mercredi 25 janvier 2012

Sear Bliss - Eternal Recurrence








Dans la catégorie album que l'on attendait plus, voici donc, ENFIN, le nouvel album des hongrois de Sear Bliss, intitulé Eternal Recurrence.
Je dis Enfin car putain, 5 ans depuis The Arcane Odyssey, je commençais vraiment à désespérer, surtout qu'à part Andras Nagy, tout le line up a changé.
5 ans d'attente, c'est surement le temps qu'il fallait pour donner un successeur au merveilleux Arcane Odyssey, pour moi leur meilleur album, le plus mature et le plus abouti artistiquement, un voyage épique et envoûtant.
Sear Bliss fait donc du black symphonique, mais pas seulement, car le groupe a pour particularité d'intégrer des cuivres à sa tambouille, et après le trombone, c'est surtout la trompette qui est à l'honneur avec ce Eternal Recurrence, une nouvelle offrande très différente des précédentes...

Car oui, en cinq ans, Sear Bliss a évolué, et s'aventure sur les terres d'un Black Metal plus expérimental et progressif, et sincèrement, c'est une franche réussite, même si cette évolution ne plaira surement pas à tous le monde.
On ne peut pas vraiment dire que Sear Bliss délaisse ici son Black Metal originel, mais plutôt qu'il s'en sert de base pour explorer d'autres horizons, plus éthérés, avec une production qui est d'ailleurs très clean et lumineuse, perdant certes son côté abrasif, mais gagnant en profondeur, de par la complexité des structures et les différentes textures, un redéfinition du son qui rappellera souvent Arcturus période The Sham Mirrors, surtout avec une utilisation accrue du chant clair et des orchestrations plus "spatiales".
Le premier titre, The eternal Quest, m'a vraiment surpris, une longue intro, un riff direct, et cette trompette qui rend l'ensemble très bizarre et planant, une ambiance soutenue par une intervention en chant clair et des claviers utilisés avec parcimonie.
On retrouve les riffs très typés black Metal, bien sûr, mais utilisés de manière différentes, moins présents, sorte de ponts entre les différentes partie d'une chanson, car une fois de plus, Sear Bliss nous emmène dans un voyage misanthropique, ou tout est dans le détail, avec des interventions de trompettes assez inattendues.
Par exemple, Great Cosmic Disorder est une véritable perle, le titre est lent mais diablement Heavy et malsain, avant de s'engager vers une seconde partie furieuse mémorable, une puissance somme toute canalisée, mais tout aussi efficace, A lost Cause, quant à lui, est le titre se rapprochant plus d'un Arcturus, avec beaucoup plus de chant clair, et certains passages très agressifs.
En s'engageant sur ce terrain plus progressif, Sear Bliss perd bien sûr en puissance brute, c'est un fait, mais il gagne en profondeur et en complexité, avec ce côté très froid, moins organique que par le passé, chaque titre est différent et réserve sont lot de petites surprises appréciables et de passages surprenant, c'est sinueux, tortueux, mais on s'en que le groupe sait très bien ce qu'il fait et sait précisément où il va, de nombreux titres vont crescendo, et on se laisse vite embarqué dans cette aventure captivante.
Le groupe déploie une autre forme d'énergie, moins directe, plus pernicieuse, et l'on navigue, entre Riffs puissants et moments ambients de toute beauté, en ne sachant pas vraiment ce qui va se passer ensuite.
Le dernier titre en est un parfait exemple, totalement barré, déstructuré, menaçant, avec un chant clair vraiment bizarre.

Sear Bliss signe donc avec Eternal Recurrence un retour en force quasi inespéré et surtout rafraîchissant, en modifiant complètement sa formule, et en prenant un virage Progressif/Expérimental des plus réussis, dont la plus grande force est sa complexité, l'ensemble est très riche, superposant différentes textures afin de rendre les titres très denses et profonds.
Eternal Recurrence est donc un album étrange, mais fascinant, avec un groupe qui explore de nouveaux horizons, plus Avant-gardiste, sans forcement renier son passé, un disque assez compliqué à suivre qui nécessitera de nombreuses écoutes afin d'en saisir toutes les subtilités.
Sear Bliss évite la facilité et la redite de la plus belle des manières, et même après de nombreuses écoutes, je n'est pas encore décroché, moins épique, moins violent, mais tellement beau et plus profond...

Planant, atmosphérique, tortueux, étrange...
4 / 5