jeudi 15 juin 2017

[Chronique] Unleash the Archers - Apex

Fun, sympa, sans réellement de consistance, voilà ce qu'est Unleash the Archers depuis dix ans, un groupe de Power sympa qui a déjà sorti trois albums tous facilement oubliable malgré une certaine qualité et un bon petit potentiel sympathie, il faut dire aussi que la bande à Brittney Slayes (ouais c'est du Power et y'a donc du nom de scène bien kitsch) ne se prend pas du tout au sérieux et a toujours pratiqué une certaine forme d'auto-dérision plutôt rafraîchissante dans le genre, le fait de naviguer dans certains délires nerdy lui a permis de ce créer sa petite niche confortable dans le Power Metal épique kitsch à mort et over-the-top, trop confortable peut-être, car pour fêter ses dix ans de carrière, Unleash the Archers a décidé de sortir un album sérieux, plutôt une bonne idée dans la mesure où Apex est clairement le meilleur disque du groupe à ce jour, et oserai-je dire, le premier qui puisse vraiment être qualifier de très bon.

Ce n'était pas compliqué finalement, il suffisait juste de dégager tous les délires nerdy incompréhensibles et d'orienter le projet dans une direction plus classique et moins fourre-tout pour que ça marche mieux, c'est donc ainsi que Unleash the Archers va tout miser sur la dimension épique de sa musique, avec des chœurs glorieux et emphatiques, des refrains efficace à mort et tous les trucs de studio destinés à rendre la musique la plus grandiose possible, il est également à noter que pour le première fois, un album des canadiens n'a pas un son de merde vu que c'est Jacob Hansen qui s'est occupé de tout ça, et il fallait bien ça pour équilibrer une tambouille qui dégouline d'arrangements épiques.

Apex est un pseudo concept-album basé sur une histoire fumeuse avec des protagoniste comme The Matriarch, The Immortal ou The Shadow Guide qui font des trucs bizarres dans un univers quelconque, j'aurais bien voulu vous en dire davantage mais alors que j'étais prêt à débourser quelques euros pour télécharger le bouzin j'ai réalisé que pour 9,90€ le download le label était même pas foutu de te fournir un digital booklet, et donc comme j'avais pas envie de me faire enculer je me suis rabattu sur un bon vieux téléchargement illégal, c'est tout pour l’aparté, on revient au disque.
Le premier chapitre Awakening ne fait pas trop traîner avant de ce mettre en route avec un riff bien agressif et une rythmique particulièrement efficace, Unleash the Archers envoie la sauce, bien décidé à se montrer de quel bois il se chauffe, ce titre d'ouverture est également un excellent véhicule au chant d'une Brittney Slayes qui a encore progressé, comme elle fait à chaque album d'ailleurs, sa prestation sera de tout premier ordre sur l'intégralité du disque, je n'en dirais pas autant du growl masculin qui intervient encore et toujours de manière désagréable, mais c'est un peu le dernier vestige de quelques penchants Death qui habitaient le groupe jusqu'à encore peu de temps, c'est comme chez Epica, le growl est tout pourri mais il fait parti du son du groupe alors faut faire avec.

Pour en revenir au titre, il n'y a pas que Brittney qui a progressé, le songwritting est également en amélioration, Awakening dure quand même sept minutes, et miracle chez un groupe qui avait tendance à se perdre en route par le passé, cette fois-ci ça retient l'attention du début à la fin, en maintenant la tension et une certaine agressivité, on note que le groupe joue sur une certaine efficacité avec des morceaux simples et punchy comme Shadow Guide ou The Matriarch, des titres très directs plutôt groovy contenant tous les plus gros clichés du genre, que ce soit les choeurs virils où les refrain ampoulés à mort, mais on parle de Power Metal là, donc vous êtes là pour ça et ce n'est pas gênant, surtout que les deux morceaux débouchent sur un titre particulièrement ambitieux comme Cleanse the Bloodlines qui va développer une vraie dramaturgie, le groupe a une fois encore recours aux chœurs et va également emprunter quelques trucs Folk chez Falconer, il va bien avouer que c'est vraiment réussi dans son genre, on pourrait même aller plus loin en disant que c'est le morceau le plus ambitieux jamais écrit par le groupe, Brittney en fait des caisses pour la bonne cause, et démontre une certaine versatilité quand elle s'attaque à quelques envolées mélodramatiques toutes en émotion.
Ce qui est un peu dommage c'est que Cleanse the Bloodlines soit le véritable pic de l'album qui arrive trop tôt et que le reste ne parviendra pas à atteindre le même niveau, l'espèce de Power Ballade False Walls fait figure de passage obligé bien cliché qui aurait pu fonctionner s'il avait été amputé d'un bonne moitié de ses huit minutes, mais même si le reste de l'album est un cran en dessous, Unleash the Archers ne va pas trop ralentir le rythme et envoyer quelques brûlots efficaces comme ce Ten Thousand Against One qui propose une ambivalence entre un Power très martial et écrasant et certains passages plus ambiancés et mystiques où Brittney fait preuve d'une certaine délicatesse avec pour une fois un growl qui intervient aux bons moments, la chanteuse aura quelques petits coups de moins bien, notamment une prestation fatiguée sur un Call me Immortal avec son refrain banal et passe-partout qui galère dans un ensemble qui manque d'ambition et qui s'enferme dans une structure Rock trop linéaire, un peu mieux mais loin d'être le point culminant de l'album, le titre éponyme conclura l'album sur un mash-up entre Iron Maiden et Judas Priest bien old school qui touche sa cible.

Bien sûr, comme il s'agit d'un album de Power Metal, mais avant tout d'un album d'Unleash the Archers, le bouzin est gavé jusqu'à la gueule, le disque tape gentiment ses soixante minutes, ce qui est bien évidemment excessif, mais on parle de Power Metal là, et l'excès est véritablement la norme, les canadiens en font des tonnes, tout le temps, le disque est gavé de punch épique et d'ambiances grandioses, de leads efficaces, de refrains kitsch à mort, mais contrairement aux albums précédents du groupe, cette fois-ci la tambouille s'avère bien plus digeste, car le songwritting fait dans l'efficacité et reste, malgré quelques exubérances, relativement sobre, il faut dire aussi que le groupe suit une histoire où chaque morceau est un chapitre et qu'il n'a pas vraiment loisir à s'éloigner de sa ligne directrice.

Unleash the Archers vient de nous pondre son disque le plus cohérent, mais surtout le moins bordélique, après dix ans de carrière, il était temps que ça arrive.
Les canadiens font all in sur le Power Metal épique en structurant davantage leur propos et en allant droit au but, Apex est gavé de groove, de punch, de moments épiques, d'intensité, d'émotion aussi, avec une Brittney qui a encore fait des progrès au niveau de son chant et de son interprétation, le fait que le groupe bénéficie pour la première fois d'une production correcte qui insuffle un certain dynamisme en étant pas trop compressé aide pas mal également.
Apex ne va pas révolutionner le genre, loin de là, mais Unleash the Archers délivre ici un disque qui pourrait bien le faire monter d'une division et le sortir de son relatif anonymat, en tout cas un souffle d'air frais dans un genre très stéréotypé comme le Power Metal épique, il aura fallu dix ans pour que Unleash the Archers sorte enfin un bon disque mais ça fallait le coup d'attendre.
Track Listing:
1. Awakening  07:17
2. Shadow Guide  03:56
3. The Matriarch  04:02
4. Cleanse the Bloodlines  05:54
5. The Coward's Way  05:05
6. False Walls  08:05
7. Ten Thousand Against One  05:37
8. Earth and Ashes  06:35
9. Call Me Immortal  05:46
10. Apex  08:20