vendredi 8 novembre 2013

[Chronique] Endstille - Kapitulation 2013

Il y a des groupes qui sont destinés à ne jamais changer ni évoluer vraiment, à toujours faire la même chose, inlassablement, avec une insolente abnégation, Endstille est de ceux-ci, des allemands obsédés par la seconde guerre mondiale pratiquant un Black Metal militariste et ultra violent, quasiment primitif, qui le rapproche bien évidemment d'un Marduk vois d'un 1349, déferlement de violence nihiliste sans vraiment de compromis.
Kapitulation 2013 (ouf, on a évité de peu l'album éponyme avec la date de sortie à la Turisas...) est déjà le huitième album du groupe, un rythme très élevé sachant que le premier album, Operation Wintersturm ne date que de 2002, avec un Endstille qui n'a quasiment pas fait évoluer sa formule, il faut dire que le groupe évoluant dans un genre très spécifique, la marge de manœuvre est forcement très réduite, Endstille est un peu condamné à faire la même chose à chaque sortie, avec une certaine constance, même si le dernier en date, Infektion 1813, et premier album du groupe sans le chanteur originel Iblis, était un poil moins inspiré que les précédents.
Kapitulation 2013 a donc pour mission de relever le niveau, et c'est à peu près réussi, pour simplifier, c'est toujours la même chose, mais cette fois-ci en mieux par rapport à la dernière fois, pour un niveau de qualité qui se rapproche un peu des albums pré-Infektion...

Endstille a un style un peu particulier, un black minimaliste, primitif, raw et froid, dont les riffs seraient volontairement monotones, répétitifs, avec une batterie souvent frénétique et une basse galopante, pour un ensemble bestial et plein de hargne et de haine, Kapitulation 2013 est de ce fait un pur concentré de Endstille, rien de plus, rien de moins, et, c'est toute la différence avec Infektion, une volonté de varier quelque peu sa musique, tout en réussissant à conserver un flot de violence continu.
Peu de surprises, voir même aucune nouveauté, si ce n'est l'ajout d'un second guitariste, B. Killed, ce qui ne change pas grand chose au final au son du groupe, ni au riffing particulier de Lars Wachtfels, même le nouveau chanteur n'est plus nouveau car c'est une fois de plus Zingultus qui tient le micro, vomissant avec une conviction certaine des paroles haineuses toujours aussi influencées par les atrocités de la guerre et la barbarie Nazie, une thématique récurrente chez Endstille; De la même manière, au niveau de la forme, avant même d'écouter l'album, je me doutais bien que la galette tournerait autour des 45 minutes, que le dernier titre s'intitulerait Endstille avec un mot en allemand entre parenthèses, ce qui est le cas sur tous les albums du groupe, ici Endstille (Abschied), et qu'on aurait 50% de chances de trouver un titre du nom de Monotonus, ce qui est le cas ici avec Monotonous 2013 (euh... super original, non?).
Chant dégueulasse et haineux, blast beats destructeurs, et une déferlante de riffs et de tremolo dans la face aussi tranchants que des lames de rasoirs, pas de doute, on est bien chez un Endstille bien décidé à en découdre et à ne jamais changer, la guerre dans tout ce qu'elle a de plus crue et barbare, de l'agression mais également quelques atmosphères, surtout dans la seconde partie de l'album, les chœurs fantomatiques d'un Nostalgia à la structure très simple et aux riffs répétitifs finalement typiques de la nature même d'Endstille, militariste, dont l'agression constante devient acceptable par la répétition et la monotonie, qui rend cette violence atmosphérique, quasiment hypnotique, Stalin Note use de dissonances et de chœurs discrets pour faire monter la sauce, un titre dont la violence se retrouve quelque peu diluée dans un nuage de riffs soutenu par une batterie toujours aussi rageuse, une seconde partie d'album un peu plus mélancolique de la part des allemands, contemplative de l'atrocité de la guerre, et c'est un peu nouveau chez eux, comme ce Spoken word étrangement poignant sur le Endstille (Abschied) final.
Ce n'est pas pour autant qu'Endstille va virer Shoe-gaze, car la sauvagerie est toujours omniprésente chez les allemands, dont le black, malgré les atmosphères, demeure toujours aussi intense et destructeur, Aborted, qui ouvre l'album, est très classique, la structure et simple, minimaliste, le titre est ultra bourrin mais l'incorporation de discrètes mélodies permettent de faire passer la pilule et de lui conférer une personnalité propre, et c'est justement là où Endstille est meilleur que sur le dernier album, en proposant une vraie variété et des titres à la personnalité plus affirmée, les mélodies étaient déjà présentes sur Infektion, mais cette fois-ci bien mieux intégrées à la violence guerrière et sans concession du groupe, The Refined Nation est ultra brutal, direct, on sent toute la haine dans la voix de Zingultus, et dans le genre bourrin, Sick Heil (lol, jeu de mot) est quasiment un titre de Black punk sans concession de moins de deux minutes, in your face et qui arrache, prélude à la bizarrerie du disque, une reprise du Blasphemer de Sodom, avec un guest justement l'ancien guitariste de Sodom, Grave Violator, pour une version testostéronée, ultra brutale et au rythme insensé, très proche de l'originale... qui n'a aucun intérêt, ça bourre tellement que ça en devient un peu pénible, de la même manière, Monotonous 2013 est un peu trop bas-de-plafond, un bombardement constant de blast beats sans vraiment de finesse, par contre, on sourira volontiers avec l'intro de Reich an Jugend et son petit discours en allemand, de même que l'outro où résonnent de délicieux chants plutôt guillerets.

Endstille fait ce qu'il sait faire et joue sur ces forces, comme d'habitude en fin de compte, car le groupe n'a absolument pas pour objectif de révolutionner quoique ce soit, Endstille fait du Endstille, un Black militariste, infect, froid, aux ambiances malsaines malgré l'ultra brutalité de se musique, sans concessions ni compromis, avec une violence frénétique, monotone et hypnotique, mais avec cette fois-ci une variété salvatrice en comparaison de l'album précédent, les mélodies sont toujours présentes, mais sans sacrifier en rien à la violence et à l'intensité du propos.
Bien sûr, malgré tout, ce n'est pas l'album de Black du siècle, ni même le meilleur du groupe à mon sens, mais Endstille retrouve un certain allant dans son style très particulier qui lui est propre, le genre de groupe finalement très fiable, qui fait son truc sans se poser de question, avec surement une certaine maturité en plus, car la violence se fait ici un peu plus subtile qu'à l'ordinaire, Endstille arrive à faire ressentir dans sa musique toute l'essence de ses paroles portant sur les horreurs de la guerre, et ils sont peu à pouvoir réussir cela, un flot de violence ininterrompu qui parvient à développer pas mal d'atmosphères avec un sens certain de la mélodie, mais pas tout le temps, car Endstille à parfois le petit défaut de ne faire que dans le bourrin et ce n'est pas franchement là où il sont le plus intéressant, mais en dehors de quelques titres un peu trop brutaux et peu subtils, Kapitulation 2013 est un très bon cru d'Endstille, et c'est déjà pas mal...

Faites la guerre, pas l'amour!
Track Listing:
1. Aborted
2. The Refined Nation
3. Reich an Jugend
4. Sick Heil
5. Blasphemer (Sodom cover)
6. Monotonous 2013
7. Nostalgia
8. Stalin Note
9. KDF 511
10. Endstille (Abschied)