vendredi 27 janvier 2017

[Découverte] Heid - Alba

Comme on est en janvier et que bizarrement il y a plein de plus ou moins grosses sorties de groupes connus, c'est tout naturellement qu'aujourd'hui nous allons nous intéresser au premier album d'un groupe espagnol inconnu qui est sorti en fin d'année dernière et que vous avez peut-être raté puisque c'est paru en indépendant, bref, Heid, c'est du pur produit artisanal ibérique, ça tombe bien, c'est du Folk, ou du Pagan, je dois bien vous avouer que la frontière est particulièrement floue entre les deux et que les explications données par les principaux intéressés se réclamant de l'une de ces deux mouvances relèvent davantage de l'enculage de mouche que de la définition claire et précise, donc j’appellerai ça du Folk, et même que dans le cas présent, c'est du Folk Melodeath, un genre que je n'aime pas trop habituellement, mais dans le cas de nos ibériques, Alba s'avère être un album vraiment efficace dans son genre, qu'il soit Pagan ou Folk.

Ce que je n'aime pas trop dans le Folk Metal, c'est que souvent, ça part vite en vrille dans le festif à la Patrick Sébastien avec des tonnes d'orchestrations à base d'instruments folkloriques et d'ambiances médiévales foireuses, et ça en devient ridicule, chez Heid, bien sûr qu'il y a des instrumentations Folk, au quintet s'ajoutant d'ailleurs un joueur de flûte et de violon ainsi qu'un autre gars qui fait du bouzouki et du tambourin entre autres choses, mais les madrilènes vont rester globalement dans la sphère Metal du truc et finement utiliser les orchestrations comme un enrobage pour développer un Death mélodique plutôt épique

Après la petite introduction Folk acoustique instrumentale cliché à mort qui est un passage obligé dans le genre, c'est cap au sud avec le bien nommé Rumbo al Sur et ça va être bien furibard avec un riffing typiquement Melodeath auquel va venir se greffer une petite dimension blackisée et surtout un violon omniprésent, ce violon sera d'ailleurs utilisé à de très nombreuses reprises sur l'album, les morceaux ayant d'ailleurs tendance à s'articuler autour, ce qui me rappelle à certains moment ce que peut proposer un groupe comme Idensity avec son utilisation du violon, difficile de trouver quelque chose à redire à Rumbo al Sur, c'est agressif, assez rugueux, les gars n'en font pas des tonnes sur l'orchestrations qui restent en retrait, apportant un certain souffle épique par moment, et l'on distingue quelques chœurs bien viriles dans le fond, tout ça est bien carré et on sent un groupe bien sûr de lui qui sait exactement ce qu'il veut.

La dimension folklorique sera un peu plus prononcée sur un Mortal es el Hombre ou la flûte vient s'ajouter à la tambouille pour un résultat pas trop ridicule, il faut dire que ça défouraille pas mal et que même si Heid vadrouille un peu dans les champs avec ses flûtes et son tambourin, on revient vite à la distribution de gros riffs dans la gueule avec un chanteur qui ne casse pas les couilles avec du chant clair, préférant se concentrer sur un growl ma foi fort bien charpenté et laissant la chorale faire le boulot quand le besoin s'en fait sentir, le titre éponyme Alba ralentira le rythme pour un morceau bien plus ambiancé qui ne lésine pas sur les orchestrations folkloriques, le build-up fonctionne assez bien et le groupe maintient une certaine tension, le chant clair apparaîtra sur la fin pour conférer au morceau une certaine dimension mélodramatique.

Qui dit album de Folk Pagan dit interlude mystique acoustique, ce que sera Bosque de Nubes, une forêt de nuages réveuse qui précède un Buenosdias particulièrement brutal et surtout diablement teinté de Black Metal dans le riffing qui entoure un long passage Folk, une dualité qui fonctionne très bien, par contre, avec l'instrumental El Buey qui suit, on va tomber dans le Folk festif pouet-pouet bien con, fort heureusement, ce n'est qu'une petite incartade car la suite reprendra les choses en main et entre le brûlot Arde la Rebellion qui ne fait pas trop dans le détail et le dernier morceau Camino Sombrio où le groupe va développer pendant une dizaine de minutes un véritable condensé épique de toutes ses compétences, il y aura de quoi faire et de la qualité à revendre.

Pour un premier album d'un groupe espagnol inconnu dans un genre que je n'apprécie pas forcément à la base, je dois bien avouer que Heid m'a plutôt convaincu avec Alba, les ibériques restent fondamentalement dans le Melodeath et utilisent finement ses instrumentations folkloriques sans en faire des tonnes, l'album souffre parfois par moment d'une surcharge de violon, le fait qu'il y en ait sur tous les titres est un peu redondant, la production est très clean, mais parfois impersonnelle, c'est un DR5 pas franchement dynamique qui sonne fort et qui élimine certaines nuances dans la musique du groupe, pas de quoi non plus crier au scandale, le groupe ayant réussi à trouver un équilibre certain entre le Melodeath souvent très violent et ses aspirations folkloriques, le fait que le chant soit en espagnol et que l'album puise son inspiration dans les légendes ibériques joue également en la faveur d'un groupe qui joue sur ses forces sans chercher à imiter complètement les groupes germano-scandinaves du genre.
Alba est un album de Folk Melodeath saveur chorizo pleinement convaincant, puissant, épique, efficace, les structures sont certes très classiques mais Heid maîtrise admirablement son affaire du début à la fin, sans chercher à trop en faire et à vouloir sonner original à tout prix, si vous êtes clients de ce genre de musique, ou pas, comme c'est mon cas, vous pouvez y aller les yeux fermer, c'est du tout bon.
Track Listing:
1. Triste está el rey  01:46
2. Rumbo al sur  04:48
3. Mortal es el hombre  05:24
4. Alba  05:31
5. Bosque de nubes  02:39
6. Buenosdías  04:07
7. El buey  02:53
8. El traidor  07:19
9. Arde la rebelión  03:49
10. Camino sombrío  10:54