épisodes, nous seulement répondent à plein de questions, mais vont également un peu plus loin dans la psychologie des personnages.(un tout petit peu, faut pas déconner quand même hein)
Pas de Spartacus cette année, nous allons donc suivre un autre gladiateur, le celte Gannicus, campé par Dustin Clare, blond, musclé, épilé, avec sa bonne gueule de surfeur/glandeur australien.
Ça tombe bien, Gannicus est une sorte de rock star de l’arène, champion du ludus de Batiatus, il combat nonchalamment, picole et se tape des putes.
Au niveau du Background, pas de dépaysement, les même décors ont été utilisés, le même ludus, et les mêmes rues, et aussi les même effets spéciaux (ouais, les décors sont toujours très moches).
Mais en dehors de ça, ce Gods of the Arena ce distingue un peu par son approche un peu plus subtile, avec un aspect psychologique plus poussé; En effet, connaissant les évènements dramatiques du final de la première saison, les actes et paroles de Quintus et Lucretia, cherchant à tout prix à s’élever dans une société figée, prennent un autres sens.
On retrouve donc les machinations de Quintus, contre ses rivaux, Tullius et Vettius, afin d'obtenir le primus lors des prochains jeux, et on apprend également qu'avant de devenir ennemis, il était amis avec Solonius, qui le trahira.
De ce point de vue, Quintus (John Hannah) n'a pas changé, il est toujours la même ordure, le type qui n'hésitera pas à vous poignarder dans le dos pour arriver à ses fins.
J'ai toujours un peu de mal avec ce personnage, John Hannah en fait des tonnes, dans son attitude, dans son langage ordurier, il est énervant et il est difficile d'éprouver envers lui une quelconque empathie, même si cette saison change quelque peu la donne.
En effet, sa relation envers son père, Titus, le vrai propriétaire du Ludus, plus calme, plus vieille école, et se satisfaisant de sa place dans la société, est intéressante, tant il nous éclaire sur sa vraie personnalité, bien moins simpliste qu'il n'y paraît, et explique en partie ses agissement au cours de la Blood and Sand.
Certes, Quintus est ambitieux, avide, mais après tout, ne serait-il pas simplement un fils souhaitant juste que son père soit fier de lui?
En dehors de cette relation père-fils, la série se concentre sur la relation entre Quintus et son épouse Lucretia.
Bien sûr, il est prêt à tout pour réussir, mais jamais il ne sacrifiera son mariage, et il faut noter que le personnage de Lucretia est également plus fouillé.
Sa volonté d'aider son mari, de le soutenir (en transformant sa maison en une sorte de maison close pour notable), mais aussi son désir d'enfant, qui la poussera a demander à Crixus de la féconder, malgré son dégoût original envers cet esclave.
... STOOOOOOP!!!
Merde, je suis en train de trop intellectualiser cette série, bientôt on va se croire sur un blog spécialisé prétentieux avec des types qui vous explique que ce regard de Don Draper à la fin de l'épisode 17 de Mad Men combiné à sa manière de tenir son verre de scotch et au fait qu'il pleuve démontre toute l'ambiguïté de la relation qu'il entretient avec un père qu'il n'a jamais connu...
Donc voilà, en dehors de ça, Spartacus tient ses promesses en terme d'action et et violence.
Mutilation, hémorragie massive, amputation à la hache, coeur arraché, tout y passe pour notre plus grand plaisir.
Gannicus fait un héros acceptable, lui aussi non exempt d'ambiguïtés, qui certes n'atteint pas le charisme de Spartacus, mais fait le boulot de manière correcte.
Sa rivalité grandissante envers Crixus est d'ailleurs l'une des bonnes surprises de cette saison, un Crixus différent, plus homme des cavernes, mais déjà ambitieux.
Ce Spartacus: Gods of the Arena est donc un excellent prequel, qui remplit pleinement son office, en expliquant le background des personnages, sans pour autant mettre de côté son spectacle sanglant grand-guignolesque jouissif.
Un divertissement idéal pour se vider la tête, c'est brutal, violent, mais aussi un peu moins bas-de-plafond que prévu.