mardi 13 novembre 2012

[Chronique] Ikkadian - Of Alpha and Omega

Comme l'actualité est assez pathétique en ce moment, le blog continue d'explorer l'underground et les petits groupes sympa qui passent inaperçus, aujourd'hui, pas d'exotisme, car nous allons aux Etats-unis afin de nous intéresser au premier album auto-produit d'Ikkadian, jeune formation de Death Metal blackisé formé en 2010, mais faisant preuve d'une certaine maturité et d'un savoir-faire assez impressionnant.
Cela fait déjà quelques semaines que l'album tourne pas mal chez moi, je me l'étais mis de côté pour en faire une chronique en période de vache maigre, comme c'est le cas en ce moment, et y'a pas à chier, Of Alpha and Omega est un disque qui vaut le détour, et vous n'avez aucunes excuses pour ne pas l'écouter, étant donné qu'il est en téléchargement gratuit et légal sur leur site...

Ikkadian fait donc dans la Blackened Death Metal d'obédience Old School, pas de plans Tech/Prog à la con ici, non, car ces américains proposent un véritable mur du son, intense, brutal et destructeur, Of Alpha and Omega est un bloc, massif, qui vous tombe sur le coin de la gueule, pesant, étouffant, mais malgré tout intéressant sur la durée, ce qui n'était pas forcement gagné vu le style pratiqué ici.
Quand on parle de Blackened Death, on pense bien sûr à Behemoth, et Ikkadian s'en rapproche un peu, mais du vieux Behemoth de la fin des années 90, car on l'oublie un peu, mais avant que Nergal ne capitalise sur sa maladie en faisant juré de télé-crochet tout en se tapant des starlettes siliconées, Behemoth fut un groupe assez poisseux et relativement novateur, d'un point de vue sonore, et c'est bien la première chose qui frappe à l'écoute du disque, c'est cette production, très sèche, naturelle, les guitares sonnent de manières abrasives, mais très claires, et bien sûr, la batterie n'est pas en reste, avec un son très organique, qui met admirablement en valeur le travail de culturiste des fûts de Michael Arcane, une véritable brute qui défouraille sévère.
Bien sûr, les recettes du Death Blackisé à l'ancienne, on les connait, avalanche de tremolo picking, enchevêtrement de riffs directs dans ta face, un mur du son dans lequel les mélodies passeront souvent par les soli habillement distillés sur presque chaque titre, et batteur fou furieux; Au niveau du chant, c'est du tout bon ici, avec un Donny Doss qui utilise un croustillant growl un peu criard et souvent incantatoire, tout en se réservant la possibilité d'utiliser un growl plus guttural quand le besoin s'en fait sentir.
Heureusement d'ailleurs que le groupes balancent un paquet de soli, ainsi qu'un petit nombre de breaks bien sentis, car Ikkadian ne va pas vous donner l'occasion de respirer bien souvent tout au long de ces cinquante minutes de matraquage sonore, les américains ne sont pas là pour plaisanter ni pour perdre du temps, une véritable boucherie-charcuterie du Death/Black, le tout envoyé à une vitesse improbable.
De variété, il n'en sera pas vraiment question au début de l'album, sans même une petite intro, Ikkadian envoie le pâté avec Adversary et Lambs before Lions, deux titres que l'on passe presque en apnée dans une atmosphère poisseuse, ça va vite, très vite, du gros tabassage en règle histoire de se mettre dans l'ambiance.
The divine Will change quelque peu la donne, en apportant de nombreuses variations, le titre alterne entre le speed et les passages plus atmosphériques (tout est relatif, hein), le chant diffère un peu, là aussi, se faisant parfois brutal, parfois plus incantatoire, une première partie ultra rapide, une seconde plus dans le mid-tempo pesant qui défonce.
Plus de growl encore sur Sophia, qui nous offre le premier long break de l'album, un passage acoustique d'au moins cinq secondes, juste ce qu'il faut pour reprendre ses esprits avant une nouvelle attaque et un solo à l'ancienne qui colle parfaitement à l'ambiance du titre, le titre suivant, The Mad Arab, propose lui aussi une sorte de break, ou plutôt un passage bizarre vers 1'30, assez décontenançant, le groupe faisant même preuve d'un certain sens mélodique avec Lotus, un démarrage mid-tempo écrasant, suivant d'une grosse accélération brutale, le tout relié par un passage acoustique du plus bel effet.
La grosse surprise se trouve avec Archangel, sur lequel on trouve du chant féminin, qui confère au titre une ambiance assez glauque, mais rassurez-vous, ça ne dure pas longtemps, faut pas pousser non plus, Ikkadian reprend les hostilités sitôt la gonzesse repartie dans sa cuisine, et va même pousser encore plus loin dans l'extrême avec Relentless March Towars Apocalypse, le titre le plus rapide et violent de la galette, qui s'ouvre d'ailleurs sur une intro typiquement black, ultra brutal, avec par dessus le marché un solo de Mr James Murphy, une boucherie ce titre.
Pour finir, deux titres, Alpha et Omega, qui n'en forment qu'un seul, puisque relié par un passage acoustique, Alpha est pesant, très lourd dans sa démarche de destruction, alors qu'Omega se charge de conclure le disque avec une vélocité peu commune, une dernière mandale dans la gueule pour la route, histoire de vous achever une bonne fois pour toute...

Pas la peine de vous faire un dessin, je suis tombé sous le charme de cet Of Alpha and Omega, dont on ne dirait pas qu'il est seulement le premier album d'un groupe totalement inconnu qui sort de nulle part du fin fond de la Virginie.
Techniquement, tout est carré, les riffs et les soli de John Cornnell (également compositeur et bassiste) impressionnent, de même que le batteur qui martyrise ses fûts de manière insensée, le chant colle parfaitement, et surtout cette production est effrayante d'efficacité, et donne au groupe une touche old school et naturelle plus qu'appréciable, une production très naturelle qui change un peu des trucs modernes lisses et bien trop cliniques.
Ikkadian frappe fort, vite, mais n'en fait jamais trop, offre juste ce qu'il faut de breaks et de variations pour ne pas tomber dans le bourrinage stérile, même si bien sûr l'ensemble s'avère dur à digérer tant le groupe fait dans le rouleau compresseur pendant une cinquantaine de minutes, l'album peu apparaître à certains moments un peu trop étouffant, mais ne chipotons pas, Ikkadian est une bonne surprise de cette triste année 2012, et fait très fort avec son premier album maîtrisé qui ne fait pas dans le détail, les enfants, le Death blackisé, c'est comme ça que ça fait, pas autrement, c'est violent, véloce, malsain, ça botte le cul...
(C'est à télécharger ici: www.blackmorningstar.com, c'est gratuit, mais vous pouvez faire une petite donation, à vous de voir)

Bulldozer Blackened Death
4 / 5