mardi 5 novembre 2013

[Chronique] Pestilence - Obsideo

Rares sont les groupes qui réussissent un retour au premier plan après une longue séparation, et Pestilence... n'est malheureusement pas de ceux-là.
Il faut dire aussi que Pestilence n'est pas non plus un gros groupe légendaire ayant révolutionner quoique ce soit, juste un bon petit groupe ayant pondu trois bons disques vers la fin des années 80/début des années 90, dont un excellent Consuming Impulse (sur lequel chantait Martin Van Drunen d'ailleurs), la suite sera un peu moins glorieuse, Pestilence s'enfonçant de plus en plus dans un Death progressif et jazzy, très proche d'un Atheist ou d'un Cynic, une évolution qui nous donnera un Spheres qui aura divisé les fans du groupes pour son approche hermétique et démonstrative, un Thrash/Tech cérébral en forme de masturbation intellectuelle, curieux point final avant un split que l'on pensait définitif.
Pourtant, alors que le groupe ne manquait à personne, Patrick Mameli décidait de ressusciter la bête une quinzaine d'années plus tard avec son pote Patrick Uterwijk, afin de nous offrir un Resurrection Macabre pas génial du tout, à peine passable, où Pestilence œuvrait encore dans le Tech/Death prog/Jazz avec un son plus moderne, on aurait pu en rester là, mais en 2011, Mameli allait nous délivrer le pire album du groupe avec Doctrine, médiocre, sans intérêt, et quasiment insultant, car ce bon vieux Patrick délivrait l'une des pires prestations vocales de toute l'histoire du Death Metal, et après une telle débâcle, autant dire que je n'attendais pas grand chose d'Obsideo, et c'est à peu près ce que j'ai eu...

Ouais, Doctrine était médiocre, une expérience rendue encore plus pénible par le "chant" absolument dégueulasse de Patrick Mameli, qui ajoutait l'injure à l'infamie qu'était l'album, risible, pathétique et ridicule, Mameli livrait sa plus belle imitation de Daffy Duck sur ce disque, je me demande encore comment personne ne s'est rendu compte de ça avant de sortir l'album, mais il faut croire que lui aussi a vomit en écoutant le résultat final, car il y a du mieux avec Obsideo, certes, Mameli tente toujours d'imiter Van Drunen, c'est toujours très moche, mais un poil moins ridicule que la dernière fois, c'est toujours ça de pris, et cette fois-ci, on va pouvoir écouter l'album sans avoir envie de rire ou de s'ouvrir les veines.
Une fois encore, le line-up est modifié, ce qui est récurrent depuis les débuts du groupes, ce n'est pas maintenant que ça va changer, rassurez-vous, les deux Patrick sont toujours là, et c'est une section rythmique toute neuve que nous présente Pestilence, au revoir donc Jeroen Paul Thesseling et sa sa flamboyante basse fretless, le voici remplacé par un inconnu, mais c'est surtout le changement de batteur qui est intéressant, car c'est l'australien David Haley qui se retrouve derrière les fûts, ce qui n'est pas rien, vu que le monsieur est quand même le batteur de The Amenta et de Psycroptic, groupe de Death aussi stérile que technique et amateur de branlette instrumentale.
Ce changement à son importance, car Pestilence retrouve un certain dynamisme avec sa nouvelle doublette, bien sûr, la basse est moins flamboyante que ne pouvait l'être celle de Thesseling, mais le nouveau venu fait le boulot consciencieusement et avec application, la basse est donc moins omniprésente, mais fonctionne bien mieux avec la batterie, avec un Haley qui n'en fait pas trop, apportant une technique irréprochable et un certain sens du groove à la musique toujours aussi influencée Prog/Jazz du groupe, une section rythmique bien mieux intégrée à l'ensemble que par le passé, qui fait que Pestilence retrouve une certaine cohésion.
Malheureusement, les efforts restent malgré tout insuffisants pour sortir Pestilence de l'ornière, pour un groupe qui ne cesse de tenter de retrouver le son de son âge d'or, et même si cela va dans la bonne direction, on a pas beaucoup avancé depuis Resurrection Macabre, et en fin de compte, la légère embellie d'Obsideo n'est qu'un tout petit pas en avant permettant de passer de la médiocrité à la banalité, car l'album... est chiant.
En fait, plus qu'un Cynic ou qu'un Atheist, Obsideo me rappelle beaucoup le Carnival in Forever de Decapited, ouais, cette album bien moisi avec ses riffs empruntés à Meshuggah qui tourne en boucle pendant de longues minutes avant un solo à la con, c'était bien mauvais, et Obsideo fonctionne sur le même modèle, une formule classique pour Pestilence vu que c'est à peu de chose près la même depuis la reformation, chaque titre débute par un riff bien lourd, qui tourne en rond, avec le growl dégueulasse de Mameli par dessus, et vers les deux-tiers du titre, déboule le bon vieux solo jazzy/prog tech incompréhensible, quasiment improvisé, tombant comme un cheveu sur la soupe, on ne sait pas trop d'où ça sort mais c'est là et il faut faire avec, et comme la même formule est répétée sur chacun des titres, on va vite s'emmerder, c'est quand même dingue qu'un album soit aussi chiant alors qu'il est aussi court, 10 titres pour à peine 35 minutes, c'est peu.
Alors ouais, bien sûr, c'est de la grosse branlette Tech/fusion/jazzy au niveau des solos, les riffs sont lourds, heavy, souvent hachés (NecroMorph), la section rythmique apporte pas mal de groove et de dynamisme à l'ensemble, mais les structures quelconques et banales saupoudrées de soli balancés au hasard font que l'album devient très vite indigeste sur la longueur, de même que rapidement lassant, on se demande souvent ce qu'on est en train d'écouter tant rien n'accroche vraiment l'oreille de l'auditeur hagard qui se demande ce qu'il fout là alors qu'il aurait surement mieux à faire de sa vie, ce qui devient également crispant au fur et à mesure que l'album progresse, c'est bien entendu le chant de Mameli, dans le genre lourdingue et pénible, le gars se pose là, franchement, je suis persuadé que n'importe quel type pris au hasard dans la rue rendrait une copie plus propre vocalement, où alors il aurait fallu sortir l'album en version instrumentale.
Pris indépendamment, les titres sont plutôt corrects, mais s'en taper dix d'un coup relève de l'exploit... ou du masochisme, y'a du bon sur pas mal de chansons, la première envoie le pâté, avec une batterie frénétique, Aura Negative a un riff simple et efficace, plutôt thrashy, où encore un Displaced qui a une délicieuse vibe old school rappelant l'âge d'or du groupe, mais l'album contient également son quota de titres pénibles et quelconques, comme Soulrot, Distress, Super conscious ou encore le très bien nommé Saturation, des titres dont seuls les geeks retiendront les solos, une fois de plus, l'album ne fonctionne pas vraiment, Pestilence nous propose un Tech/Death poussif et plutôot banal, aux riffs modernes qui ne vont nulle part, le tout parsemé de soli posés là à l'arrache, la sauce ne prend jamais vraiment, pas vraiment une fusion mais un assemblage d'éléments qui ne s'imbriquent pas franchement ensemble.

Pas grand chose à tirer de ce nouveau Pestilence, même si c'est mieux que Doctrine (c'était pas dur hein...), Obsideo propose une nouvelle redéfinition de l'ennui et de la branlette tech/jazz stérile, c'est chiant, pénible, les structures sont toujours un peu les mêmes, le chant de Mameli est toujours aussi infect, il y a bien quelques bons moments, tout n'est pas à jeter non plus, quelques titres qui dépotent, mais c'est bien peu, je ne peux même pas dire que je sois déçu dans la mesure où je n'attendais pas grand chose, mais le pire dans tout ça, c'est que je n'ai pas le sentiment que ce Pestilence moderne soit en mesure de nous proposer autre chose, Pestilence a perdu la recette il y a vingt ans et ne l'a toujours pas retrouvé, m'est avis qu'après trois albums, ce n'est pas près d'arriver...

Indigeste
Track Listing:
1. Obsideo
2. Soulrot solo qui tombe au milieu de nulle part
3. Transition
4. Necromorph
5. Laniatus
6. Distress
7. Superconcious
8. Aura Negative
9. Saturation
10. Displaced