samedi 4 mai 2019

[Chronique] Amon Amarth - Berserker

Je suppose que si vous en êtes à lire une chronique d'un album d'Amon Amarth, c'est que vous êtes très probablement connaisseur de la série Vikings, c'était une série vachement cool au début, c'était bien foutu, c'était épique, mystique, brutale, avec une réelle tension dramatique, une dramaturgie intense très stylisée, et puis au fur et à mesure que la série enquillait des saisons, est venu le temps de l'usure, aujourd'hui, on regarde Vikings par habitude, de manière blasée, peut-être en faisant autre chose à côté, parce que bon, on veut juste savoir où ça va et comment ça va se terminer, il n'y a aujourd'hui pas vraiment d'autres raisons de regarder une nouvelle saison de Vikings, série qui enchaîne les clichés et les trames scénaristiques usées, comme un beau livre d'image d'une machinerie qui tourne à vide et qui se contente de vivre sur une gloire passée, et à partir de là, avec mon allégorie foireuse tu sens arriver à des kilomètres ma comparaison avec la discographie d'Amon Amarth, bah ouais, Amon Amarth a exactement la même trajectoire, en pire, parce que contrairement à Viking qui n'a pas fait encore la saison de trop tout en flirtant avec une relative médiocrité, Amon Amarth a plongé dedans la tête la première, c'est maintenant que ça se passe et ça fait mal au cul à entendre.

Désespérant, il n'y a pas vraiment d'autres mots pour décrire ce qui se passe chez Amon Amarth depuis quelques albums, que les suédois soient devenus au fil des années une sorte de AC/DC du Death mélodique qui sort toujours le même album avec le même gimmick viking passait encore à peu près, parce que la qualité était finalement au rendez-vous, mais le virage Heavy amorcé globalement vers Surtur Rising, c'était un gros non, et ça avait abouti il y a trois ans avec l'horrible Jomsviking qui contenait une chanson à boire putassière à la Korpiklaani qui ne sert qu'à faire une pause pendant le concert où Jean-Kevin peut lever fièrement sa corne en plastique EMP remplie de bière tiède et qui entérinait surtout le plus gros changement, une mutation Heavy où Amon Amarth commençait à devenir une sorte de Grave Digger avec du growl, et ouais, Amon Amarth s'est embourgeoisé et à désormais d'autres objectifs, comme faire du blé et toucher un public le plus large possible, Berserker a été enregistré aux Etats-Unis, produit par le producteur du dernier Stone Sour, et on a un bassiste qui te dit "we're going to try our best to become an arena band", pas besoin d'aller plus loin pour expliquer le désastre que représente cette purge... qui se vendra par palettes entières, on parle d'un disque qui cible en priorité les gros beaufs et c'est bien connu, c'est le beauf qui fait vivre toute la scène Metal.

Aucune émotion, aucune férocité, Berserker, avec sa pochette d'une laideur effroyable, est un pur produit de masse finement manufacturé et marketé pour plaire au plus grand nombre, un disque mollasson, fondamentalement mou de la bite, et qui est gavé de tous les pires clichés vikings, mais ce dernier point n'a pas trop d'importance de toute façon malgré le caractère effroyablement simpliste des paroles, ce qui importe c'est la complète médiocrité de la soupe froide que nous servent les suédois, prenez juste le premier morceau Fafner's Gold, il débute avec le riff le plus cramé de toute la discographie d'Amon Amarth, sérieusement, ce riff revient constamment sur tous leurs albums et ça en devient ridicule, car structurellement c'est pareil, on se bouffe du pilotage automatique sans aucune prise de risque pour le premier titre qui est supposé mettre l'album sur sa rampe de lancement, le néant artistique, du grand rien, qualitativement je ne suis même pas sûr que cette merde aurait passé le cut sur les quatre-cinq premiers albums, où alors comme filler de fin de disque, et là c'est le putain de morceau d'ouverture...
Mais vous n'avez encore rien entendu, car Crack the Sky est véritablement criminel, ce truc est un morceau de Hard rock simpliste avec du growl, c'est juste de n'importe quoi et c'est à en vomir du sang par le cul, d'un point de vue rythmique ce qui se passe ici est dramatique, on est à des années-lumière du sentiment de puissance que dégageait Fredrik Andersson, le nouveau batteur Jocke Wallgren va délivrer une prestation complètement anonyme et rien de ce qu'il fait ne va attirer l'attention, ce qui me direz-vous est plutôt raccord avec le niveau de qualité des morceaux de l'album, le troisième titre sera choquant, mais vraiment choquant, car je suis absolument abasourdi d'apprendre qu'en plus de vingt ans de carrière, jamais jusqu'à présent Amon Amarth n'avait sorti un morceau intitulé Mjolner, Hammer of Thor vu le caractère générique de ce titre, en dehors de ça, bah c'est d'la merde hein, ça sort l'attirail Heavy Metal avec sa mélodie intégralement pompée sur du Iron Maiden.

Le reste est un invraisemblable amoncellement de clichés et de lieux communs, avec Shield Wall, c'est le moment de la chanson guerrière débile taillée pour la scène avec sa rythmique martiale simpliste pour que les warriors en culottes courtes lèvent leurs petis poings en l'air en gueulant des Vikings! Raise the shield wall! Hold the front line! Fight till death! comme des mongoles, ne me traitez pas de cynique, vous savez comme moi que ce morceau a été intégralement composé avec cette idée en tête, on parle d'un produit de consommation courante hein, rien n'est laissé au hasard, Valkyria sera donc le passage mélancolique obligé, parce que le viking est un gros dur au cœur tendre, on pousse un peu une dramaturgie factice avec, attention gigantesque cliché de merde, la fin au piano larmoyant, pitoyable et crapoteux, el reste de l'album passera fatalement inaperçu, du très mauvais Death mélodique facile vite-torché et souvent trop mou où se retrouvent inséré tout un tas de leads typiquement Heavy Metal, parce que le gros beauf il aime les vikings et Iron Maiden, Amon Amarth joue donc ça carte pour l'attirer en jouant ces deux cartes-là, le seul morceau qui serait éventuellement à sauver de ce cauchemar auditif serait peut-être Raven's Flight, c'est un morceau qu'on a déjà écouté plein de fois, entendons-nous bien là-dessus, mais il faut avouer que ça fonctionne toujours aussi bien, le fait qu'il soit perdu au beau milieu de l'album ne fait qu'entériner la direction qu'à prise Amon Amarth avec Berserker, celle de l'accessibilité et de la conquête du grand public, le drakkar vogue fièrement vers sa montagne de pognon, et il n'y aura même pas besoin de combattre et de piller, il suffisait de leur refourguer de la soupe froide à base de Heavy/Hard Rock aux racines Melodeath qui se contente d'enchaîner tous les pires clichés vikings parce que c'est à la mode et que ça fait vendre.

Bref, Berserker est tout simplement une grosse merde qui tâche, c'est mou, c'est prévisible à mort, le moins mauvais du disque n'est que du recyclage et de l'auto-parodie lamentable, et quand Amon Amarth touche le fond, c'est d'une tristesse insondable avec son Death mélodique médiocre embourbé dans du Heavy piqué chez Maiden et du Hard rock grand-public.
Même sur les derniers albums qui n'étaient pas géniaux, loin de là, il y avait toujours quelques morceaux qui pouvaient entrer dans la setlist sans faire pâle figure aux côtés des vrais classiques qu'ont pu pondre les suédois sur leurs premiers albums, ici il n'y a rien à sauver, que dalle, c'est le vide, Berserker est une collection de titres désespérants et plutôt honteux, c'est tellement de la merde que ça va être un carton mondial, comme d'habitude avec ce genre d'entreprise et d'orientation, plus c'est mauvais et plus ça marche, Amon Amarth est donc sur la voie du succès.
Track Listing:
1. Fafner's Gold  05:00
2. Crack the Sky  03:49
3. Mjolner, Hammer of Thor  04:42
4. Shield Wall  03:46
5. Valkyria  04:43
6. Raven's Flight  05:20
7. Ironside  04:30
8. The Berserker at Stamford Bridge  05:13
9. When Once Again We Can Set Our Sails  04:24
10. Skoll and Hati  04:27
11. Wings of Eagles  04:03
12. Into the Dark  06:48