dimanche 18 novembre 2012

[Chronique] Killers - 10:10


On ne peut pas dire que les inoxydables français de Killers soient particulièrement productifs depuis une dizaine d'année, c'est bien simple, j'étais presque convaincu que le groupe était enfin à la retraite et avait mis la clé sous la porte après le pourtant très correct A l'ombre des vautours en 2007.
C'est donc avec surprise que j'ai vu débarquer un nouvel album, qu'à vrai dire personne n'attend vraiment, ne le prenez pas mal, mais bon, quand tu entres dans le rythme d'un album tous les cinq ans et que tu disparais complètement de circulation entre chaque sortie (en dehors de quelques dates par-ci par-là), ça commence à salement sentir le roussi et la fin de carrière dans l'anonymat, surtout quand à la base tes albums n'intéressent déjà pas grand monde.
Bref, voici le curieusement nommé 10:10, quatorzième album du groupe de Bruno Dolheguy et de son line-up à géométrie variable (même si ça c'est un peu calmé ces derniers temps), auto-produit et agrémenté d'une pochette incroyablement laide qui ressemble à celle d'une démo d'un groupe de Death des années 90 réalisée sous Paint, une véritable horreur, mais passons, qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse, non? Sauf que pas de bol, ce nouvel album est plus que moyen...

Après de nombreuses années de stabilité, petit changement de line-up dans Killers, c'est le batteur qui passe cette fois-ci à la trappe, un léger remaniement, rien de bien grave, car le seul changement notable se situe surtout au niveau de l'orientation musicale prise par ce nouvel album.
Ce qui était bien avec A l'ombre des vautours, c'était ce côté très Thrash qui suintait de chaque titre, dont un paquet de brûlots rageur et rentre-dedans, avec 10:10, oubliez un peu ça, le groupe revient à ses racines et à sa musique de base, sorte de Speed Metal à la française à tendance Heavy, qui fonctionnait relativement bien sur Habemus Metal ou Mauvaises graines par exemple, sauf qu'il y a un mais, Killers donne ici souvent dans le Heavy Rock mou du genou et parfois pénible, heureusement quelques titres bien directs dans la grande tradition du groupe viennent un peu sauver la mise.
10:10 est donc une véritable collection de hit and miss, un album branché sur courant alternatif, une machine un brin fatiguée qui toussote dangereusement en fin de compte...
Tout n'est pas si noir que ça, évidemment, en vieux grognards du Metal français, la bande à Dolheguy sait toujours pondre quelques brûlots dont il a secret histoire de faire remonter la pression, mais l'impression générale qui se dégage de 10:10 est celle d'un album qui manque cruellement d'intensité, qu'on retrouve parfois, distillé au compte goutte, au gré des titres, surtout dans le seconde moitié de la galette, qui verra le groupe retrouver un peu de gnaque salutaire.
Après un premier titre, Nom de dieu, qui envoie la purée comme au bon vieux temps, le genre de titre rassurant, correct, sans génie mais solide, l'album va prendre une tournure plus rock et il faut bien l'avouer assez pénible et inconsistante.
Le groupe enchaîne donc les titre mélodique mous du genou et les vaines tentatives d’accélérations lors de titres moyens et sans relief, sans l'intensité nécessaire à ce type d'entreprise, du speed Metal pantouflard qui ne propose rien d'intéressant et qui radote un peu, sans vraiment de refrains mémorables, un comble.
On se mange donc des titres comme Au nom des morts, La guerre, Machine à tuer, et les presque huit minutes de Manipulés, long titre coupé en deux, entre un long passage mélodique et une seconde partie plus rapide qui relève quelque peu le niveau, mais c'est bien peu.
Même quand le groupe se décide enfin à lâcher les chevaux et à envoyer, le résultat est nuancé, Tricheurs est plutôt sympa dans le genre, mais le sample des commentateurs sur le but tant décrié de Thierry henry lors de France/Irlande est un peu too much, alors qu'un C'est du vent porte admirablement bien son nom, dans le genre réussi, Vague souvenir l'est assurément, le titre est heavy, assez lourd, avec de bonnes accélérations et un break sympa.
Bizarrement, c'est à la fin de l'album que l'on va enfin trouver un peu de folie dans tout ça, avec deux gros brûlots in your face, le très speed Insupportable qui envoie enfin la sauce,  et le plus Heavy Vivons caché, mid tempo assez classique qui passe par un savoureux moment de tabassage sur le solo.

Sur 10:10, rien n'est réellement mauvais, c'est un fait, mais rien n'est vraiment génial non plus, l'ensemble apparaît souvent trop moyen, montrant un groupe un peu en roue libre, qui déroule son Metal sans envie de l'emmener plus loin que la tambouille habituelle, ça marchait avant, car Killers y mettait beaucoup de coeur à l'ouvrage, ce qui n'est pas vraiment le cas ici, l'album manque de rage et d'envie d'en découdre, et ne dépasse jamais le cadre du disque anecdotique de plus, sympathique pour sa prod old school délicieusement granuleuse et son chant en français, mais qui se révèle plutôt inutile et pas du tout bandant, à croire que le groupe se contente de continuer gentiment pour atteindre la barre des trente ans d'existence, en sachant pertinemment qu'il n'a plus grand chose sous la pédale, même si bien sûr cela ne remet nullement en cause l'intégrité et la sincérité de la démarche.
Un disque qui en fin de compte ne s'adresse qu'aux fans hardcore du combo français, qui doivent encore porter des vestes à patchs dans le monospace malgré la vie de famille et la calvitie, les autres passeront poliment et respectueusement leur chemin...

Moins bourrin, trop moyen...
2.5 / 5

>> Site officiel (et aussi boutique): http://bdolheguy.free.fr/