vendredi 22 mars 2019

[Chronique] Misery Index - Rituals of Power

A l'origine un rassemblement d'anciens Dying Fetus, et donc pleinement influencé par Dying Fetus sur ses quatre premiers albums, Misery Index avait surpris son monde en 2014 avec la sortie d'un The Killing Gods qui, enfin, semblaient se détacher de ses encombrantes influences, bien sûr les références Death/Grind étaient toujours présentes sur bien des aspects, mais au sein d'un ensemble bien plus ambitieux en terme d'écriture et développant de nombreuses ramifications Thrash ou Death mélodique, on ne pouvait que saluer cette stratégie visant à faire autre chose que d'appliquer la bonne vieille recette bourrine encore et encore, surtout que malgré ce revirement mélodique, The Killing Gods était bien chargé de riffs assassins et de groove brise-nuque, et si vous pensiez que Misery Index était sur le chemin du ramollissement en chargeant la mule mélodique du Death édulcoré, Rituals of Power va vous mettre un bon coup pied au cul car ce n'est pas du tout ce qui va se passer.

Rituals est plutôt facile à appréhender, vous prenez tout le harnachement Thrash à la Vader plus le Death mélodique que l'on trouvait dans The Killing Gods, et vous transposer tout ça dans du Misery Index à l'ancienne qui veut raccrocher les wagons avec son passé Death/Grind, c'est en quelque sorte une tentative de synthèse entre le old school bourrin et la maturité et l'assurance de l'album précédent, et autant le dire tout de suite, ça va défourailler sévèrement pendant les trente-six minutes (ce qui est un retour à la durée normale d'un album de Misery Index après les quarante-trois minutes de Killing Gods) de la galette, pour ce qui sera, n'en déplaise aux esprits chagrins nostalgiques, l'album le plus abouti du groupe à ce jour.

Il faut dire que Misery Index va pleinement parvenir à faire l'amalgame entre son songwritting bien plus mature développé sur The Killng Gods et les gros relents de Death/Grind de sauvage, Rituals of Power va s'avérer être un disque admirablement varié que fera preuve de cohésion et d'intensité du début à la fin, cette maturité se remarquera dès le début du disque, avec un Universal Untruths chargé d'une atmosphère pesante qui est une sorte de longue introduction de plus de deux minutes, un Death Thrash très massif qui s'articule sur un groove poisseux, qui prépare admirablement le terrain pour un Decline and Fall qui est un véritable carnage en règle et un poutrage à haute intensité, ce truc tabasse et frappe encore plus fort que mon père alcoolique, quelques gang shouts pour la touche Hardcore, des leads thrashy, et une dernière minute en forme de descente, salement lourde et mid tempo, y'a pas à dire c'est du bel ouvrage.
L'album conservera la même dynamique sur le début d'album, Misery Index va tout de suite enchaîner avec le Thrashy et énergique The Choir Invisible et un New Salem sans aucune pitié qui renoue avec une sauvagerie Grindcore/Punk pour une charge terrible à toute vitesse, le tout avec un groove démoniaque et une rythmique à te bousiller la nuque, c'est à partir de Hammering the Nails que l'album va un peu dévier et que Jason Netherton et ses potes vont se recentrer, d'abord sur le Death pur et dur, et ensuite renouer avec les influences mélodiques déjà explorées sur l'album précédent, la différence étant que ce sera bien mieux réussi, The Killings Gods était un disque coupé en deux avec une première partie ambitieuse et très intéressante et une seconde plutôt passable, Rituals of Power ne va pas du tout commettre la même erreur, il faut dire qu'en resserrant le format et en renouant un peu avec le grind, Misery Index va retrouver aussi une ligne directrice bien plus claire et efficace.

On trouvera ainsi deux morceaux de cinq minutes, l'éponyme Rituals of Power et They Always Come Back, qui parviennent à conjuguer la violence frontale et une coloration mélodique certaine qui voit Misery Index prendre le temps de développer des ambiances malfaisantes et sulfureuses, principalement sur l'éponyme d'ailleurs, They Always Come Back ayant tendance à délicieusement flirter avec le Thrash Crossover, il faut noter qu'après ses deux gros morceaux bien denses, Misery Index remettra une dernière louche de brutalité pour la route avec deux morceaux de sauvageons, notamment la pure décharge grindcore Naysayrer sans aucune pitié dont le caractère bas-de-plafond est pleinement assumé.

Rituals of Power est quand même un sacrément déferlement de Death/Grind féroce au groove infectieux qui poutre, Misery Index vient de livrer une nouvelle oeuvre superbement punitive qui reprend les éléments Thrash/Melodeath de The Killing Gods pour les infuser dans le Death/Grind originel, alors certes, Traitors restera probablement le chef-d'oeuvre inattaquable de Misery Index, mais Rituals of Power s'impose comme un solide numéro deux dans la discographie des américains, pour sa brutalité, son dynamisme, sa volonté d'aller de l'avant même après plus de quinze ans d'existence, difficile de faire la fine bouche devant l'étal de cette boucherie.