mardi 23 avril 2013

[Chronique] Sodom - Epitome of Torture


J'aime bien les groupes qui osent, qui franchissent les frontières, qui n'ont pas peur d'expérimenter et de mélanger les genres, de ce fait, aujourd'hui, je vais chroniquer un album qui va surprendre, prendre tout le monde à revers, et bien entendu révolutionner notre manière d'appréhender le Metal au sens large, le nouvel album de... ah merde, en fait oubliez ça, c'est juste le dernier Sodom.
Bref, voici Epitome of Torture, treizième album (ouais, treize, car je préfère penser que The Final Sign of Evil n'a jamais existé) du Slayer allemand, membre du mythique Big Three du Thrash d'outre-Rhin, avec ses potes de Kreator et de Destruction, qui nous propose une nouvelle livraison de Thrash rugueux, et autant le dire tout de suite, besogneux, car soyons sérieux deux secondes, si Angelripper et ses potes étaient des génies, ça se saurait depuis longtemps, le groupe proposant une nouvelle fois la seule chose qu'il sait, faire, du bon vieux Thrash de bourrin, ni plus, ni moins...

Même si cela ne se sent pas forcement dans mon introduction, j'adore Sodom, mais il faut se rendre à l'évidence et être un peu lucide, on est en 2013 et personne n'attend plus grand chose d'eux, à part un disque de plus qui ne trahirait pas la cause, solide, rugueux, bourrin, histoire de rappeler aux petits jeunes que les papys teutons sont toujours là pour botter le cul.
C'est donc tout ce qu'est Epitome of Torture, un bon disque de Thrash allemand dans la lignée de ses deux prédécesseurs (surtout l'Eponyme de 2006 d'ailleurs, on va pas chipoter mais In War and Pieces était un poil moins bon), certes assez loin du légendaire Agent Orange, mais meilleur que les albums des années 90 quand le groupe s'en était allé fricoter avec le Death et Punk (ce qui n'était pas une bonne idée), un Sodom qui défouraille pépère depuis une quinzaine d'année et le retour au Thrash pur et dur, sans évolution notable, sans volonté d'aller voir ailleurs, et aussi sans réelle perspective d'avenir, Sodom ne sera jamais plus gros qu'il ne l'est, n'attirera plus vraiment de nouveaux fans, et se contentera d'être respecté par tout le monde pour sa carrière, ce qui est déjà pas mal.
Epitome of Torture est donc un bon disque sympathique, un cru correct de Sodom, sans génie, un peu brut de décoffrage, classique, dix titres pour quarante minutes de Thrash rentre-dedans, et même si j'avais lu quelque part que l'album allait être "plus mélodique", on ne peut pas vraiment dire que le groupe ait modifié sa formule, autrement dit, ça va bourrer du début à la fin, et au final, on se souviendra juste qu'on a souri en écoutant l'intro de Katjousha, qui reprend la mélodie du classique russe Katioucha de Matveï Blanter, et c'est a peu près tout.
Il y a un truc qui devient assez pénible avec Sodom par contre, c'est au niveau des refrains, car non, Mr Angelripper, se contenter de gueuler dix fois le titre de la chanson en guise de refrain ne fait pas du tout cool ou jeune, le gros Cavalera fait la même chose depuis plus de dix ans et c'est de la merde, surtout que le ridicule est atteint dès le second titre, S.O.D.O.M, où l'on est très heureux d'apprendre que le groupe est capable d'épeler son nom sans se tromper, et en gueulant, bravo les gars, dommage de nous infliger ça sur presque tous les titres.
Sodom est toujours là, fidèle au poste, à l'aise dans son Thrash, sans trop de surprise, même si le côté plus groovy de Cannibal est une bonne idée, parfois rapide et violent, parfois partant sur du mid-tempo menaçant pour ne pas lasser l'auditeur en proposant une diversité plus qu'appréciable, même si dans le genre, Invocating the Demons est plutôt bancal et foireux, de même que le très inoffensif titre de clôture, Tracing the Victim, ces deux titres sont d'ailleurs les points noirs du disque, qui voient Sodom tenter le coup du titre plus mélodique, pour aboutir à un échec cinglant, heureusement le reste est d'un bien meilleur niveau, c'est pas du Sodom ultra inspiré et génial non plus hein, mais c'est du classique dans ta face, sauf que voilà, ça manque quand même d'accroche, ce supplément de hargne qui permettrait de rendre des titres corrects vraiment intéressants, tant il est difficile de prêter vraiment attention à ce qu'on est en train d'écouter, l'album avance tranquillement, le temps s'écoule, et jamais on ne se sent véritablement concerné, et même s'il y a de bons titres, comme Shoot Today, Kill Tomorrow ou encore Stigmatized, il n'y a rien de vraiment passionnant sur Epitome of torture, qui reste un bon petit disque de Thrash, mais trop banal et commun...

Quand on écoute les derniers albums du Big Three du Thrash teuton, on ne peu s'empêcher de remarquer que l'histoire se répète encore, et que la hiérarchie est une fois de plus respectée, loin devant, il y a Kreator (chronique), Sodom est clairement en dessous, mais demeure toujours un peu meilleur que Destruction (chronique), même si ces deux groupes souffrent du même mal, la redite et l'impossibilité de changer quoique ce soit à la formule.
Sodom propose un album qui sans être mauvais n'est pas non plus excellent, pire la plupart des titres sont ici plutôt anecdotiques, corrects, bien charpentés dans l'ensemble, mais sans vraiment de gros tube évident qui défoncerait tout, Epitome of Torture est juste un album de plus, sans plus, pas du tout surprenant, et même plutôt inutile, un Sodom petit bras qui applique consciencieusement sa formule, et rien d'autre, en conservant quand même son côté bourrin et hargneux malgré les années...

Juste un nouveau disque de Sodom...
2.5 / 5

Tracklist:
1. My Final Bulle
2. S.O.D.O.M.
3. Epitome of Torture
4. Stigmatized
5. Cannibal
6. Shoot Today - Kill Tomorrow
7. Invocating the Demons
8. Katjusch
9. Into the Skies of War
10. Tracing the Victim