dimanche 10 février 2013

[Chronique] Misanthrope - Aenigma Mystica

Vous allez commencer à croire que je vous fais le coup souvent cette année, mais nous allons encore parler d'un groupe que j'ai adoré par le passé avant de laisser tomber l'affaire, souvent à cause d'une orientation musicale qui m'a déplu.
Et ouais, j'ai adoré Misanthrope, par le biais d'une merveilleuse série d'albums à la fin des années 90, Visionnaire, Libertine Humiliations et Misanthrope Immortel, à l'époque, les français pratiquaient un Metal bizarre, sorte de Death avant-gardiste baroque et grandiloquent, qui ne laissait pas indifférent, et très clivant, car il y avait d'un côté les fans de la bande à SAS de L'Argilière, et de l'autre, les gens qui trouvaient ça pourri et ridicule, il faut dire aussi que le style pratiqué et surtout le chant en français très particulier ne pouvait pas plaire à tout le monde.
Bref, pourquoi ai-je laissé tomber? Sadistic Sex Daemon, bien entendu, qui m'avait salement saoulé à l'époque, et l'orientation qu'à pris le groupe par la suite avec le bourrin Metal Hurlant et son Death mélodique sans intérêt, et même si Irremediable redressait quelque peu la barre en 2008, je ne retrouvait plus vraiment ce que j'aimais dans le son du groupe.
Alors voilà, après cinq ans de silence presque total, voilà que débarque le nouvel album, Aenigma Mystica, et on ne va se mentir, on est loin de l'album de l'année, on est même pas loin de retoucher le fond atteint par Sadistic Sex Daemon, même si comme d'habitude avec Misanthrope, tout n'est pas a jeter ici...

Bon, si vous attendiez le retour au Metal baroque tellement grandiloquent et grand-guignolesque qu'il flirte constamment avec le ridicule mais sans jamais franchir la ligne jaune, ce ne sera pas pour cette fois, et je suis même persuadé que ça n'arrivera jamais, et avec Aenigma Mystica, on est donc parti pour plus d'une heure de Melodeath flirtant avec le Thrash pas vraiment inspiré et souvent simpliste, avec cette influence de Dark Tranquillity toujours aussi marqué, d'ailleurs, c'est marrant, quand on regarde la pochette on a l'impression de voir la ligne représentant l'inspiration du groupe, en dents de scie ces dernières, et puis... plus rien, encéphalogramme plat et mort cérébrale?
Allez, j'admets, je suis très dur avec cette comparaison foireuse, car la cuvée Misanthrope 2013 n'est pas totalement pourrie, elle est même plutôt gouleyante de prime abord, le problème, c'est qu'elle est trop banale et souvent quelconque.
Le groupe nous sert donc son Melodeath direct, mais pas autant qu'un Metal Hurlant, d'ailleurs, la production y est surement pour quelque chose, très sèche, presque raw, et bizarrement accessible, ce qui colle bien à la musique pratiquée ici, sans trop de surprises, car dès la première écoute, on a fait le tour, un peu comme une pute qui se fout à poil en quelques secondes et qui se jette sur ta bite pour une nuit de sexe de cinq minutes, sans préliminaires ni jeu de séduction, sans mystère, sans danse langoureuse à la sensualité débridée, ne nous offrant au final qu'un orgasme triste dans un hôtel de passe quelconque.
Misanthrope nous sert une jolie de collection de titre qui s'écoute gentiment, sans génie ni moments inoubliables, entrecoupée de titres salement mauvais, des titres d'ailleurs globalement bien trop long, et qui ont tendance à très vite tourner en rond, concernant le chant, on est ici en territoire connu, avec un SAS de L'argilière nous contant toujours des histoires dans son style caractéristique, qu'on aime ou qu'on déteste.
Du Metaldeath banal donc, avec une flopée de chansons longuettes et pas franchement intéressantes, qui s'écoute assez facilement et que l'on oublie aussitôt, L'Art chorégraphique de la Transe, qui ouvre l'album, Les Ombres de Dante et ses claviers sur le refrain qui font penser à du mauvais Cradle of Filth, (c'est assez récurrent sur l'album, SAS de l'Argilière nous répète le titre de la chanson en guise de refrain, et c'est assez pauvre...), Charmantes Castratrices, Gigantomachie, Nouvelle Parole, des titres qui se laissent écouter, certes, mais qui ne décollent jamais et qui traînent en longueur.
Heureusement, quelques titres sauvent l'honneur, et montrent que Misanthrope peut encore pondre quelques brûlots qui ont la classe, avec Forces Conspiratrices ou Desponsation, sur lesquels on retrouve enfin des claviers emphatiques qui donnent de l'épaisseur à la musique du combo, mais aussi Lycaon (Omophagie Communiante), très nerveux et plein de rage, avec un excellent solo, et le bizarre Suis-je Misandre, qui rappelle le Misanthrope de la grande époque, surtout l'un des seuls longs titres qui tienne véritablement la distance sans tomber dans l'ennui.
De bons titres, mais aussi deux grosses bouses, L'arborescence du Lys, profondément ennuyeux, et surtout cette purge dégueulasse qu'est La Bonté du Roi pour son Peuple, six minutes aussi agréables qu'une fouille rectale au cours desquelles il ne se passera absolument rien...

L'album est globalement assez direct, mais tout ça manque cruellement de classe et d'inspiration, à croire qu'il n'a été composé que pour le live, et pour le coup, un paquet de titres peuvent rentrer dans une setlist, (il faut d'ailleurs noter que même si sur album, ce n'est pas trop ça, Misanthrope reste un excellent groupe en live), malheureusement, tout est ici bien trop simpliste et banal pour faire illusion bien longtemps, l'absence des claviers sur pas mal de titres est très préjudiciable, et même si techniquement, Anthony Scemana est un putain de bon guitariste, les riffs manquent d'imagination et d'impact, même les solos ne sont pas vraiment mémorables, ce qui est fort dommage, m'est avis qu'on a quand même perdu beaucoup avec l'absence d'un second guitariste...
Le bilan de Aenigma Mystica est donc plus que mitigé, et même si on ne peut pas dire que Misanthrope se vautre complètement, l'ensemble se révèle au final fort peu convaincant sur la durée, l'album est trop moyen, trop long, on l'écoute sans retenir grand chose, et on s'y ennui souvent, dommage...

Bien trop moyen et banal...
2.5 / 5