samedi 25 août 2012

[Chronique] Grave - Endless Procession of Souls


Depuis son retour à la vie en 2002 avec le bien nommé Back from the Grave, les suédois sont réglés comme une horloge, tous les deux ans, on y a droit, un nouvel album vient pulvériser vos cervicales, avec une qualité constante et une abnégation qui forcent le respect, à défaut de proposer une quelconque innovation à leur musique, Grave dans tout son jusqu'au-boutisme sonore, en somme, car la formule n'a pas changé depuis son Into the Grave en 1991, un Death Metal old-school, chargé de groove putride et de Doom graisseux, et ce n'est surement pas Endless Procession of Souls qui viendra changer la donne, et franchement, c'est tout aussi bien comme ça...

Bref, une fois de plus, dans la lignée du très bon Burial Ground, Ola Lindgren (seul membre permanent depuis 1988) et son line-up évolutif (une fois de plus, y'a du changement, avec un nouveau guitariste et un nouveau bassiste) nous balance un nouveau méfait en pleine gueule, sans artifices, sans se soucier des modes, sans esbroufe, en véritable artisan du Death Metal, dans la plus grande tradition du groupe, de toute façon, ils ne savent faire que ça, alors...
A l'heure où les groupes peaufinent leur son à l’extrême, tombant facilement dans la débauche d'effets techniques stériles, et où les kids se bougent la mèche sur du Deathcore à Breakdown en se croyant Trve br00tal, Grave est là, inamovible, droit dans ses bottes, avec son Death d'un autre âge, mais représentant l'essence même du Death, le Metal de la mort avec des poils et des couilles, caverneux, vicieux, qui sent la sueur et la bière, et de ce point de vue là, Endless Procession of Souls est salement réussi, simple, raw, brutal, fétide, pas super original, bien sûr, mais avec suffisamment de savoir-faire pour rendre la tambouille digeste.
Après une courte introduction lugubre et Doomesque, Amongst the Marble and the Grave va se charger de nous montrer qui est le patron, un opener typique de Grave, dans toute sa bestialité, les riffs sont gras, le solo est minimaliste mais colle parfaitement, le growl est rugueux à souhait, et putain ça tabasse sévère, avec les petits passages Doom qui vont bien, on est en fait dans la zone de confort de Grave, classique et efficace, qui ravira n'importe quel fan de longue date, la suite sera bien entendu du même tonneau, avec quand même un petit défaut récurrent chez le groupe, qui est ce manque de variété sur la longueur.
Là ou un Asphyx, avec le génial Deathhammer, alternait entre les titres bourrins et les longues plongées dans le Doom le plus malsain, Grave est incapable de changer sa formule, l'album peut donc s’avérer quelques peu épuisant et répétitif sur la durée, mais bon, on est chez grave, alors l'originalité et la recherche sonore, on s'en bat les couilles.
Car c'est bien le plus important, Grave propose ici une nouvelle collection de bons titres qui arrachent la gueule, jouissifs, viscéraux, avec toujours ce petit côté D-Beat qui fonce dans le tas, brutal, mais sans oublier les sections Doom qui donnent tout son charme à l'ensemble, notons qu'une fois de plus, l'album se conclut par un long titre de presque huit minutes, Epos, profondément malsain et lugubre, que n'aurait pas renié Asphyx, ajoutons à cela une production à l'ancienne, raw et croustillante, et vous obtenez un autre bon cru de Grave, la baffe néandertalienne suédoise qui revient vous frapper tous les deux ans, avec ses dix titres brise-nuques qui raviront petits et grands...

Donc voilà, il ne faut pas s'attendre à une quelconque évolution dans la musique des suédois, Grave fait du Grave, point barre, avec ses qualités et ses limites, Endless Procession of Souls est un disque à l'ancienne, délicieusement passéiste, là où la plupart des groupes modernes cherchent à proposer des millésimes complexes et policés, Grave nous sert de l'alcool de patates fait maison, avec sa recette traditionnelle et sa technique rudimentaire, c'est fort, ça arrache, et c'est pour ça qu'on l'aime, car c'est brut et sans fioritures.
Un peu à l'image du dernier Master, je suis persuadé que je pourrais ressortir la même chronique dans deux ans pour parler du prochain album, pour l'originalité, on repassera, mais le Death des suédois fait encore mouche malgré tout, et c'est bien ce qui importe...

100% Old School
4 / 5