mardi 2 avril 2013

[Chronique] Avantasia - The Mystery of Time


Croyez le ou non, mais en 2001 j'avais adoré Avantasia avec son Metal Opera et sa cohorte d'invités prestigieux, Tobias Sammet avait réuni une véritable Dream team, ayant même réussi l'exploit de rapatrier quelque peu Michael Kiske dans le giron du Metal (et de le sortir de sa carrière un peu pourrie de chanteur pop/rock), et même si la deuxième partie était largement moins bonne que la première, Avantasia avait marqué les esprits, et d'un certain côté poussé à l’extrême le concept même du Power Metal, car même malgré l'avalanche de clichés et de lieux communs dans le genre, The Metal Opera fonctionnait quand même, en partie grâce à la capacité de Sammet à pondre des refrains ultra catchy et efficaces.
Mais ce qui ne devait être qu'un projet sans lendemain de Tobias Sammet en dehors d'Edguy s'est transformé à partir de 2008 en projet récurrent, et même en groupe qui tourne, que voulez-vous, c'est la crise, Edguy c'est plus trop ça, faut bien faire son beurre et remplir les caisses.
Bref, après The Scarecrow en 2008 et le duo The Wicked Symphony - Angel of Babylone en 2010, revoilà Avantasia de retour avec un nouvel album, The Mystery of Time, rempli une nouvelle fois de mélodies imparables et de grosses ficelles, et vous savez quoi? ça marche encore, plus ou moins, mais il faut croire que le Toby a encore du stock de mélodies sirupeuses et de refrains imparables, et c'est ce que tout le monde attend...

Bon, on ne va pas se mentir, ce Mystery of Time n'est plus vraiment du Power Metal, d'ailleurs, c'est marqué en sous-titre sur la pochette, A rock Epic, et même si certains titres s'en rapprochent un peu, le Tobias nous sert une tambouille globalement orientée Hard Rock mélodique chargée d'orchestrations symphoniques, le Hard Rock étant la nouvelle grande passion du bonhomme puisque Edguy a depuis longtemps évolué de ce côté-là également, et le plus fort avec The Mystery of time, c'est que Tobias maintient un niveau de qualité élevé pour le genre avec... une équipe bis.
Ben ouais, la liste des chanteurs invités est plutôt réduite à son minimum (pas de Jorn Lande, Russel allen, ou de Andre Matos par exemple, encore moins une icone comme Alice Cooper), et en dehors de Biff Byford de Saxon et du fidèle Michael Kiske, on trouve surtout des chanteurs de Hard Rock, avec Joe Lynn Turner (Rainbow), Ronnie Atkins (Pretty Maids), Eric Martin (Mr Big), ou Bob Catley (Magnum), bref, pas de trop de gros noms ronflants ici, mais quand même une équipe bis plutôt solide et cohérente avec l'orientation musicale du projet, même si ça ne fait pas rêver, les types font le job, c'est déjà ça.
Même si je parlais de symphonique un peu plus haut, on atteint pas ici l'excès de Wicked symphony/Angel of Babylone, le Tobias Sammet, surement conscient qu'il ne pourrait pas faire plus dans le genre, a décidé de revenir à quelque chose de plus simple et de plus direct, sans doute plus cohérent aussi, les orchestrations se font donc plus discrètes (légèrement, faut pas déconner non plus) et l'album fait la part belle à de vrais bons titres de Heavy Rock qui vont droit au but, avec bien entendu des refrains catchy dont Toby à le secret, une tambouille un poil moins surchargée donc, plus efficace, qui fonctionne à plein régime pendant une heure, dont quand même deux titres de plus de dix minutes.
Malgré tout, les ficelles sont énormes, comme d'habitude avec Avantasia, et ce n'est pas ici que vous allez être surpris ni étonné, mais je ne crois pas que ce soit le but, c'est un peu la bonne recette du père Sammet, avec ses refrains guimauves bigger than life, ses orchestrations et ses effets spéciaux qui en mettent plein les oreilles, tout ça est de plus incroyablement sucré, comme une version couillue de Mon Petit Poney, un voyage dans le monde merveilleux d'Avantasia, féerique, pompeux, mais un voyage tranquille, safe, et quand même assez prévisible, même si tout le spectre Avantasia est survolé, du Power Metal parfois rapide au Hard Mélodique, en passant pas de la bonne grosse balade qui dégouline de bons sentiments, tout y passe.
On trouve donc des réminiscences de Speed Power Metal par-ci par-là, les titres chantés en duo avec Kiske, évidemment, Where clock hands freeze et Dweller in a dream, qui envoie correctement et tranquillement son Power classieux dans la grande tradition du genre, de la même manière, même si un peu plus rock dans l'esprit, Invoke the Machine est plutôt correct, avec en bonus le chant de Ronnie Atkins, dommage cependant que Jorn Lande ne soit pas de la partie, ce genre de titre était fait pour lui, ok, le Atkins se démerde pas mal, mais ce n'est pas Jorn. (ouais, je boude un peu...)
Autre moment sympa du disque, le très long Savior in the Clockwork envoie pas mal, avec la présence de Kiske, Turner et Byford, dix minutes qui passent très vite, tout ça est admirablement composé et varié, on en dira pas autant du longuet dernier titre The Great Mystery, qui donne dans un rock épique souvent trop ampoulé, sur lequel tous les petits trucs et tics de composition de Tobias Sammet sont passés en revue, pas le meilleur titre d'Avantasia, clairement, mais les chanteurs apportent une diversité plus qu'agréable, notamment Bob Catley, accompagné ici par Byford et Turner.
Après, le reste des titres est un poil moins bon, les deux premiers titres, Spectres et The watchmaker's dream sur lesquels officie Joe Lynn Turner sont plutôt agréables, sans être particulièrement génial, d'ailleurs Turner n'apporte pas grand chose, et on est presque soulagé quand Sammet vient donner du dynamisme à tout ça, tout le contraire d'un Black Orchid, long titre d'Heavy Rock à la Avantasia avec un gros refrain, et un Biff Byford en parfait contrepoint au chant typé Power Metal puissant de Sammet.
Bien sûr, comme il y a Eric Martin, il ne faudra pas s'étonner si la bonne grosse power balade du disque, What's left of me, sonne pile-poil comme du Mr Big, mouais, c'est pas vraiment une bonne nouvelle pour du avantasia, de même que l'autre balade Sleepwalking, qui voit Toby et une chanteuse inconnue du nom de Cloudy Yang (Amanda Somerville était pas dispo? elle avait coiffeur ce jour là?)  verser complètement dans la pop sirupeuse, et dire que ce titre à été choisi comme single, j'avoue que ça me dépasse un peu, s'il y a bien un titre pas du tout représentatif du disque, qui privilégie une certaine efficacité, c'est bien celui-là.

Bon, à défaut d'être un grand disque d'Avantasia, ou même un grand disque tout court, The Mystery of Time est un bon petit produit Heavy/Hard Rock à tendance symphonique sorti des usines Sammet, avec le savoir-faire qu'on lui connait quand il s'agit de pondre d'énormes refrains et des titres efficaces.
Il est appréciable que le Toby et ses potes ne se soient pas trop répétés ici, proposant une musique un poil différente des autres albums du groupe, The Mystery of time est particulièrement bien dosé, plutôt varié, assez énergique malgré son côté ampoulé et tape-à-l'oeil, (après tout, c'est du Avantasia, les orchestrations grandioses font partie du cahier des charges), et dans l'ensemble, on ne s'emmerde pas vraiment, mais ça ne va pas plus loin qu'un disque sympa, qui fait honneur à la marque Avantasia, certes, mais qui n'apporte pas grand chose au final, tant le Tobias Sammet a tendance a toujours utiliser les mêmes ficelles, néanmoins, il faut quand même admettre que même si tout ça est très prévisible, Tobias arrive à servir une bonne tambouille qui sonne bizarrement fraîche, avec des titres qui fonctionnent globalement bien.

Un bon petit disque de Heavy/Rock symphonique...
3.5 / 5

Tracklist:
1. Spectres
2. The Watchmakers' Dream
3. Black Orchid
4. Where Clock Hands Freeze
5. Sleepwalking
6. Savior in the Clockwork
7. Invoke the Machine
8. What's Left Of Me
9. Dweller in a Dream
10. The Great Mystery