vendredi 27 juillet 2012

[Chronique] Master - The New Elite


Cela fait désormais presque 30 ans que Master végète au fin fond de l'underground du Death Metal, de plus en plus proche de cette limite séparant l'Underground de l'Oubli, dans cette zone où seule une bande de fans hardcore se souviennent encore du statut culte du groupe.
Cruel destin que celui du groupe de Paul Speckmann, peut-être que si le fameux album perdu était sorti en 1985 et non en 2003, l'histoire aurait pu être différente, on ne le saura jamais, bref, Master n'aura jamais la reconnaissance qu'il aurait pu éventuellement mériter, et franchement, il semble que Speckmann s'en batte royalement les couilles, et il à surement bien raison, continuant à sortir inlassablement des albums, en véritable artisan du Death Metal, The New Elite étant le septième album de Master en dix ans, une vision toute personnelle du Death Metal, délicieusement old school et passéiste...

Qu'est-ce-qui a changé chez Master depuis las années 80? RIEN!
Toujours accompagné par ses comparses Pradlovsky et Nejezchleba, fidèles au poste depuis 2004, Paul Speckmann continue de servir son Death Metal à l'ancienne, mélange de Death, Thrash, et de Punk, d'ailleurs, à l'instar d'un Possessed, Master à toujours été plus Thrash que Death, alors n’espérez pas une quelconque évolution dans la musique du combo américano-tchèque, pas de blast beats, pas de plans prog jazzy tech à la con, pas de claviers, rien à foutre de ces conneries, Master envoie la sauce, à l'ancienne, avec cette production toujours aussi "croustillante" qui lui sied à merveille.
Master, c'est donc un peu la machine à voyager dans le temps, écouter The New Elite, c'est presque comme se retrouver en 1985, avec onze titres de Thrash Death sans fioritures, un son brut de décoffrage, un disque qui pue la sueur et le savoir-faire, le trio fait ce qu'il sait faire, rien de plus, rien de moins, ça bourre de la première à la dernière seconde, sans vraiment de variations de tempo, les gars appliquent leur formule, basée sur cette énergie Thrash qui suinte de chaque riff, cette batterie qui tabasse, mais sans blasts, simpliste, mais pas dans le mauvais sens du terme, donnant d'ailleurs une petite touche de D-Beat à l'ensemble, et surtout il y a ce qui fait tout le charme de Master, le chant de Speckmann, qui vomit ses lyrics, un growl Daffy Duck rappelant parfois celui de John Tardy.
Mais alors, puisque c'est toujours la même chose depuis trente ans, c'est quoi l'intérêt du truc?
Ben y'en a aucun ma bonne dame, Master délivre une autre vague de coups de pied au cul comme il en a le secret, à destination de leurs fans restant.
Ok, ça pourrait être pourri et atrocement inintéressant, mais malgré le côté monolithique et linaire de l'album, Master a toujours la classe quand il s'agit de pondre des riffs accrocheurs qui ne font pas trop "déjà entendu".
Je parlais de linéarité, bien sûr, car on parle ici d'un album de 45 minutes, chaque titre faisant entre trois et cinq minutes de Thrash death direct, ça joue vite, mais pas trop, sans break, sans passages expérimentaux qui permettrait au groupe d'élargir son horizon et d'explorer de nouveaux territoires musicaux, constamment sur le même tempo (quelques variations de temps en temps, mais ça ne va pas plus loin), et il y a aussi ces soli d'Alex Nejezchleba, incroyablement raw et old school, avec cette vibe Slayerienne qui s'intègre très bien au son particulier du groupe.
Cette linéarité est bien sûr le défaut principal de ce The New Elite, quelques changements de rythme ne feraient pas de mal, voir même pourquoi pas quelques passages Doom, comme sait le faire Asphyx, qui permettraient de casser cette relative monotonie, car au final, on ne peut pas vraiment dire qu'on retienne grand chose de cet album, on passe un bon moment, mais c'est à peu près tout, pour un résultat qui n'est au final qu'un album de plus de Master, parfaitement exécuté, comme un produit rustique produit de manière artisanale...

Bref, si vous attendiez du changement chez Master, ce n'est pas pour cette fois, et sincèrement, ça n'arrivera jamais, Speckmann s'en fout et fait son truc dans son coin, pour un disque qui réveillera une certaine nostalgie chez certains, un Death Thrashy old school, comme on en fait presque plus, sauf chez Master, et je suis sûr que dans 2-3 ans je pourrais ressortir la même chronique au mot près pour le prochain album.
Dans tous les cas, The New Elite est un bon petit disque, bien foutu, à l'ancienne, qui envoie la sauce, un peu monotone, certes, mais délicieusement distrayant...

Direct dans ton Cult!
3 / 5