vendredi 8 juin 2012

[Chronique] Trepalium - H.N.P.

Mine de rien, cela fait désormais plus de 10ans que Trepalium roule sa bosse sur la scène hexagonale, après un premier brouillon sympathique avec Through the Absurd, c'est en 2006 que le groupe a véritablement dévoilé tout son potentiel avec Alchemic Clockwork of Disorder, avant d'enfoncer le clou trois ans plus tard avec le gros pain dans la gueule groovy qu'était XIII, autant dire qu'après deux albums exemplaires, cette nouvelle livraison, H.N.P, était attendue au tournant, une bête qui s'apprivoise moins facilement cette fois-ci...

Surprenant, ce nouveau Trepalium l'est assurément, se démarquant nettement d'un XIII, mais n'allez pas croire que c'est pour autant moins bon, H.N.P. est juste différent, bien sûr, il perd en folie, le côté fun des productions précédentes se retrouve quelque peu gommé, laissant place à des compositions plus sombres et, oserai-je dire, sérieuses.
Ce qu'il perd en folie, Trepalium le gagne en fluidité, surement un signe de maturité, H.N.P est moins décousu, et par conséquent plus compact et plus cohérent dans sa démarche, mais ce qui choque le plus, c'est le côté sombre qui se dégage du disque, lourd, mais paradoxalement parfois planant, heureusement, rassurez-vous, Trepalium fait toujours du Trepalium, dans son style qui le caractérise, ce Death Metal groovy aux structures labyrinthiques, avec ce growl parfois proche du Hardcore, seulement ici ce style particulier est encore plus peaufiné, une évolution logique, et une bonne chose pour un groupe qui aurait pu risquer de s'enfermer dans ses propres gimmicks jazzy.
H.N.P se mut en une redoutable machine de guerre, soutenue par une section rythmique au taquet, avec un duo basse/batterie redoutable de précision et de punch, et ses riffs encore plus fouillés que par le passé, pour un ensemble qui se fait écrasant et étouffant, mais contenant de judicieuses poches d'air disséminées ça et là, avec un groove, marque de fabrique du groupe, toujours aussi présent.
L'album ne s'embarrasse pas d'intro et taille directement dans le lard avec un Heic Noenum Pax qui annonce la couleur, et qui résume assez bien ce que sera ce disque, un amalgame entre ce Death brutal, sombre, et ces envolés complètement folles, avec notamment certains soli que n'auraient pas renié un Meshuggah, d'ailleurs, S(l)ave the world est un bon exemple que ce côté Meshuggahesque, technique, tortueux, mais avec se groove toujours aussi démoniaque, qui fait toute la différence, de la même manière, un Insane Architect rappelle un peu le Trepalium du passé, funky, groovy, mais avec cette plus-value technique qui emmène le groupe à un autre niveau, et que dire de ce brillant Order the Labyrinth aérien, alternant avec des passages d'une lourdeur extrême, l'une des plus belles réussites du disque.
La musique du groupe, se fait ici plus écrasante et monolithique (dans le bon sens du terme), H.N.P est un bloc, très cohérent, une mécanique de précision qui forme un ensemble qui s'écoute d'un traite, mais qui peut s'avérer épuisant sur la durée, car même si l'album est court (moins de quarante minutes) il donne l'impression de tirer un peu en longueur sur la fin, où l'on a tendance à retenir moins de chose et à lâcher un peu prise (le septième titre, I Was, à tendance à tourner un peu en rond, et c'est bien le seul titre que j'ai tendance à zapper), les compositions du groupe étant un peu moins évidentes, il m'a fallu plusieurs écoutes pour m'immerger complètement dans ce H.N.P, mais une fois qu'on est dedans, on n'en sort plus et l'on se perd avec plaisir dans ce cauchemar métallique tortueux, les titres s’enchaînent, sans ennui, jusqu'au final qui me laisse assez perplexe.
Ouais, je veux parler de la reprise de Pantera qui conclut l'album, ce I'm Broken certes magnifiquement exécuté mais qui au final n'apporte pas grand chose, se démarquant assez peu de l'original, j'aurai préféré que le groupe prenne plus de risque en choisissant un titre n'ayant rien à voir avec le groove Metal, bref, c'est sympathique, mais au final anecdotique...

Mais on ne va pas bouder son plaisir, loin de là, car Trepalium a frappé un grand coup avec H.N.P, qui reprend là où XIII s'était arrêté, tout en voyant le groupe continuer son évolution.
Alors bien sûr, il peut paraître un peu court, mais c'est largement suffisant tant la musique du groupe se fait complexe et riche, d'ailleurs, avec dix minutes de plus, on aurait surement frôlé l'indigestion.
Les titres sont finalement assez variés, admirablement composés, très techniques et très denses, l'ensemble est pesant, menaçant, abrasif, Trepalium conserve ses fondamentaux et évolue, pour un résultat qui me plait beaucoup.
Trepalium vient de frapper fort et ça fait mal, une bonne mandale de Death Goove dans la gueule, qui confirme le statut de valeur sûre du groupe sur la scène hexagonale, foncez, c'est du bon...

Gouleyant...
4 / 5