vendredi 15 juin 2012

[Chronique] Mnemic - Mnemesis


Souvenez-vous, c'était en 2003, et une bande de fous furieux venue du Danemark pulvérisait tout sur son passage avec son premier album Mechanical Spin Phenomena, premier essai jouissif mélangeant habilement sonorités modernes et des influences comme Fear Factory ou Strapping young Lad, c'était ça Mnemic, un premier disque énorme qui en faisait un des grands espoirs de la scène européenne.
La suite? pas grand chose malheureusement, un deuxième album, The Audio Injected Soul, sorti un peu trop hâtivement à peine un an plus tard, un poil moins bon que son aîné, et le chaos, avec le départ du vocaliste Michael Bogballe, avant le crash que sera Passenger en 2007.
Depuis, malgré un Sons of the system qui redressait un peu la barre, le combo danois semble perdu, incapable de retrouver la cohérence de son premier album, se perdant de plus en plus dans ses influences malgré son talent, et ce n'est pas ce nouveau méfait, Mnemesis, qui va changer la donne, malheureusement...

Un fois de plus, le navire Mnemic a particulièrement tangué l'année dernière, puisqu'en dehors de l'inamovible tête pensante du groupe Mircea et du désormais bien installé chanteur français Guillaume Bideau, le line-up du groupe a fait peau neuve, Mircea recrutant une bande d'intérimaires de choc tout aussi doués que les précédents.
Le principal souci, récurrent, avec Mnemic, c'est qu'à force de manger à tous râteliers, de mélanger un paquet d'influences diverses et variées, et également de constamment vouloir coller aux tendances actuelles, le groupe semble désormais incapable de trouver son propre style, et par conséquent de pondre un album cohérent, car une fois de plus, Mnemesis est un joyeux foutoir d’éléments hétéroclites mis bout à bout afin d'en faire des chansons.
Une fois encore, Mnemic nous abreuve d'informations jusqu'à l'indigestion, car bien sûr, le songwritting est toujours aussi défaillant, rendant l'ensemble particulièrement peu mémorisable, pas aidé par un chanteur qui se fait cette fois-ci irritant et une production massive et lisse signée Tue Madsen, renforçant le côté uniforme et donc assez chiant à la longue de la musique du combo.
Pourtant, pris séparément, tous ses éléments sont vraiment bien foutus et bien exécutés, les gars maîtrisent toujours aussi bien leur affaire d'un point de vue technique, et sont toujours aussi excellents quand il s'agit de créer des ambiances à la fois futuristes et oppressantes, le problème, bien sûr, c'est que tout ça ne fonctionne pas toujours une fois assemblé.
Rien n'a vraiment changé depuis Sons of the Systems, tout ce qui faisait la "force" (façon de parler) de cet album est de retour avec Mnemesis, les atmosphères surtout, et bien sûr l'utilisation systématique du chant clair, avec un Bideau qui ne propose que très peu de variété dans ses lignes de chant, c'est bien simple, à la longue, on a l'impression d'écouter constamment le même refrain, les mêmes growls et les mêmes gimmicks qui se répètent constamment, je n'ai rien contre ce chanteur, qui a quand même pas mal de qualité, mais il faut quand même avouer qu'on a bien perdu au change par rapport à Bogballe, surtout que le français est mis très en avant dans le mix, ce qui ne serait pas un gros problème si même son chant hurlé ne se faisait pas si irritant et pénible tout au long de l'album, globalement, ce type en fait trop et devient une sorte de caricature du chanteur de Metal moderne, la chanson titre Mnemesis, ou encore le très djenty Ocean of Void sont assez représentatifs avec un chant hurlé trop forcé et un chant clair qui tombe à plat.
Sa prestation est à l'image de cet album, un véritable hit and miss au sein même des titres, parfois, un peu par hasard, sa voix colle bien à la musique, parfois il passe à côté, il faut dire aussi que comme musicalement on passe du coq à l'âne sans aucune transition, ça ne doit pas être évident pour lui.
Le premier titre, Transcend, est assez révélateur de cet état de fait, avec une fois de plus un groupe qui part dans tous les sens, j'ai même eu un doute dès les premières secondes, j'ai cru que je m'étais trompé et que j'avais accidentellement mis l'album de dubstep de Korn, et bien non, c'est juste Mnemic qui s'amuse à bidouiller sa musique dès le début, un titre en forme de montagnes russes, à l'image de l'album, avec ce refrain qui tombe comme un cheveu sur la soupe, ces ambiances, certes bien fagotées, mais déjà entendues par le passé, un premier titre pas mauvais en soi, mais à l'impact limité et au final manquant cruellement de liant.
Rythmiques hachées (heureusement, même si c'est parfois limite, le groupe ne sombre pas dans le Djent), atmosphères futuristes, arrangements electroniques, chant clair stéréotypé manquant de variété, et la bonne grosse production aseptisée de Tue Madsen histoire d'uniformiser tout ça, c'est ce qui vous attend tout au long de ce Mnemesis sans aucune personnalité et sans surprises, collant à l'air du temps (même la pochette est réalisée par l'artiste à la mode du moment, qui ferait bien également de ce renouveler un peu...), avec ce "Modern Metal" factice, facilement consommable et au final aisément jetable après usage, malgré toutes les qualités des gars, rien n'y fait, aucun titre ne ressort véritablement du lot, un assemblage duquel on ne retient absolument rien au final, le groupe, à l'image de son chanteur, veut trop en faire, tente surement de plaire à tout le monde, et nous inonde d'informations, desquelles il semble appartenir à l'auditeur de séparer de bon grain de l'ivraie, le groupe semble plus perdu que jamais, ne sachant pas du tout quelle orientation donner à sa musique, partant dans toutes les directions pour au final n'arriver nulle part et se mordre la queue...

Bref, vous l'aurez compris, ce n'est pas encore cette fois-ci que Mnemic sortira un bon disque mettant tout le monde d'accord, Mnemesis, voit le groupe limiter la casse tant bien que mal, sans passion, sans surprise, et presque sans envie d'aller plus loin que Sons of the Systems, et semble bien parti pour rester à jamais le groupe d'un premier album lumineux, n'ayant jamais réussi à confirmer par la suite, tournant désormais en rond, naviguant à vue en picorant à droite à gauche tous les éléments du Metal moderne, sans réussir à se les approprier totalement, un groupe sans personnalité semblant incapable de trouver son propre style.
Pas complètement mauvais, mais pas bon non plus, un disque bancal, surproduit, stéréotypé, et sans saveur, un véritable gâchis tant les gars ont du talent et de la compétence...

Indigeste
2.5 / 5