mercredi 17 avril 2013

[Chronique] Ghost - Infestissumam


Ghost avait frappé un grand coup dans le petit monde du monde du Metal avec la sortie en 2010 de son premier album, Opus Eponymous, devenant le chef de file du mouvement Neo-Vintage (je suis très fier de cette expression qui me permet de classer tous ces nouveaux groupes qui revisitent les classiques du passé, avec plus ou moins de réussite), tous les ingrédients étaient réunis pour que ça cartonne, un excellent disque et un excellent sens de la communication et de la promo, des paroles et un message religieux satanique marrant et malsain, un groupe dont l'identité des membres est inconnue, et qui se produit sur scène masqué, un bon gros buzz, donc, qui a permis au combo suédois d'exploser, de gagner en popularité, et de signer un juteux contrat avec une sous-division d'une grosse major.
Seulement voilà, c'est bien joli tout ce buzz et cette hype, encore fallait-il que ça suive musicalement, malheureusement, Infestissumam, second album de Ghost, est presque entièrement foiré, une véritable chute et une grosse déception après un premier album aussi brillant et prometteur...

Personnellement, j'avais adoré Opus Eponymous, car l'album est extrêmement simple, court, une bonne trentaine de minutes, concis, à mi chemin entre Mercyful Fate et Blue Öyster cult, et surtout diaboliquement efficace, dans le sens où dès la première écoute, chacun des titres s'imprégnait automatiquement dans votre cerveau, une formule parfaite à base de guitares hypnotiques et de refrains ultra catchy, avec en plus de discrètes orchestrations... Tout ça a globalement disparu avec Infestissumam, et franchement ça fait chier, adieu la simplicité, et dites bonjour à une musique ampoulée et boursouflée au possible, où le Metal de Ghost se retrouve noyée sous une masse d'orchestrations et d'arrangements.
Embourgeoisement? folie des grandeurs? peut-être, Ghost a semble-t-il perdu ses couilles en même temps qu'il engrangeait des dollars, j'imagine qu'avec la signature sur une major, le groupe a bénéficié d'un budget conséquent pour l'enregistrement de cet album, et ça s'entend, une véritable débauche d'effets spéciaux recouvre désormais la musique des suédois, des choeurs gothiques over the top, de l'orgue à profusion, des orchestrations à base de sonorités vintage en veux-tu en voilà, Infestissumam est l'album du plus, plus de tout, mais bien évidemment, cela se fait au détriment du songwriting et des accroches, ce qui était la grande force du groupe, d'ailleurs, on ne peux presque plus parler de Metal aujourd'hui, car Ghost remonte encore plus le temps, pour arriver dans les sixties, pour nous proposer du Rock pop acidulé grand-guignolesque satanico-rigolo (sic).
En gros, le groupe a tellement bossé ses ambiances et son message qu'il en a oublié de composer de vraies bonnes chansons.
Infestissumam est donc plus long, en tentant d'être plus épique et plus over-the-top, et malgré tout, ça marche parfois, pas souvent, mais de temps en temps, cette nouvelle approche ressemble à quelque chose de correct, c'est notamment le cas avec Body and blood, qui est une sorte de balade pop rock acidulée typée surf rock, ou encore Year Zero, qui pour le coup se fait plutôt menaçant et emphatique, avec un très bon refrain, on ne peut pas en dire autant du médiocre Idolatrine, qui est juste un très mauvais titre de pop sixties, ou encore de Jigolo Har Megiddo, qui lui est une tentative foirée de rock Psychédelique remplie d'orgue, même si le refrain est vaguement correct.
En ouverture de l'album, Per aspera ad inferi rappelle quelque peu le premier album, tout du moins au début, mais ça se gâte par la suite, tant le groupe semble incapable de trouver une accroche correcte, et l'ensemble tout totalement à plat, et de platitude, il en sera question avec le titre suivant, Secular Haze, aux ambiances de fête forraine déglinguée, qui ne va nulle part pendant cinq trop longues minutes, il a dû être composé à l'arrache quand les gars se sont rendus-compte que leur album manquait de couilles, c'est ça? car le titre semble tellement forcé qu'il en devient vite pénible.
Et en terme de longueur, il faut quand même parler du titre le plus long de la galette, Ghuleh / Zombie Queen, plus de sept minutes, dont presque la moitié ennuyeuse à mourir d'une sorte de balade au piano, autant dire que quand le titre démarre enfin, vous êtes déjà anesthésié, et dans la même vaine, le très pop Monstrance clock clôturant l'album doit être le plus mauvais titre jamais composé par Ghost, le titre tombe complètement à plat et ne propose aucune hausse de tension pour relever la tambouille.
Infestissumam est plat et globalement ennuyeux, un album duquel on ne retient pas grand chose au final, malgré tous les gimmicks du groupe ici poussés à l'extrême, la faute à un manque cruel de passages accrocheurs ou de bons refrains, Ghost propose une sorte de messe pop satanique et naïve sur la plage en plein pendant les sixties, et même son message se retrouve dilué, passant de menaçant à foncièrement ridicule...

Bref, après un excellent premier album, Ghost se prend les pieds dans le tapis et se vautre dans le vin de messe sur la plage avec les beach boys, et on ne va pas se mentir, c'est plutôt moche.
Infestissumam est l'album du plus, ou tout est poussé à l'extrême, et donc l'album du trop, avec un groupe qui se perd totalement dans ses gimmicks et ses effets tape-à-l'oeil, l'ensemble se révèle très mollasson, avec un songwriting de grosse feignasse qui ne se repose plus trop sur ses riffs, d'ailleurs, on a souvent l'impression d'entendre de la basse-batterie noyée d'orgue avec les guitares qui jouent dans le fond, et tout ça manque vraiment de couilles pour être acceptable.
C'est con tout ça, car en gardant ce qui faisait la force du premier album, et en le passant sous le prisme de cette nouvelle approche, Ghost aurait pu réussir son coup (après tout, il y a quand même deux-trois titres qui fonctionnent), peut-être pour le troisième album, qui sait, en tout cas, c'est bien foiré pour cette fois-ci...

Gros ratage...
2 / 5

Tracklist:
1. Infestissumam
2. Per Aspera ad Inferi
3. Secular Haze
4. Jigolo Har Megiddo
5. Ghuleh / Zombie Queen
6. Year Zero
7. Body and Blood
8. Idolatrine
9. Depth of Satan's Eyes
10. Monstrance Clock